«On ne laissera pas la Kabylie s’isoler»

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Le secrétaire général du Rassemblement national et démocratique (RND), Ahmed Ouyahia, a plaidé, hier à Béjaïa, en faveur de la décentralisation de l’acte de gestion des affaires du pays et l’application des codes de la commune et de la wilaya.

«On doit aller vers la décentralisation dans la gestion des affaires du pays, en donnant davantage de prérogatives aux assemblées élues APC et APW», a-t-il préconisé, en citant, pour illustrer son propos, les embûches auxquelles font face les investisseurs locaux pour mener à bon port leurs projets.

«À Bejaia vous avez tout ; vous avez un grand investisseur, Cevital en l’occurrence, qui attend que ses machines sortent de l’enceinte du port. Les investisseurs, aujourd’hui, doivent se déplacer à chaque fois jusqu’à Alger pour régler leurs problèmes, avec la décentralisation, ça ne sera plus le cas!» a-t-il soutenu, en ajoutant que son parti milite pour que la gestion des zones industrielles soit du ressort d’investisseurs privés qui auront à les viabiliser, puis sous-traiter avec d’autres investisseurs.

En meeting de campagne pour les législatives du 4 mai, Ahmed Ouyahia qui était, hier, à la grande salle de la maison de la culture Taos Amrouche, a indiqué aux militants et sympathisants de son parti, venus l’écouter, que le développement de l’Algérie reste tributaire du maintien de la stabilité, de la sécurité et de la souveraineté nationale, désormais consolidée par le paiement anticipée de la dette extérieur du pays. «Les institutions monétaires internationales nous supplient afin de nous prêter de l’argent pour achever des projets en souffrance. Comme notre pays n’a plus de dette, elles ne peuvent désormais plus nous donner des injonctions, mais seulement des recommandations, et ce grâce à la politique du Président Bouteflika qui a eu l’ingéniosité de rembourser la dette de l’Algérie par anticipation. Quand on est endetté, on a tendance à baisser la tête», a-t-il souligné, en rappelant les cataclysmes survenus suite à la chute du prix du pétrole en 1986, les événements d’octobre 88, le rééchelonnement de la dette, la mise au chômage de milliers de travailleurs et enfin la décennie noire. Le chef de file du RND a concédé toutefois à l’assistance que «la crise va durer encore quelques années», préconisant au passage de réduire le train de vie «luxueux» de l’État et aller vers une politique sociale ciblant les plus démunis. «L’État consacre un budget de 4000 milliards par an dans sa politique sociale. Au RND on veut faire mieux. Pour ce faire, on doit au préalable faire un recensement pour cibler les plus démunis», a-t-il préconisé, en expliquant que son parti plaide pour l’instauration d’un fonds de montagne et un programme spéciale pour les régions rurales, d’une aide publique au logement, faire bénéficier tout Algérien dont le salaire est inférieur à 60 000DA d’un logement social et octroyer des crédits sans intérêts aux fonctionnaires pour qu’ils puissent construire ou acheter une maison. Abordant la question de l’unité nationale, Ahmed Ouyahia a décoché une flèche en direction des autonomistes et des souverainistes du MAK. «Quand je parle de Kabylie, je n’ai pas de complexe, car je viens du Djurdjura. L’Algérie doit rester une et indivisible d’Est en Ouest et du Nord au Sud, car nos ancêtres nous ont laissé toute l’Afrique du nord», a-t-il clamé, en insistant que son parti se dressera contre ceux qui appellent à l’indépendance de la Kabylie. «Chacun est libre d’avoir son mot. On ne laissera pas la Kabylie s’isoler et l’Algérie ne sera pas divisée», a-t-il juré.

La pique décochée contre Ould Abbès à Bouira

Dans l’après-midi, Ouyahia était à Bouira où il a animé un meeting au niveau de la Maison de la culture Ali Zaâmoum. Il commença son discours en rendant hommage aux hommes et aux femmes qui se sont sacrifiés pour l’Algérie, en commençant par Takfarinas jusqu’aux victimes du printemps noir. «Hamdoullah, assa Tamazight tughal langue nationale et officielle», lancera-t-il. Ouyahia promettra ensuite que si le parti obtenait une majorité confortable aux législatives, ses députés œuvreront pour un vote en faveur de «la création d’une académie de Tamazight». M. Ouyahia dira que le RND dispose d’un programme visant à développer le pays et à concrétiser le programme du président de la République, basé sur 4 axes : la préservation de l’unité nationale, la stabilité et la sécurité de l’Algérie, le renforcement de l’économie nationale et l’amélioration de la gestion des affaires du pays. Si le RND se retrouve en force au Parlement, M. Ouyahia affirme que ses députés proposeront un programme spécial pour des subventions qui iront directement aux agriculteurs. Faisant le lien avec les spécificité de la wilaya il dira : «Il faut accroitre les périmètres irrigués comme celui d’Aïn Bessem !», martèlera-t-il. Le secrétaire général du RND prône aussi le «soutien de l’investissement privé» notamment dans la nouvelle zone de Dirah : «A Dirah, il y a une zone de plus de 1 000 hectares et il ne faut pas attendre l’aide de l’Etat dans cette conjoncture économique. Il faut un soutien de l’investissement et des investisseurs pour consolider la production nationale et dynamiser l’économie du pays», expliquera-t-il. Un soutien qu’il préconisera également pour renforcer la politique sociale, afin d’améliorer les conditions de vie des Algériens, notamment les jeunes. «L’Algérie se construit par ses enfants et il faut encourager l’investissement privé, créateur de richesse et d’emplois, en réhabilitant la valeur du travail». La frange juvénile, dira M. Ouyahia, est ciblée par toute sorte de fléaux, alors que «l’Etat algérien dépense 1 000 milliards de dinars pour sa scolarisation», affirmera-t-il, avant de continuer sur sa lancée : «Aujourd’hui, nos jeunes sont ciblés par la drogue jusque dans les lycées, nous ne laisserons pas faire ces vendeurs de poison dans l’impunité… De même que les kidnappings sont devenus monnaie courante dans notre pays et nous devons sévir et appliquer la loi dans toute sa rigueur… ». Le secrétaire général du RND terminera son meeting en annonçant que son parti compte sur trois valeurs sûres pour remporter les élections : «Nous comptons sur nos efforts et l’intégrité de nos candidats, sur Dieu et sur vous citoyens qui placerez votre confiance en notre programme». M. Ouyahia ne manquera pas d’égratigner le SG du FLN qui lors de son passage à Bouira avait déclaré que son parti remporterait 13 sièges alors que Bouira ne dispose que de 9 sièges à l’APN : «Certains vous ont promis de rafler 13 sièges à Bouira, nous au RND, nous nous contenterons de ce que vous nous donnerez !», conclura-t-il.

Dalil S et Hafidh Bessaoudi.

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