Le FLN sort ses griffes

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1er parti à Tizi Ouzo

Réduit pendant toute cette période à Tizi Ouzou à une expression politique circonscrite exclusivement à l’intérieur de la structure de la mouhafadha de Tizi ouzou, que dirigeait M. Arbouche depuis 15 ans. La relation du parti avec la société civile, caractérisée par un gel et une rupture, n’avait pas fait sentir le besoin de renouvellement du personnel politique du parti localement. La seule relation restée animée en permanence par les dirigeants locaux, était celle entretenue avec la direction nationale. Le FLN à Tizi Ouzou était un parti présent-absent, les évènements que la région a connu depuis 1980 ont tétanisé le FLN, pris à tort ou à raison comme responsable direct ou indirect. En ce sens que le FLN se suffit de seulement de ses forces organiques bien précises pour s’assurer une survie politique, face à l’indexation permanente dont il fut l’objet.Les populations de Kabylie font une lecture très étoffée de ce qu’est le FLN. Ils ne se départent pas pour autant de son rôle joué dans la libération du pays, mais à la fois, il est pris comme parti du pouvoir et au pouvoir, contre lequel des griefs sont retenus, qui sont d’ordre politique essentiellement. Le déni identitaire et la privation d’expression politiquement libre et plurielle, a fait du FLN en Kabylie un parti pestiféré pendant longtemps, alors que la région vivait des effervescences et des répressions.Tant bien que mal, le FLN est doté de relais traditionnels tels que les fils de chahid, les moudjahidine, les paysans et une importante frange du personnel administratif, qui lui restent fidèles.Un fait très marquant dans la région, c’est que cette dernière, depuis l’ouverture politique, est à la limite d’un squat politique par les partis issus de la région.Le FLN, ou tout autre parti, existait en appareil et juste la figuration était son droit. Les récents évènements enregistrés dans la région, où les représentations politiques locales ont subi un net recul, ont permis à d’autres voies politiques de s’afficher, comme aussi les nouvelles conditions de la cartographie nouvelle au construction autorise un retour graduel des partis tels le FLN. Il faut rappeler que le FLN a toujours pris part, quelles que soient les conditions qui prévalent, à tous les scrutins organisés. Aux élections locales de 1997, qui ont vu plus de 7 partis et indépendants entrer en lice, le FLN a récolté sur 249 698 votants un total de 22 339 voix représentant 40 sièges sur 579, soit un taux de 7,80%, cela concernant les APC. Pour l’APW, le FLN n’a eu que 3 sièges sur 43, avec 20 050 voix, soit un taux de 7,02%. Les élections législatives de 2002, boycottées par la région, où le taux de participation était des plus faibles depuis l’indépendance, ne dépassant guère 1,76%, le FLN a raflé 9 sièges pour l’APW sur un total de 14 pour la wilaya de Tizi Ouzou, ce qui représente 5022 voix avec un taux de 57,53%. Le FLN, aux locales de 2002, n’a eu que 9078 voix avec 85 sièges dont le taux est de 29,20%, et pour l’APW plus de 7200 voix ont voté FLN pour lui attribuer 13 sièges dont le taux avoisine les 24%. Le FLN paraît, à travers ces chiffres être le parti qui exploite toutes les aubaines aux fins de rebondir, s’evertuer à marquer toujours de sa présence dans l’échequier politique local.Bien que depuis plus de deux ans, le FLN soit traversé par une crise qui allait l’éliminer définitivement du microcosme politique de la région, des tiraillements sans pitié ont été enregistrés entre deux courants porteurs de visions différentes. Le FLN de Tizi avant l’élection de 2004 a roulé aux antipodes de la destinée réservée au parti : dans leur écrasante majorité ses militants étaient hostiles au président de la République, Abdelaziz Bouteflika. La participation au 8e congrès du FLN de la mouhafadha de Tizi Ouzou était loin d’être dans le sens de faire du FLN, un parti à la faveur du programme du président de la République. Bien au contraire, tous ont presque roulé au profit de celui qui a lâché le président, pour finir par être son concurrent aux présidentielles du 8 avril 2004. La donne du 8 avril a substantiellement inversé le rapport de forces politiques localement au profit des redresseurs et du président Bouteflika. Depuis, des remous sont intervenus pour pousser à la voie de garage d’abord le mouhafadh et son équipe et placer un intérimaire en attendant l’élection d’un permanent d’ici à la fin décembre. C’est dans toute cette ambiance que se sont préparées les joutes prochaines de novembre à la maison FLN à Tizi Ouzou. Présent dans les 67 communes pour cette compétition, et destitué de 5 communes qui étaient aux couleurs du FLN depuis octobre 2002, le parti de Belkhadem a mis les bouchées doubles et est déterminé à s’affirmer davantage dans le pouvoir local.8 importantes APC sont ciblées par le FLN, il s’agit de Tizi Ouzou dont la tête de liste est Kasdi Kamel, Draâ Ben Khedda que pilote Tafer Benyoucef,Ouarab Amokrane pour Aïn El Hammam, Belhadj Ahmed pour Boghni, Saïdi Ali à Larbaâ Nath Irathen, Kahlouche Mahmoud à Draâ El Mizan, Medjebar Amar et Sini Amar, respectivement pour les APC de Tigzirt et Azeffoun.Ces communes qui sont économiquement fiables et importantes, sont courisées à chaque échéance électorale, le FLN tente, à sa façon et avec ses moyens de s’y imposer et espérer de les remporter. La liste APW dont la tête de liste n’est autre que Slimane Kerrouche, ex-élu à l’APW et démissionnaire pour encourager le dialogie pouvoir-Archs, se déploie avec sa liste et entend surprendre.Déjà, le FLN à Tizi Ouzou a organisé un conclave à la mouhafadha avec l’ensemble des têtes de liste APC et celui de l’APW, en présence des membres de la direction nationale, afin d’arrêter une stratégie de campagne. On donne pour la journée du 03 novembre, date de lancement de la campagne, la présence de tout le staff du FLN et des ministres en poste. Il est probable pour le parti de Belkhadem de faire sa première activité publique à partir d’Ighil Imoula, village où fut proclamée la déclaration du 1er-Novembre. De plus, un programme socioéconomique est en passe d’être ficelé et servira pour la campagne, il s’articule essentiellement sur le développement local et présenté comme feuille de route aux futurs élus. Le FLN nourrit un grand espoir à travers ce retour, mais rien n’est sûr de s’imposer à tous les niveaux, car et de toute évidence, tous les indicateurs parlent seulement de majorités relatives, ce qui forcera inévitablement des alliances. La majorité absolue, à des exceptions près, s’obtiendra par rapprochement entre différents acteurs, le FLN, le RND, le HMS, le PT et Indépendants pour s’assurer pleine victoire le jour “J”.

Khaled Zahem

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