Accueil Évènement “Seul un consensus national fort !”

Dr Rachid Halet, membre de l’instance présidentielle du FFS : “Seul un consensus national fort !”

4719
- PUBLICITÉ -

Au FFS, le cap est déjà mis sur les prochaines échéances électorales. L’heure est à la restructuration du parti et à la mobilisation des troupes. Au programme, la vulgarisation du concept du «consensus national seule issue pour éviter au pays l’impasse». Rachid Halet, membre de l’instance présidentielle du parti, en parle dans cet entretien. On l’a rencontré, hier à Tizi-Ouzou, en marge du Conseil Fédéral du parti tenu à la Maison de la culture Mouloud Mammeri présidée par le 1er secrétaire du parti.

- PUBLICITÉ -

La Dépêche de Kabylie : Quel est l’objet de la rencontre ?

Dr Halet : C’est dans l’action du fonctionnement organique du parti, c’est aussi l’occasion pour les militants de faire plus ample connaissance avec le nouveau secrétaire général du parti, qui est lui de la fédération de Constantine. C’est sa première visite dans le cadre de sa nouvelle fonction. C’est pour le renouvèlement des commissions. Le premier secrétaire a certes déjà eu l’occasion d’exposer la vision du parti sur la conjoncture présente et sur le contexte particulier du moment, aujourd’hui ce sera sans doute une occasion pour en rappeler les grandes lignes. Il y a lieu aussi d’alerter sur les risques de la situation. Les Algériens et Algériennes ont développé ces dernières années un vrai sentiment d’injustice, ils ne se sentent pas dans un pays de droit. L’insécurité n’est pas seulement liée au contexte économique, elle est aussi sur le plan individuel lié aux libertés, au pluralisme et à l’Etat en général.

Ne pensez-vous pas que le contexte d’incertitude est global et que l’Algérie ne peut être épargnée par cet environnement régional incertain, avec notamment les attentats en France et même la tentative avortée d’un coup d’Etat en Turquie ?

Oui effectivement, le contexte régional est mouvant, mais la particularité locale y est aussi. D’ailleurs, le mouvement que nous connaissons depuis quelques mois, que ce soit sur le plan constitutionnel ou politique, s’intègre dans une stratégie constitutionnelle et d’Etat globale. Je pense qu’on a mis en avant un concept qui résume et illustre la situation, c’est la ‘’judiciarisation’’ de la politique d’une façon générale. Au moment où la jeunesse cherche à être rassurée et sécurisée, on ne renforce pas le droit mais on instrumentalise le droit à des fins politiques, voire politiciennes.

Comptez-vous relancer le projet du consensus national ?

Je pense, d’un point de vue personnel, qu’on n’a même pas d’autres options, choix ou plan B qui se présentent à nous. Notre seule chance est le consensus national. C’est la seule alternative.

Sachant que l’initiative n’a pas abouti par le passé considérez-vous qu’il y a un contexte nouveau qui favoriserait un meilleur aboutissement aujourd’hui ?

Si vous faites allusion à la conférence de consensus qui n’a pu avoir lieu, dans notre esprit c’était tout simplement un outil dans un secteur donné institutionnel et politique, qui devait permettre la mise en œuvre d’un processus pour mieux avancer. Ce n’est pas une initiative partisane, c’est une initiative pour sauver le pays. On n’est pas là non plus pour sauver les systèmes, on est convaincus que la poursuite d’une politique autoritaire et unilatérale nous mènera droit au mur.

La conférence de consensus qui n’a pu avoir lieu, dans notre esprit c’était tout simplement un outil dans un secteur donné institutionnel et politique, qui devait permettre la mise en œuvre d’un processus pour mieux avancer. Ce n’est pas une initiative partisane, c’est une initiative pour sauver le pays.

Avec du recul, reconnaissez-vous l’échec de l’initiative ?

Non, on ne peut pas parler d’échec, c’est juste qu’il n’y a pas eu une vraie volonté politique. Nous espérons que cela va changer. On ne peut pas revendiquer la réforme de l’ouverture sur le plan économique et faire dans le repli autoritaire; la «judiciarisation» du politique.

Il est établi en effet par quasiment tous que la situation est difficile. Mais il y a sans doute une issue salutaire pour une relance ?

Malheureusement, pour le pays, les choses ont tendance à se compliquer davantage, à devenir de plus en plus difficiles. On ne sous-estime pas l’étendue des problèmes, qu’ils soient internes ou régionaux. Nous estimons que l’un des facteurs de l’évolution est l’évolution de la situation sur tous les plans. Dans le domaine économique et social, nous avons probablement révisé notre vision à la fois en matière de développement et de consommation. Mais pour pouvoir concrétiser cela, il va nous falloir un retour au politique.

Concrètement, qu’entendez-vous par un retour au politique ?

Pour mieux expliquer, je vous cite une expression simpliste mais explicative : dans la famille, quand vous avez un budget de trois millions vous vivez avec, et quand vous avez un million, vous vivez aussi avec et vous essayez de vous en sortir. Pour le pays, non seulement il y a cet équilibre économique à rechercher mais il y a lieu aussi de trouver des solutions dans la justice, dans l’équité et la meilleur voie c’est que tout se fasse avec la discussion. S’il y a lieu de faire des sacrifices, qu’ils soient discutés et acceptés. Ce n’est pas normal que dans le pays en crise, il y a toujours des nababs qui continuent à s’enrichir, et faire payer la crise aux pauvres et aux plus démunis. Ça remet en question l’unité nationale, l’Etat et la cohésion sociale.

C’est peut-être là une transition qui nous amène à évoquer ces mouvements extrémistes qui immergent ici et là et suscitent l’adhésion de certaines catégories sociales en mal de repères ?

La radicalisation profite au système, et le FFS s’oppose à la politique menée. Si elle venait à se poursuivre sur tous les plans, elle représenterait un véritable danger pour le pays. Le système fait dans la radicalisation. On a parlé de sentiment d’injustice ressenti par les citoyens, les gens n’attendent plus grand-chose de l’Etat. S’il y a bien une aspiration partagé par tous, ça serait le désir de changement, voir l’Etat préserver l’essentiel : retraite, emploi, santé…

2017 et 2019, le FFS y pense déjà ?

Ça serait grave pour un parti politique de ne pas penser aux élections. Mais que valent les élections dans un système comme le nôtre. Combien y a-t-il eu d’élections ? Combien a-t-on connu de Présidents, de Premiers ministres, de gouvernements ? Le fond du problème est peut-être ailleurs et il est temps d’y penser. C’est un consensus national fort, surtout sur les questions fondamentales qui intéressent le citoyen.

Propos recueillis par Kaméla Haddoum

- PUBLICITÉ -