Le wali hors de lui !

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D'innombrables chantiers à travers le chef-lieu de la wilaya sont soit en retard, soit carrément à l'arrêt.

Cet état de fait exaspère au plus haut point les citoyens qui n’hésitent pas à pointer du doigt l’immobilisme des entreprises réalisatrices et par effet de ricochet le premier magistrat de la wilaya. C’est dans le but de redynamiser certains projets qui sont en latence, que le wali de Bouira, M. Nacer Maaskri, a effectué hier, une sortie au niveau de la ville de Bouira, en compagnie des différents directeurs de l’exécutif et autres responsables. Le premier point inspecté était le projet du futur siège de la wilaya. Ce chantier connaît un retard significatif. Il a été lancé au mois de novembre 2012, pour des délais de réalisation ne devant pas excéder les 22 mois. À 6 mois de cette échéance, les travaux avancent à pas de tortue ! À peine 27% du projet sont achevés! Ceci n’a pas manqué d’agacer au plus haut point le premier responsable de la wilaya. « Vous êtes très en retard sur ce chantier ! Vous devez, dès à présent, redoubler la cadences des travaux », lancera-t-il. Le directeur de l’aménagement local (DAL) tentera de s’expliquer sur les raisons de ce retard, mais en vain. « Je ne veux aucune excuse! Je constate de mes propres yeux que le chantier n’avance pas », lui a-t-il asséné. Même topo du côté du chantier de la future annexe de l’institut des beaux arts. Le projet est quasiment à l’arrêt, ou du moins il fait du surplace. Lancé au mois de septembre 2013, pour une durée initiale de 14 mois, cette annexe n’a même pas atteint les 20% du taux d’avancement réel ! L’entreprise réalisatrice a été mise en cause par le wali.  » Je vous le dis. En vérité vous êtes défaillants ! Où sont les ouvriers ? Où sont les engins? Votre chantier est au point mort ! Faites votre travail, sinon vous assumerez les conséquences ! », tonnera le wali. Décidément, la visite d’hier était placée sous le signe du piétinement! En effet, le projet d’une école de formation paramédicale, qui a été lancé au début de l’année 2013, enregistre un taux d’avancement « ridicule ». Il a atteint péniblement les 30%. Le wali n’a pas manqué de le faire savoir au chef du projet. « C’est inacceptable ! À ce rythme, cette école ne verra jamais le jour ! Vous évoquez les intempéries pour justifier votre retard ! Eh bien, profitez des beaux jours pour rattraper les retard et combler vos défaillances ! », dira Maaskri, d’un ton agacé. À titre indicatif, le coût global de cet important projet est estimé à 800 millions DA, ont fait savoir les responsables du secteur, tout en précisant qu’il s’agit « d’une infrastructure qui contribuera largement à la formation de cadres paramédicaux et qui aidera à combler le déficit en la matière ». D’une capacité de 300 places pédagogiques, l’école sera réalisée au chef-lieu de la wilaya et verra son achèvement vers la fin de l’année. Mais cette échéance risque fort d’être compromise.

« Mais bon Dieu, qu’est-ce que vous faites ?! »

Au milieu de sa visite, le premier magistrat de Bouira ne retiendra pas sa colère. « Mais bon Dieu ! Qu’est ce que vous faites ? Que vais-je faire avec vous ? », s’exclamera-t-il à l’égard du chef du projet de l’annexe de la bibliothèque nationale. Il faut dire que ce chantier bat tous les records en matière de retard! Lancée en 2009, cette bibliothèque a accumulé tous les piétinements et autres retards. « Je vous donne jusqu’au 20 août prochain pour l’achever ! Dans le cas contraire, vous devriez assumer vos responsabilités ». Dans la foulée, le wali a inspecté ce qu’il a qualifiée de « honte et de risée » de la ville de Bouira, à savoir le projet de théâtre de verdure de Bouira. Il est vrai que la désormais ex-entreprise réalisatrice, à savoir Batigec, qui a été rachetée par le groupe Condor au mois de mars dernier, n’est pas étrangère à cette situation. Elle a fait preuve d’un amateurisme et manque de clairvoyance plus que criard dans ce projet. Hier, le nouveau directeur, ainsi que le nouveau BET ont assumé l’actif et surtout le passif de ce qui s’assimile à un fiasco. « Je ne veux rien savoir ! Vos explications, je veux les voir sur le terrain ! Votre projet est la honte et la risée de notre ville ! De plus, je vous le dis en toute franchise, votre chantier ressemble à une petite entreprise familiale. Où sont vos effectifs ? Je ne les vois pas ! », fera remarquer le wali. Par la suite, le nouveau directeur de l’ex-BATIGEC tentera de « noyer le poisson », en tentant d’expliquer les raisons des retards, mais sans grande réussite. « Je vous arrête tout de suite ! N’essayez pas de m’embobiner. Vous avez un retard plus qu’édifiaient ! Faites votre job convenablement, ensuite on en reparlera ». Au terme de cette visite, on peut dire que le wali, qui est d’habitude plutôt calme, a, cette fois-ci, perdu son sang froid, face à tant de retards. Il reste à espérer que ces remontrances vont porter leurs fruits.

Ramdane Bourahla

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