«Nous avons mobilisé 62 brigades de contrôle»

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Le directeur du commerce de la wilaya de Bouira, Ahmed Gamri, rassure les consommateurs sur la disponibilité des produits durant le mois de Ramadhan, via notamment la mise en place de quatre marchés de solidarité. Comme il rassure sur la disponibilité du lait en sachet, notant que 62 brigades de contrôle sont mobilisées pour veiller à la bonne pratique commerciale.

La Dépêche de Kabylie : Un Ramadhan sans aucune pénurie est possible pour cette année ?

Ahmed Gamri : Nous avons mis en place un dispositif spécial pour ce mois de Ramadhan, en développant plusieurs axes, mais la priorité a été de créer quatre marchés de solidarité. Une aire de négoce où les producteurs, commerçants grossistes et importateurs seront présents pour pratiquer des prix modérés selon les instructions du ministère de Commerce. Nous avons créé ces marchés au niveau de Draâ El Bordj pour la ville de Bouira, à M’Chedallah, à Sour El Ghozlane et à Ain Bessem et les commerçants sont sur les sites en train de se préparer pour s’installer. Nous aurions aimé installer un marché de solidarité à Lakhdaria, malheureusement nous avons trouvé un problème d’emplacement. La placette de la ville est trop exigüe et ne répond pas à certaines normes. Au niveau de ces marchés, il y aura essentiellement des produits issus de la wilaya de Bouira avec la participation de Carravic pour les viandes blanches, les produits carnés du nouvel abattoir privé de Sour El Ghozlane, les cinq minoteries de la wilaya de Bouira avec leurs gammes de farines et semoules et leurs dérivés. Nos agriculteurs et certains grossistes viendront également proposer leurs marchandises.

Qu’en est-il du lait en sachet qui fait régulièrement défaut en cette période ?

Je tiens à rassurer sur le sujet et d’ailleurs, entre 20 000 et 25 000 litres de lait pasteurisé en sachet seront acheminés quotidiennement sur le marché, du fabricant aux consommateurs, avec la participation des deux laiteries d’Ain Lahdjar et de Kadiria au niveau du marché de Draâ El Bordj. Cette procédure est valable pour les autres marchés de solidarité, car chaque région dispose de ces distributeurs. Par exemple, pour Sour El Ghozlane, entre 4 000 et 10 000 sachets de lait pasteurisé seront livrés au quotidien, idem pour Ain Bessem et M’Chedallah avec des quotas identiques. Des livraisons qui se feront à raison de trois fois par jour à 10h, 12h et 16h, pour permettre à tous les citoyens de s’approvisionner sereinement et de manière régulière. Toutefois si ces quotas s’avèrent insuffisants, nous avons la possibilité de l’augmenter car le quota de lait pour la wilaya de Bouira qui était de 134 000 litres par jour est passé à 190 000 litres. Ces chiffres ont été revus à la hausse spécialement pour le mois de Ramadhan, avec la contribution de nos deux laiteries de Bouira, plus celles de Draâ Ben Khedda et Pâturages de Tizi-Ouzou, ainsi que la laiterie d’Amizour à Béjaïa. Je précise que si la demande en lait se fait ressentir, nous avons de bonnes relations avec ces laiteries et nous pouvons dépasser ce quota. Par exemple, auparavant, nous avions 134 000 litres attribués pour la wilaya de Bouira mais avec nos relations avec les laiteries, nous atteignions les 170 000 litres. Maintenant, avec 190 000 litres attribués, nous pouvons arriver aisément jusqu’à 230 000 litres si les besoins s’expriment. En matière de lait, cette année, nous allons assurer la sécurité de l’approvisionnement en lait, même si l’on sait que pendant le mois de Ramadhan, les habitudes alimentaires des ménages changent. Cette fois-ci, avec la nouvelle politique du ministère du Commerce, et vous l’avez remarqué ces dernières semaines, le lait est disponible à n’importe quelle heure de la journée en abondance. C’était justement pour habituer le citoyen et lui démontrer que le lait est en vente libre et disponible. Maintenant, nous l’avons constaté, ce n’est plus la ruée vers le lait et chacun achète entre deux à quatre litres par jour, selon les besoins au quotidien.

Et à propos de la qualité des produits qui laisse souvent à désirer pendant ce mois, qu’avez-vous prévu ?

Nous avons mobilisé 62 brigades, dont 25 pour la qualité et 37 pour les pratiques commerciales, réparties au niveau de la Direction du commerce et des quatre inspections pour couvrir la totalité du territoire de la wilaya. En moyens matériels, nous avons mobilisé les huit véhicules disponibles que nous avons, même s’il y a un manque de chauffeurs, nous avons fais des réquisitions de nos éléments spécialement pour le mois de Ramadhan. Le contrôle est réparti selon des tranches horaires bien précises car les commerçants, vous le savez, n’ouvrent pas de bonne heure la matinée. De ce fait, nous aurons des brigades opérationnelles entre 11h et 15h et d’autres prendront le relais jusqu’avant l’heure de l’Adhan. Ceci étant donné que nous avons constaté que par le passé, quelques temps avant la rupture du jeûne, certains commerçants s’adonnaient à la vente de ‘cherbet’ et cela nous a causé énormément de problème du fait de la qualité douteuse de ces produits. Il y a, également, les brigades de nuit qui sillonneront les artères des villes de Bouira car tous les commerces ouvrent essentiellement la nuit pendant le Ramadhan. Nous avons, par ailleurs, une permanence avec le numéro vert 10-22 et n’importe quel consommateur ayant constaté une anomalie sur un produit auprès d’un commerce peut nous le signaler et nos brigades interviendront dans les plus brefs délais n’importe où à travers le territoire de la wilaya. Nous avons environ 35 000 commerçants, tout secteur confondu, c’est-à-dire industrie, commerce de gros, détail, services, entreprises de réalisation qui disposent de registre de commerce et qui sont répartis dans les 45 communes, essentiellement dans l’alimentaire et industrie, car dans l’industrie, il figure plusieurs codifications telle la boulangerie qui est industrielle. Nous effectuons, depuis quelques jours, un travail de sensibilisation qui coïncide avec la veille du mois de Ramadhan et la saison estivale. «Consommons sain, moins salé, moins sucré et gaspillons moins», c’est le slogan de cette campagne et le prêche de vendredi dernier, en collaboration avec la Direction des affaires religieuses, a été consacré aux pratiques que le consommateur doit dorénavant adopter. Nous avons entamé cette campagne, samedi dernier, et continuerons avec des journées de sensibilisation au niveau de la bibliothèque de lecture principale avec des dépliants pour les commerçants qui les distribueront aux citoyens et nous allons profiter de cette période scolaire pour faire passer ce message auprès des élèves dans les écoles.

En cette veille du mois sacré, le consommateur s’interroge sur la qualité des viandes rouges. Un mot à ce sujet ?

Nous avons effectué plusieurs fois des saisies importantes de viandes rouges, la dernière en date au niveau de Bir Ghebalou et surtout de la viande d’ovins. Pour les viandes rouges, notre dispositif est réalisé en collaboration avec les services vétérinaires de la DSA. Ces vétérinaires sont présents au niveau de chaque tuerie et abattoir et la loi interdit l’abattage de la femelle sauf dans des conditions bien précises. Mais il y a aussi l’abattage clandestin qui entre en considération et pour parer à cela, la brigade mixte, commerce-inspection vétérinaire de la DSA, se déplace vers les tueries et abattoirs mais également dans les locaux commerciaux, à savoir les boucheries. Le spécialiste le mieux placé pour contrôler les viandes demeure le vétérinaire qui peut aisément faire la distinction entre la femelle et le mâle. En cas de présence de viande de vache ou de génisse, nous procédons systématiquement à la saisie. En même temps, l’estampillage pour le bovin, l’ovin et le caprin permet de retracer l’historique de la bête. Il faut savoir que la plupart des bouchers de la capitale s’approvisionnent au niveau de Bir Ghebalou et de Raouraoua, et nous collaborons avec les services de gendarmerie lorsque nous découvrons des carcasses femelles qui sont saisies. Je m’adresse aux consommateurs pour leurs garantir que la saison estivale et le Ramadhan se déroulerons sous de bons auspices et que toutes les marchandises seront disponibles aussi bien pour les produits maraîchers, alimentaires ou encore le lait pasteurisé en sachet à 25 dinars. Les prix seront respectés, la qualité et la fraicheur au rendez-vous et à des tarifs concurrentiels et raisonnables car les produits proviendront directement de l’agriculteur au consommateur, sans passer par des tierces personnes. D’ailleurs, depuis une dizaine de jours, nous avons mis en place le dispositif pour la conformité des produits et l’interdiction d’exposer en dehors des locaux commerciaux les produits alimentaires spécialement. En plus, nous sommes en pleine bataille pour l’affichage des prix. Il faut que le consommateur trouve les tarifs affichés pour tous les produits exposés aussi bien au niveau des marchés qu’au niveau des magasins.

Entretien réalisé par Hafidh Bessaoudi

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