La poésie de tous les possibles

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S. Ait Hamouda

Rédiger sur du papyrus un poème à la conquête des âmes perdues dans les méandres pavés de bonnes intentions. Qui sait si on réussit ou pas ? Dieu seul le sait. Mais qu’à cela ne tienne, osons quand même essayer. Cependant, par quoi commencer, par un début happy ou une amorce hard, tragique ou dramatique ? Peu importe. Le poète, dit-on, est presque un prophète, un devin, ou quelque chose comme ça, il vogue selon l’inspiration, au gré des muses qui l’habitent. Il est fou, cela peut se comprendre, s’envisager, se concevoir avec l’attention que peut avoir sur le matériau qu’il utilise. S’il est fait de verbe doux ou dur ou s’il la puise de l’impénétrable, l’insondable, source de ses tréfonds. A la première strophe, il largue les amarres et vogue selon les vents, qu’ils soient favorables ou défavorables, il va ramer en fonction de la houle qu’il affronte au sens du courant ou à contre-sens. Il construit ses vers comme un verrier scrupuleux de la route céleste qu’il a choisie. Sur l’avenue des anges, il traite la matière comme on souffle le verre avec autant d’efforts et de précision qu’il lui est loisible de mobiliser. Alors, que reste-il à puiser, à ramasser, à moissonner pour composer le poème qui dira toutes les vicissitudes de la vie ? Les hauts, les bas et celles du juste milieu, tissées en paragraphes, neuvains ou octosyllabes donnant plus de teneur au verbe, aux métaphores, qui se prennent les pieds dans une toile d’araignées pour qu’ils ne se fassent pas la belle en prenant la clé des champs sidéraux. Il est des situations où l’on reste tétanisé, bridé par tant de labeurs qui viennent gouter à mes créations et subir l’informelle composition de mes rêves et de mes cauchemars au point de rendre plus divin le subtil breuvage que j’offre au gens de tous rangs, de toutes conditions, de toutes classes. Et puis au point où il en est, le poète, il reste plus qu’utile, au peuple par sa faconde et son éloquence…

S. A. H.

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