Un policier face à la justice

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Un an de prison ferme et 5 000 DA d’amende, c’est la peine requise par le procureur de la République à l’encontre de Ouazène Nouari dans l’affaire qui l’oppose à Messaoudi Hakim et qui a été examinée hier par le tribunal délictuel d’Amizour siégeant à Bgayet en première instance.L’affaire jugée, toutes les parties concernées ayant été entendues, l’énoncé du verdict a été fixé au mardi 1er mars 2005. Préalablement à toute discussion de fond et à la relation du procès qui aura fait salle comble, rappelons un peu la genèse de l’affaire dont l’origine remonte au 19 novembre 2002, une soirée ramadanesque au cours de laquelle le jeune Messaoudi Hakim a reçu une balle dans la partie charnue de sa cuisse gauche. Une balle sortie du PA du policier Ouazène Nouari, chargé avec ses collègues de contenir une émeute. La victime qui a formellement identifié son “agresseur” a déposé plainte. Après deux renvois successifs, le procès a finalement pu se tenir hier à Bgayet, de manière contradictoire.La séance s’est ouverte sur l’interrogatoire serré des deux parties. La partie défenderesse, le policier, a essuyé un véritable tir de barrage de la part du juge. Au feu roulé des questions se rapportant au non recours aux tirs de sommation, histoire de déterminer si le coup de feu était accidentel, involontaire ou pas, l’accusé a longtemps cafouillé, disant notamment qu’il s’est senti en danger au moment de son isolement du reste de ses camarades. Il parle de “débandade et de tir à l’aveuglette”. “Je n’ai visé personne, j’ai vu des gens et j’ai tiré”. Le juge conclut sans détours à un acte volontaire.Quant à la victime, après avoir affirmé qu’elle ne connaît pas le prévenu, elle est allée de sa version des faits. “C’est en courant que j’ai senti une douleur atroce à la cuisse. Le policier m’a tiré dans le dos”. L’avocat de la partie civile dans une courte mais tranchante plaidoirie se basant sur des faits, témoignages et rapports (médicaux et balistiques) irréfutables, n’est pas allé par quatre chemins pour conclure que l’acte était volontaire. Et d’effacer, d’un large geste, la légitime défense mise en avant par le policier. Pour finir, le défenseur a demandé au tribunal la désignation d’un médecin-expert à l’effet de déterminer le taux d’IPP de la victime ainsi qu’un accompte de 50 000 DA pour pourvoir aux dépenses y afférentes. La plaidoirie du conseil de l’accusé était axée sur la légitime défense “d’un défenseur de l’ordre, menacé par des émeutiers armés jusqu’aux dents d’armes blanches. Par peur, il a tiré en l’air une balle qui a ricoché sur un mur avant de s’enfoncer dans la cuisse de Messaoudi Hakim”. C’est donc la thèse de l’accident, involontaire, qui a été défendue par l’avocat de Ouazène, relayé par son collègue qui, lui, qualifie l’affaire de simple puisque “les blessures occasionnées sont d’origine accidentelle”.Le réquisitoire du procureur de la République a largement suivi la thèse défendue par la partie civile, accablant même par moments le policier dont il note “l’incohérence du discours”. Un tir de sommation se fait en l’air, non pas en direction d’une personne. L’accusé ne s’est pas trouvé isolé, c’est par bravade qu’il s’est retrouvé aux avants-postes”, ajoutera-t-il avant de requérir à l’encontre de Ouazène Nouari, 1 an de prison ferme et 5 000 DA d’amende. Le dénouement sera connu mardi prochain, 1er mars, l’affaire ayant été mise en délibéré.

Mustapha R.

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