Ath Yenni attend ses visiteurs

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Amirouche, Mouloud Mammeri, Idir, pour ne citer que ceux-là, font partie de ces grands repères qui vous font tout de suite penser à cette belle région de Kabylie : Ath Yenni. Mais elle n’est pas reconnue que par ces grands noms.

à travers son bijou, elle incarne…un autre trésor qui fait sa fierté qu’elle célèbre annuellement. Et ça recommence dès aujourd’hui. C’est désormais à nouveau la fête…au village. A la bonheur ! Et tant mieux pour cette contrée qui est appelée à renouer avec le mouvement, l’activité les va-et-vient, l’ambiance, bref la vie. Car en dehors de ce qui a fait son passé le présent n’est pas aussi attrayant dans le coin. Non pas que la région ait failli, mais les temps ont l’air de peser sur elle. Il n’est plus facile d’y vivre. Comme dans tous les villages reculés de Kabylie, l’exode rural a asséné un sacré coup à la localité. Une des écoles primaires de la région a d’ailleurs dû fermer faute d’élèves. Les années d’insécurité ont laissé des traces. Fatalement, ce n’est pas du jour au lendemain que tout redeviendra normal. Et il y a cette réalité que tout ce qu’on voit à la télé n’est pas encore à portée de main, sur place non plus. Ceux qui ont les moyens sont donc allés le chercher ailleurs. En bas de la montagne. Dans les villes. Pour certains, carrément dans d’autres wilayas. A des kilomètres et des kilomètres… Mais tous ne semblent pas s’être déracinés pour autant. Le lien est resté intact. En témoignent toutes ces quatre-roues, immatriculées 16, 35, 21, 31 et même en Outre-mer…croisées en nombre, en cette période de congé sur cette route, à la triste renommée, de Takhoukht qui dessert la contrée. Le tronçon fut, à une certaine période, un véritable coupe-gorge. On l’appréhende d’ailleurs toujours autant, même si le décor est féerique. Le barrage de Taksebt qu’elle (la route) longe lui a donné une belle touche supplémentaire. Les bas-côtés de la chaussée sont verts. Les oiseaux chantent. On les entend même à travers le ronronnement du moteur. Le cadre incite au dessin et au pique-nique. Mais on n’ose pas encore. Pas aussi facilement en tous les cas. Certes, des voitures s’y arrêtent, de jour bien sûr, mais on surprend rarement des familles. Ce ne sont que des jeunes, en quête d’un moment d’évasion autour d’une palette de canettes de bière. Mais c’est déjà ça ! Ca aide à traverser le secteur avec moins de stress. Ca rassure un peu. Et parfois même beaucoup. A oublier même qu’on est au cœur de Takhoukht. La belle nature dégage comme une magie qui vous fait oublier les anxiétés. Ignorer cet éventuel danger… En des temps plus cléments, le chemin aurait pu constituer une superbe étape du Tour de France. Avec une tout aussi belle arrivée, là-haut, au grand carrefour « la Tranchée »… La placette, où trône désormais la statue du colonel Amirouche, passe en effet, depuis son récent réaménagement, pour une halte hautement touristique. Un vrai balcon qui donne à la fois sur la légendaire Main du juif à droite, Tikjda en face et la colline des Ath Yenni à gauche. On voit tout en clair, sans lunettes de correction. Le Djurdjura s’exhibe en HD. C’est beau ! Surtout à voir au loin. Car au chef-lieu de Taourirt, l’image en prend un coup. Le nouveau bitume dont se pare progressivement la chaussée principale de l’espace urbain rappelle ses fâcheuses habitudes de nos gouvernants qui ne s’empressent à badigeonner la cité qu’à la veille d’un évènement. Il est vrai que comme le dit l’adage, mieux vaut tard que jamais, mais ça la fout mal quelque part…

Une aubaine pour Taourirt Mimoun de revivre !

Difficile de ne pas faire le rapport avec cette Fête du bijou, en effet. Les chantiers engagés, visiblement à la hâte, devant les sites qui vont accueillir la manifestation, trahissent de manière flagrante les arrière-pensées des promoteurs… Avant-hier encore, des ouvriers s’affairaient, sous un soleil de plomb, à la mi-journée, à finaliser la pose des pavés des trottoirs carrément devant l’espace culturel qui servira de quartier général au comité d’organisation de la Fête. Juste en face du CEM Larbi Mezani qui abritera, comme de coutume, les stands d’exposition. C’est connu, il faut activer pour que ça paraisse nickel, en priorité là où des caméras vont sans doute filmer… Comme aussi au niveau de la maison de jeunes où aura lieu l’ouverture officielle. Ailleurs, les chantiers pourront bien attendre. Pour la petite histoire, on aura d’ailleurs appris que cet établissement dédié à la jeunesse n’est pas fonctionnel… La bibliothèque de l’espace culturel est aussi fermée pour, dit-on, « faire l’inventaire ». Pas beaucoup de commerces ouverts non plus. C’est à peine le cadre d’un village… Une cafétéria, une boucherie, une pizzéria, une ou deux alimentations générales, quelques bijouteries visibles, un semblant d’espace de marché de fruits et légumes en plein carrefour de la poste et du siège de la mairie et tout de même l’inévitable boutique à Flexy… Vraiment très loin de ce que devrait être un chef-lieu de daïra ! Sans doute, Taourirt Mimoun attend-elle beaucoup de sa Fête du bijou…

Djaffar Chilab.

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