Belles retrouvailles à Draâ El-Mizan

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L’association culturelle «Amgud» de Draâ El-Mizan s’est lancée, depuis plusieurs mois déjà, non seulement dans la préparation de la commémoration du 36e anniversaire du printemps berbère mais également dans le projet de rassembler, à cette occasion, les détenus, au nombre de vingt-quatre (24), du moins ceux encore vivants puique 5 ont été rappelés à Dieu.

«C’est vrai que la mission était presque impossible d’autant plus que certains parmi les détenus vivent à l’étranger, mais il n’en demeure pas moins que jusqu’à la dernière minute, nous avions pratiquement touché une grande partie alors que nous avions tenu à faire assister à cet hommage les proches des militants disparus, comme par exemple feu Mustapha Bacha, feu Benghazi Achour, feu Salah Boukrif…», nous déclare M. Essaid Bouaziz, l’un des membres de ladite association. Ainsi, dans la matinée de ce lundi 18 avril, tout était préparé à la salle du cinéma «Le Maghreb» de Draâ El-Mizan, pour accueillir le groupe des détenus dans une ambiance toute empreinte de suspense. Aussi, le premier à arriver sur les lieux fut Saïd Khelil mais qui tiendra à s’excuser tant auprès des organisateurs que de toutes les personnes présentes, car il était attendu à Bouira pour animer une conférence. «Je suis vraiment navré mais surtout très désolé car je perds une chance inouïe de retrouver mes anciens camarades de détention que je n’ai pas revu, pour certains, depuis déjà plus d’une vingtaine d’années», dira à l’assistance M. Saïd Khelil avant de reprendre sa route vers Bouira. L’arrivée de Djamel Zenati sera saluée par de nombreuses personnes, comme ce sera également le cas pour le docteur Mouloud Lounaouci, Arezki About, le docteur Mohamed Stiet, Ali Brahimi ou Rachid Ait Ouakli qui étaient présents à Draâ El-Mizan. Un peu plus tard, ayant laissé assez de temps à toutes les personnes venues de presque tout le Sud de la wilaya, avec une dominance des personnes âgées ayant vécu les évènements d’avril 80 pour s’approcher de ces principaux acteurs du mouvement berbère, les organisateurs ont invité alors les présents à rejoindre la grande salle où tous les sièges furent occupés pour l’entame de cet hommage qui débutera par l’hymne national et l’observation d’une minute de silence à la mémoire de tous les martyrs. «Ce n’est pas à une conférence que nous vous avions convié mais c’est surtout à une rencontre pour honorer et pour rendre hommage aux 24 détenus du printemps berbère. Donc, c’est avec une grande modestie que nous allons remettre des plaques commémoratives et une écharpe aux présents ainsi qu’aux membres des familles des militants disparus comme nous laisserons le loisir et la liberté à chacun d’eux de s’exprimer», dira M. Karim Larbi, président de ladite association culturelle avant de céder la parole au docteur Mouloud Lounaouci, qui, à son tour, tiendra à remercier les membres de l’association culturelle «Amgud» pour cette louable initiative et qui lui a ainsi donné l’occasion de rencontrer certains de ses camarades, perdus de vue depuis très longtemps avant d’enchainer sur la question de l’heure, à savoir la reconnaissance de tamazight dans la Constitution où il relève contradiction. De son côté Djamel Zenati tiendra tout d’abord à rendre un hommage appuyé à ses cinq camarades disparus, en faisant le portrait de chacun d’eux, avec force détails, tout en tenant à chaque fois à avoir la confirmation et l’approbation de ses camarades présents. «Feu Mustapha Bacha était notre catalyseur comme il assurait la coordination entre les étudiants de Tizi-Ouzou et ceux d’Alger, où il poursuivait ses études», dira l’orateur en citant les qualités immuables de vrai militant de ces disparus avant de s’étaler très longuement sur l’avancée de tamazight et de tout ce qui reste à entreprendre pour qu’elle soit prise en charge convenablement. Les membres des familles des militants disparus prendront également la parole pour remercier l’association «Amgud» pour cette louable rencontre. À la fin de la rencontre, les organisateurs ont tenu à prendre une photo-souvenir des détenus présents.

Essaid Mouas

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