Demagh, le chantre du bois «napalmé»

Partager

Par Sadek Aït Hamouda

Demagh, de l’ébéniste à l’artiste iconoclaste. Il s’est éteint il y a un plus d’une poignée de semaines, le 16 août dernier. Je l’ai connu à Alger, chez Da M’barek, au rendez-vous des artistes, des journalistes et des militants qui ont la prétention de changer le monde. Demagh s’était distingué par ses récits, par ses blagues et par ses anecdotes du maquis. Il était intarissable, et on aimait ça. Demagh avait été l’artiste hors pair qui éblouissait ceux qui l’avaient connu, aimé et fréquenté son atelier. Il nous parlait de ses œuvres comme des êtres vivants : «La pommier», «Hiroshima» et tutti quanti. Le bois «napalmé» formait la quintessence de ses productions et l’origine de son humanisme, à perdre haleine. «’’Le pommier’’, mon père de son vivant avait planté un pommier qui était généreux, il nous donnait des pommes juteuses. Mon géniteur mourut et l’arbre aux beaux fruits aussi, ma mère, au chagrin irrésistible, vint m’annoncer, les larmes aux yeux : ‘’Mon fils, le pommier de ton père est mort’’. Alors derechef, je pris la scie et scia l’arbre avant de le prendre dans mon atelier. Après l’avoir besogné à l’envie, je le rapportais à ma mère et lui dit voilà le pommier de mon papa plus vivant que jamais», c’est ça Demagh, le grand, le facétieux, l’incomparable. C’est l’inénarrable Démagh. Une autre anecdote : avec un bois touché par le napalm, il réalisa Hiroshima qu’il offrit à l’ambassadeur du Japon. De quelque côté que l’on prend l’artiste, on retrouve Issiakhem, M’Hamed et Arezki, Kateb Yacine, réfléchissant au village d’artistes qu’ils voulaient créer dans les gorges de Rhoufi, tout près d’El Kantara (Biskra). Malheureusement, ce fut projet qui ne vit pas le jour. Hors de son atelier, de ses amis (es), de sa montagne, de sa ville, Batna, et de sa famille, Demagh ne vit pas. Il était comme un poisson dans l’eau tout près de ses éléments qui constituent sa source d’inspiration. Aujourd’hui qu’il n’est plus là il a rejoint le comité central des ancêtres où il siège aux côtés de ses pairs.

S. A. H.

Partager