Les dernières pluies diluviennes qui se sont abattues sur Béjaïa ont provoqué des inondations et des dégâts à certains endroits de l’arrière-pays de la vallée de la Soummam.
En effet, avant-hier, alors qu’il pleuvait des cordes, les différents tronçons routiers de cette région charnière ont été carrément inondés, à l’exemple de la RN26 au niveau de la ville d’Akbou, le village Amirouche (Ex-Riquet), Allaghane et Tazmalt. Au village Amirouche, des automobilistes témoignent que les torrents pluviaux ont carrément envahi la RN26 en l’inondant de bout en bout.
À certains endroits, le niveau des eaux a atteint les 50 centimètres, atteste-t-on, rendant ainsi la circulation automobile très difficile et même périlleuse. Les larges caniveaux qui longent la RN26 au niveau de cette bourgade n’ont été d’aucun secours, puisqu’ils étaient carrément sous les eaux boueuses.
À Allaghane, situé à 5 km du chef-lieu de Tazmalt, les eaux pluviales ont submergé également la chaussée, la RN26 et la RN106 perturbant carrément la circulation automobile. Ce village, fondé sur une vaste plaine, se trouve à chaque forte intempérie en proie aux inondations et à l’envasement.
La ville de Tazmalt n’a pas échappé non plus à la furie des eaux de pluie, puisque des inondations ont été enregistrées à l’entrée et à la sortie de la ville en empruntant la RN26 avec la submersion de plusieurs endroits qui subissent cet état de fait à chaque intempérie.
Avant-hier, le courant électrique a été interrompu dans cette agglomération pendant plusieurs heures à cause de la pluie diluvienne. Par ailleurs, les différentes rivières qui coulent dans cette région de l’arrière-pays de la vallée de la Soummam ont enregistré des crues exceptionnelles et rares à la fois, comme il a été le cas pour Assif Aâbbas, l’un des affluents de l’oued Soummam, où les eaux en furie ont carrément inondé des terres agricoles causant des dégâts incommensurables aux récoltes, indiquent des sources locales.
Effectivement, c’est le cas de la localité d’Ichoukar, située dans la commune d’Aït R’zine, à la lisière d’Assif Aâbbas. Cette bourgade connue pour ses fermes a été submergée par les flots de cette rivière, lesquels ont inondé des terres agricoles détruisant les récoltes, des maraîchages notamment, et submergeant des centaines d’arbres fruitiers et des serres.
Il y a même des poulaillers qui ont été envahis par les eaux de la crue laissant les aviculteurs dans le désarroi. Même topo dans la localité de Boudjellil, où le même cours d’eau a inondé, dans sa sortie de lit, des oliveraies qui sont situées à la lisière. Les propriétaires sont toujours dans l’incapacité de lutter contre les défluviations de cette rivière, qui a enregistré cette fois-ci une crue exceptionnelle.
À Ath Mellikèche, c’est plutôt Assif Ouguentour qui a vu le niveau de ses eaux augmenter de façon fulgurante. Les flots « grondant » ont emporté des lambeaux de certains chemins qui communiquent avec des hameaux, laissant les habitants isolés du reste du monde. Des engins s’affairaient, avant-hier, à dévier les eaux de ce cours d’eau qui dévale des hauteurs d’Ath Mellikèche pour finir sa course en aval, à Assif Aâbbas dans les environs de Tazmalt.
La RN12 inondée à Ibachiren
Bien que des travaux y aient été réalisés, ces derniers jours, par l’entreprise des travaux routiers de Béjaïa, le tronçon de la route nationale n°12 traversant la localité d’Ibachiren, dans la commune d’Oued Ghir, demeure inondable. Ce fut le cas avant-hier et hier.
La pluie diluvienne qui s’est abattue sur la région a été à l’origine de l’inondation de beaucoup d’axes routiers, notamment de la RN12 au niveau d’Ibachiren et du sens unique d’El-Kseur et la RN26 aux environs de Sidi Aïch, où l’Oued Bouhadj, prenant naissance de la commune d’El-Flay, est sorti de son lit pour inonder la chaussée.
À Oued Ghir, à un moment donné, il fallait se munir d’une barque pour pouvoir traverser Ibachiren. Mais alors à quoi ont servi les travaux d’évacuation des eaux pluviales qui ont, faut-il le rappeler, été une contrainte aux automobilistes empruntant cet axe routier.
En effet, la lenteur dans leur réalisation a constitué un point noir de la circulation automobile à cet endroit. Plusieurs conducteurs ont appelé la radio locale, qui programme chaque matin une émission spéciale à la situation des routes, pour faire part des désagréments causés par ce chantier. Et pourtant, ces travaux ont été vains car il n’y a eu aucune amélioration.
Les travaux ont consisté au creusement de tranchées au niveau de cet axe routier pour y installer des buses de grande dimension, afin de permettre aux eaux pluviales d’y transiter et de ne pas stagner au niveau de la partie supérieure et se déverser, à chaque averse importante, sur la route et l’inonder conséquemment. Malgré cela, l’axe routier en question a été inondé durant presque toute la journée.
L’angoisse d’une épaisse neige à Aït Smaïl
Pour la deuxième fois depuis le début de l’hiver, la neige a recouvert la majeure partie du territoire de la commune d’Aït Smaïl et des localités avoisinantes appartenant aux communes de Tizi N’Berber et de Taskriout. La beauté du paysage qu’offrent les deux majestueuses montagnes qui dominent la région, en l’occurrence Adrar N’Takoucht et Adrar N’Fad, ne masque pas l’angoisse des populations.
La totalité des localités de cette commune sont nichées à plus de 600 mètres d’altitude. Depuis jeudi dernier, une importante quantité de neige s’est abattue sur la région, ce qui a occasionné la fermeture momentanée de plusieurs chemins communaux ainsi que le chemin de wilaya N°6 reliant Aït Smaïl à Taskriout et Bouandas. De peur de mettre en danger les écoliers et collégiens, plusieurs établissements ont préféré renvoyer les élèves dès le matin.
Les transporteurs ne se sont pas risqués à rallier Bordj-Mira de peur d’être coincés en cours de route, ce qui a découragé beaucoup de citoyens de se déplacer. Parallèlement, l’opération de déneigement a été déclenchée dès le début de l’enneigement et pour cela, beaucoup de particuliers ont mis leurs engins à la disposition de l’APC car les chasse-neiges n’existent toujours pas dans toute la région Est de Béjaïa.
La priorité fut donnée au dégagement du principal axe routier qui dessert cette agglomération, à savoir le CW6, alors que pour les autres localités, les citoyens sont, comme d’habitude, restés cloîtrés chez eux et ont pris leur mal en patience en attendant l’accalmie et la fonte de la neige. La principale inquiétude qui hante la majeure partie des habitants d’Aït Smaïl et de ses environs demeure la difficulté de s’approvisionner en denrées de première nécessité et surtout la pénurie du gaz butane au cas où les conditions climatiques continueraient à se dégrader.
Le gaz butane et le gasoil restent les deux principaux moyens de chauffage, car le bois ne cesse de s’amenuiser puisque beaucoup de forêts pourvoyeuses de bois ont presque disparu du paysage. L’inexistence d’un établissement hospitalier capable de prendre en charge les situations d’urgence est aussi un problème majeur pour cette commune de plus de 15 000 âmes, dont les habitants s’interrogent comment se débrouiller pour évacuer un malade jusqu’à l’hôpital de Kherrata (à plus de 15 km) quand la circulation automobile devient impossible ?
L’unique satisfaction demeure la diminution des coupures électriques comparativement aux années précédentes, une aubaine pour une population qui compte beaucoup sur cette énergie pour se chauffer en attendant le projet du gaz naturel qui piétine. Selon les prévisions météorologiques, les chutes de neige resteront d’actualité tout au long de la semaine prochaine.
Cellule d’urgence à Kherrata
Un important dispositif d’interventions composé de moyens humains et matériels a été mi en place dès la journée du mercredi par la cellule opérationnelle communale de Kherrata, pour parer à toute éventualité pouvant être engendrée par les chutes de neige qui se sont abattues sur la région.
En effet, ce module composé de la daïra, APC, TP, Protection civile, Sonelgaz et autres administrations concernées ainsi que les service de sécurité a, tôt dans la matinée d’avant-hier, mis en œuvre son plan d’intervention en dépêchant à travers le réseau routier (RN9 – CW – CC) desservant les différentes localités, dont les chutes de neige ont provoqué non seulement des perturbations de la circulation routière, mais leur isolement qui a été d’ailleurs de courtes durées dans la mesures où les équipes d’intervention ont été aussitôt dépêchées sur les lieux par la mobilisation de près d’une dizaine d’engins de travaux publics tant étatiques que privés.
Les seules répercussions négatives enregistrées par ces conditions météorologiques à travers le territoire de la commune sont notamment les fermetures de plusieurs établissements scolaires pendant cette journée en raison des accès rendus difficiles tant au niveau du centre de la ville que ceux situés dans les zones rurales, ainsi que des coupures de courant dues à la chute d’un câble électrique près du lycée mixte «Soumani» sis à la cité Bel-air, qui a été rapidement réparé après l’intervention des agents de la Sonelgaz.
Ces conditions climatiques ainsi enregistrées ces derniers temps ont permis au barrage d’Ighil Emda de faire le «plein», dont l’eau ainsi stockée constatée en ce mois de janvier 2019 a atteint pour la première fois son plus haut niveau depuis des décennies. À préciser que ce barrage, situé à 2 km au Sud de la ville de Kherrata, est mis en service au mois de septembre 1953, d’une capacité de 155 000 000 m3, destiné à la production de l’énergie électrique.
A. G., Syphax Y., S Zidane et Sami D.

