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Les cabinets de praticiens privés se font de plus en plus rares : La médecine générale en déclin à Tizi-Ouzou

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La pratique de la médecine générale tend à fléchir en Algérie. Le peu d’intérêt qu’accorde le patient au médecin généraliste met ce dernier dans l’isolement socioprofessionnel.

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À Tizi-Ouzou, comme dans l’ensemble de la Kabylie, le fléchissement du nombre de médecins généralistes privés témoigne de la tendance résiduelle de la profession. Bien qu’ils soient plus nombreux dans le secteur publique, eu égard aux services non négligeables qu’ils rendent à la santé du malade, les médecins généralistes ne sont plus logés dans la même enseigne que les spécialistes. Ils sont, d’ailleurs, moins nombreux dans le privé et la tendance actuelle n’augure rien de prodigieux pour la profession dans les années à venir. Nombre d’entre eux sont en passe de partir à la retraite, alors que la relève n’est pas si bien assurée. Dans le secteur public, le médecin généraliste vit l’isolement socioprofessionnel, en raison de la domination de l’intérêt à la spécialisation qui constitue, depuis 2004, la pierre angulaire de la réforme hospitalière. Cela a rendu le rôle du médecin généraliste moins important que celui du spécialiste. «Nous ne sommes plus considérés comme par le passé. Si le système de santé algérien, devant mettre en valeur le rôle que joue le médecin généraliste dans la hiérarchisation de la pratique médicale, a contribué à notre déchéance professionnelle, le citoyen, qui sollicite les services de la médecine publique, nous voit d’un œil indifférents et n’hésite pas à nous interdire de pratiquer l’acte médical sur lui, car, préférant d’être ausculté par un spécialiste», témoigne le Dr Saïd Hassaïne, médecin urgentiste au CHU de Tizi-Ouzou. Ce médecin de 50 ans, cumulant une vingtaine d’années d’expérience en médecine, regrette que le généraliste ne soit plus considéré comme avant : «La mentalité de la population a changé à notre égard. Je me rappelle du respect profond dont nous jouissions par le passé notamment auprès des personnes âgées et des villageois, car nous offrions non seulement des services liés à la médecine, mais aussi de la chaleur humaine et des assurances aux malades. Ce n’est hélas plus le cas maintenant». Se situant aux premières loges hiérarchiques de la pratique médicale, le médecin généraliste, qu’il soit dans le public ou dans le privé a le sentiment de ne plus jouer son rôle. «La culture du malade, qui préfère aller directement se faire ausculter par un spécialiste pour des raisons d’efficacité est un argument qui ne tient pas la route, car cela se fait pour des raisons évidentes liées aux dépenses. La sécurité sociale algérienne, qui rembourse au même prix les frais du médecin généraliste et celles du spécialiste, a fait que le citoyen se dirige directement vers ce dernier. Ce comportement lui permet d’économiser les honoraires qu’il devrait payer au généraliste, étant sûr d’être rediriger vers le spécialiste», analyse encore le Dr Hassaïne, au sujet du déclin du nombre de ses confrères dans le privé. Les chiffres, que nous avons obtenus auprès de la direction de la santé de Tizi-Ouzou, témoignent, en effet, du déclin du nombre de «cabinards» en médecine générale. Ainsi, ils ne sont que 277 cabinets de médecine générale en activité selon les statistiques de 2013, contre 271 de médecine spécialisée. Ces derniers ont, d’ailleurs, tendance à grossir leur effectif dans une wilaya parmi les plus médicalisées d’Algérie. Certes, cette tendance est tout à fait à l’opposé dans le secteur public, qui totalise lui, 748 praticiens en médecine générale, contre 372 spécialistes. «Si le nombre de médecins généralistes est supérieur à celui des spécialistes dans le public, c’est en raison de la multiplication des infrastructures de santé de proximité notamment des dispensaires et polycliniques, qui emploient ces professionnels», explique le Dr Saïd Hassaïne. «Néanmoins, il reste encore plus difficile d’être recruté dans le secteur public en sortant de l’université avec le diplôme de médecin généraliste que pour celui de médecin spécialiste», regrette le doyen de la faculté de médecine de Tizi-Ouzou, le Pr Hocine Aït-Ali. Et il n’y a qu’à se rendre compte du nombre de médecins généralistes qui sortent de l’université qui tend à baisser lui aussi, puisqu’ils ne sont que 228 étudiants à s’être contentés du diplôme de médecin généraliste, en 2013, contre 287 en 2011.

M.A.T

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