Le groupe Djurdjura a été créé en 1979 par une jeune artiste engagée dans l’art et le combat pour la sauvegarde du patrimoine kabyle, en particulier, et amazigh, en général, en compagnie de deux de ses soeurs. De ce fait, Djouhra Abouda, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, a donné au groupe le nom des montagnes de sa Kabylie natale, Djurdjura. Un groupe qu’elle a créé en compagnie de deux de ses soeurs, Malha et Fatima.
Djurdjura, au-delà de son caractère féminin, aura réussi à renforcer la tendance qui prévalait en ces temps dans la chanson kabyle. En effet, durant cette décade, plusieurs groupes mythiques ont réussi à hisser la chanson kabyle à la scène internationale et surtout anglosaxone. A la naissance du groupe Djurdjura, la chanson kabyle se voyait ainsi enrichie d’un autre patrimoine mais pas seulement.
Avec l’artiste Djura, la femme kabyle allait retrouver son lustre d’antan, en s’investissant dans l’émancipation personnelle et surtout en brisant des tabous qui empêchaient sa libération. C’est en fait par cette caractéristique que le groupe se distingue des autres. Sans conteste, à travers Djurdjura, la femme kabyle allait conquérir de nouveaux espaces et voir de nouveaux horizons. Ce groupe a agrandi l’espace féminin dans l’art mais aussi dans l’émancipation personnelle. Par ailleurs, en cette période de transition sociologique, la Kabylie, en particulier, et l’Algérie, en général, ont besoin de groupes comme Djurdjura. En effet, la période que nous vivons, transitoire à tous points de vue, appelle à l’existence d’entités qui peuvent porter le combat vers les limites du possible et pourquoi pas plus loin. Dans ce sens, Djurdjura manque à notre époque.
Pour revenir à l’histoire du groupe, avec leur premier enregistrement, en 1979, les soeurs Abouda allaient inéluctablement marquer leur époque. Des voix qui sortaient des anciens siècles allaient projeter le patrimoine kabyle vers de nouveaux horizons. Mêlant chants anciens tirés du patrimoine ancestral et musique moderne, Djurdjura a vite fait de s’imposer sur la scène artistique. Mais il n’a duré que 7 années. Il se dissout en 1986, laissant derrière lui, Djura, qui a poursuivi son chemin et qui continue jusqu’à nos jours d’éclairer l’univers par ses oeuvres plus diverses que jamais. De la musique, elle passe à l’écrit avec un chef-d’oeuvre “Le voile du silence” qui se vend à 200 000 exmplaire. En France, ou elle est établit, elle a été honorée et décorée par la Légion d’honneur pour la promotion de l’égalité des chances.
Akli N