Peine capitale pour l’assassin du bijoutier

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L’affaire qui est d’une «monstruosité incomparable» a suscité, pour rappel, émoi et consternation dans la ville des Genêts, puisqu’elle s’est déroulée en plein jour, un certain 31 décembre 2002. Lors de l’audience, l’accusé principal n’a éprouvé aucune gêne à avouer son crime, et à se faire passer pour un type naïf exécutant uniquement les ordres de sa belle-sœur divorcée. Interrogé le premier par la présidente de l’audience, K.Farid n’a pas nié les faits qui lui sont reprochés, «oui, c’est moi qui ai asséné les deux coups de poignard à la victime, j’ai pris le poignard qu’elle a retiré de son sac et je suis passé à l’action», dira t-il. «Vous avez donc tout préparé au départ ?», l’interroge de nouveau la juge. L’accusé répond par la négative avant de donner sa version des faits. «J’ai rencontré par hasard ma belle-sœur, divorcée, à la gare Aomar, à Bouira, elle m’a proposé de l’accompagner à Tizi Ouzou pour une petite promenade». Et de continuer : «après une trentaine de minutes, nous sommes entrés dans la bijouterie, et la suite je l’ai déjà raconté». «Avant de rentrer, elle m’a parlé du plan, et je l’ai exécuté». La juge stupéfaite, l’interroge encore : «et toi tu accepte tout ce qu’elle te demande, même le meurtre ?». K.F, avec un air placide réplique : «Je ne savait pas ce que je faisais, c’est comme si j’étais ensorcelé». Quant à la complice du meurtrier, elle a tout nié. Elle apporte une autre version des faits : “Je ne savais pas qu’il me suivait depuis mon départ de Bouira vers Draâ El Mizan, c’est là, d’ailleurs qu’il m’ a proposé de m’accompagner à Tizi Ouzou». Pour le crime, la complice a déclaré qu’elle ne savait rien et qu’elle est restée à l’extérieur de la boutique. «Il est rentré tout seul à l’intérieur, puis il est sorti en courant, alors j’ai couru derrière lui», dira t-elle au jury. Interrogé sur le motif de son déplacement, S.F a changé plusieurs fois ses propos, la première fois elle a évoqué une visite chez des proches, habitant à Tizi Ouzou, la seconde fois c’était pour acheter une bûche pour son fils. Ce à quoi le procureur est intervenu pour dire qu’elle “n’a rien fait de ce qu’elle dit maintenant, mais qu’elle était en compagnie d’une autre personne dans un hôtel». L’accusée n’ a rien trouvé à dire que ces quelques mots «je vous le jure que je suis innocente». Un témoin oculaire a déclaré à la cour que les derniers propos tenus par le défunt avant de succomber à ses blessures sont que les auteurs du crime sont un couple, il a déclaré aussi, ajoute le témoin «je vais mourir». D’autres témoins ont certifié avoir vu le défunt ôter le poignard qui traversait son cou.La partie civile représentée par l’avocat Bélaidi a demandé l’application de la peine de mort, contre celui qu’elle a qualifié «de monstre». Le rapport d’expertise du médecin légiste, dira t-il, indique que les deux coups de poignard sont la cause de la mort. «La trachée et l’œsophage ont été sectionnés, la blessure avait une profondeur de quinze centimètres». Pour la partie civile tout a été planifié et préparé depuis le début par les deux personnes. «Quant a leurs versions des faits, elles sont inventées de toutes pièces», a t-il soutenu. Avant d’ajouter que c’est un crime abominable qui a mis un terme à la vie d’homme connu pour sa bonté, sa noblesse et il a endeuillé à jamais une famille paisible. Pour preuve, ajoute encore la partie civile, l’aîné est un excellent élève qui a été obligé d’arrêter ses études pour gérer les affaires de son père. L’avocat qui a demandé l’application de l’article 261 du code pénal qui exclue les prévenus de bénéficier de circonstances atténuantes en pareils cas a conclu, «j’étais parmi les partisans de l’abolition de la peine de mort, mais devant des actes pareils, je pense qu’on doit l’appliquer». Et d’expliquer : «parce qu’il n’ y a aucun mobile pour faire une chose pareille». Lors de son réquisitoire, le représentant du ministère public a tenu à préciser que le motif existe, «le mobile est le vol et le moyen pour le réaliser a été le crime», dira t-il. Le procureur qui a requis la peine capitale pour l’accusé principal et la perpétuité pour sa complice a déclaré que c’est un «crime horrible qui a été bien préparé et prémédité par les deux prévenus. Tout les indices de culpabilité sont contre eux ; l’arme du crime, le rapport du médecin légiste, les empreintes, les témoins et les déclarations contradictoires des prévenus». Il a insisté également sur les raisons qui ont poussé les auteurs à commettre l’odieux crime, «c’est uniquement pour s’enrichir en dévalisant une bijouterie», soutient-t-il, avant d’enchaîner «il y a eu dix chaînes en or volées, et l’accusé principal les a revendu à Bouira». Quant aux deux avocats des deux inculpés, chacun d’eux a tenté de disculper son client en faisant porter le chapeau à l’autre. L’avocat de l’auteur du crime a soutenu que l’instigatrice de cette affaire est la fille, et que le garçon a été, tout bonnement manipulé, tandis que l’avocat de la complice a plaidé l’innocence de sa cliente en se basant sur l’inexistence de preuves matérielles contre sa cliente, «il n’y a que des déclarations contre S.F». Au terme des délibérations le jury a maintenu les charges d’homicide volontaire, avec préméditation et vol qualifié avec port d’arme apparent pour l’accusé principal, et les chefs d’inculpations de participation à un homicide volontaire avec préméditation et vol qualifié pour sa complice.

M.Aït Frawssen

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