En hommage aux victimes du Printemps noir

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Désormais, les vendredis se succèdent et se ressemblent en Kabylie, à l’image des autres régions du pays, et la contestation ne semble pas perdre de sa verve.

Hier encore, à travers différentes contrées et chefs-lieux de Kabylie, la population a été au rendez-vous hebdomadaire pour réaffirmer son exigence de changer le système dans le pays, avec cette touche particulière qui a marqué les manifestations en Kabylie, où un hommage appuyé a été rendu aux martyrs du printemps noir.

Le 14 juin oblige, les manifestants, toujours en famille, n’ont pas manqué, en effet, à l’occasion de re-convoquer les anciens slogans propres à cette tragédie qui, pour rappel, a vu l’assassinat de pas moins de 126 révoltés.

À Tizi-Ouzou, les drapeaux, pancartes noires et autres portraits des victimes ont donc refait surface pour faire du contraste à ce cliché habituellement plus coloré avec les emblèmes national et berbère côtoyant les éclatantes robes kabyles. Du départ de la manifestation, à hauteur du portail du campus Hasnaoua de l’université de Tizi-Ouzou, jusqu’à son point de chute, du côté de la place de l’ancienne gare routière, le ton était hier encore à la consternation et à la colère.

Le passé s’est mêlé au présent dans la même ambiance de révolte qui appelle toujours à un changement démocratique. «Gloire aux martyrs», «Jugez les assassins», «Printemps 2001 – printemps 2019, même révolte, système dégage», «14 juin 2001 – 14 juin 2019, le temps change, le combat continue», «Ulc Smah Ulac»,… sont entre autres les «écriteaux» portés sur des banderoles ou des cartons de fortune portés à bout de bras. Des scènes parfois très émouvantes et touchantes on eu lieu, à l’exemple de ce couple de vieux, donnant l’air comme toujours abasourdi, roulé dans deux drapeaux algériens et avançant le regard hagard, en portant le portrait de leur enfant tué durant les événements tragiques du Printemps noir. A leur hauteur, la manifestation perd de son bruit. Tout le contraire, juste à quelques mètres autour d’eux, en avant comme à l’arrière de la procession, imposante encore cette fois, les contestataires se font très bruyants.

Les symboles du système auront eux aussi pris pour leur grade. 14 juin ou pas, les «Bensalah dégage !», «Bouchareb dégage !», «Bedoui dégage !» n’ont pas été oubliés non plus. Tout comme Gaïd Salah à qui bien des messages ont été adressés. «Pour une République démocratique», «primauté du civil sur le militaire», «non à une justice aux ordres», «rendez la souveraineté au peuple»…

A noter que la manifestation s’est déroulée sans le moindre incident, malgré un encadrement peu habituel des services de sécurité qui se sont montré présents, particulièrement du côté du carrefour dit «du 20 avril», en contrebas de l’entrée du campus Hasnaoua, où plusieurs fourgons de police étaient stationnés avant le début de la marche.

Aux alentours de 16 heures, les manifestants se sont progressivement dispersés dans le calme.

Amar A.

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