Ce que Benmessaoud ne verra pas !

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La situation est grave. Vraisemblablement, la wilaya de Béjaïa est bien partie pour rater sa saison estivale. Si la providence divine a doté la région d’un littoral long de 100 km, recelant de magnifiques plages au sable fin doré sur la côte Est et des plages rocheuses sur la côte Ouest, à même de faire d’elle une région balnéaire par excellence, le tourisme n’a pour le moment que le nom à Béjaïa. Et pour cause, à quelques jours du mois d’août, synonyme de congé et de départ pour les grandes vacances, l’anarchie et l’insalubrité règnent en maîtres. Une virée vers la côte Ouest, en empruntant la RN24, renseigne sur la gravité de la situation. Les décharges sauvages pullulent le long de cet axe routier menant vers les célèbres plages de Boulimat, Saket, Tighremt, Oued Eddes et Aït Mendil, pour ne citer que celles-ci, offrant un spectacle des plus désolants. Des odeurs nauséabondes se dégageant de ces amoncellements d’ordures et empestent l’environnement. Les déchets ménagers sont partout et en quantités considérables. Les plages, bien que nettoyées avant l’entame de la saison estivale, à la faveur d’une grande opération de lifting menée par la DJS qui avait mobilisé pas moins de 6 000 jeunes, croulent plus ou moins sous les ordures. «C’est une situation intenable. Les ordures sont partout. L’on ne peut pas parler de tourisme, alors que l’hygiène fait cruellement défaut», tempête un estivant, venu passer quelques jours de repos à la plage Tighremt, relevant de la commune de Toudja. Cette plage connue pour ces criques rocheuses attire, chaque été, des centaines d’estivants. Mais actuellement, ce n’est pas encore le grand rush. L’insalubrité et l’anarchie qui y règnent y sont pour quelque chose. «Les loueurs de parasols et de tentes font fi des déclarations des autorités leur interdisant d’installer leurs matériels. Ils occupent les plages dès les premières heures de la matinée et obligent ainsi les familles à louer une tente pour 500 DA», déplore une baigneuse. Cette dernière se demande ce que font les autorités qui ont promis aux estivants de réunir les conditions favorables pour leur permettre de passer de bonnes vacances à Béjaïa. «Pourquoi les services de l’APC ne procèdent-ils pas à la collecte des ordures ménagères, sachant que c’est la période estivale et que la priorité doit être normalement accordée aux villages touristiques et aux stations balnéaires ? Pourquoi les services de sécurité n’interviennent-ils pas non plus pour déloger les loueurs de tentes qui squattent les plages ?», s’interroge notre interlocutrice. Toutefois, certains baigneurs pensent que l’on ne peut faire endosser la responsabilité de cette situation inextricable aux seules autorités. «Beaucoup de familles qui jettent leur dévolu sur la côte Ouest de Béjaïa louent des cabanons parfois à 10 000 DA la nuit. Normalement, c’est aux propriétaires de ces cabanons, qui engrangent des sommes faramineuses par la location de leurs biens, de payer des collecteurs de déchets ménagers. Les APC n’ont pas suffisamment de moyens pour assurer une collecte quotidienne des ordures. Je pense que la responsabilité de cet état lamentable est partagée entre les autorités et l’incivisme de certains estivants», a-t-on expliqué. Il y a aussi malheureusement l’incivisme de certains baigneurs, qui laissent délibérément des bouteilles et des sacs en plastique, et même les restes de leurs repas sur les plages, une fois la journée terminée. D’autres n’hésitent pas à verser leurs sacs poubelles sur les accotements de la RN24, créant ainsi des décharges sauvages. Devant ce constat affligeant, qui fait honte à la wilaya de Béjaïa, qui mise sur le tourisme pour créer une économie locale fleurissante, des associations se mobilisent pour redresser la situation. Parmi elles, l’association œuvrant pour la protection du littoral béjaoui a appelé à un rassemblement, le 2 août prochain, devant le siège de la wilaya pour dire «Stop à la maffia des plages» et exiger l’application de la loi et des arrêtés de démolition à l’encontre des squatteurs des plages.

B. S.

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