Marche pour Rabah Aïssat à Tizi Ouzou

Partager

Plus de 3000 personnes ont répondu à l’appel du FFS et participé à la marche organisé dans la matinée de jeudi à Tizi Ouzou. Prévue à 11h, la marche s’est ébranlée à partir du stade du 1er-Novembre 40 mn après. Au premier rang deux portraits ont été brandis et portés par les marcheurs. L’un est celui de Rabah Aïssat, assassiné le 12 octobre dernier, et le second, celui de Hamid Hariche assassiné le 13 mai 2005, lors d’une marche du FFS à Alger. Juste derrière un géant emblème national a été porté par des jeunes.

Au premier carré, l’on peut reconnaître des membres du bureau national, entre autre Karim Tabou, Fekhar, le sénateur Djoudi Mameri et Ali Laskri, secrétaire national du FFS.

Sur les banderoles, l’on peut lire. “Non à la dislocation politique et sociale de la Kabylie et de l’Algérie”, “pour l’envoi de commissions d’enquête internationales”, “De la dissolution à la liquidation, quel sort pour l’élu et la population”, “De Abane à Aïssat Rabah, combien de crimes orchestrés”, “Où veut-on mener la Kabylie”… etc.

Les participants à cette manifestation du plus vieux parti d’opposition sont venus de plusieurs wilayas du pays. Entre autres l’on cite Alger, Béjaïa, Ghardaïa, Bordj Bou Arréridj, Sétif, Bouira, Tipaza.

L’on peut distinguer dans la foule, grâce à leur tenue spécifique, les militants du FFS venu du M’zab, à leur tête le Dr Fekhar.

Pour rappel, cette manifestation a été organisé suite au lâche assassinat le 12octobre dernier de Rabah Aïssat, président de l’Assemblée de la wilaya de Tizi Ouzou. Il était un valeureux homme politique issu du parti d’Aït Ahmed, connu pour son dévouement, son intégrité et sa sagesse.

Tout au long de la marche, des manifestants ont scandé d’autres slogans, connus du FFS, et d’autres nouveaux pour dénoncer l’insécurité qui prévaut en Kabylie et dans beaucoup d’autres régions du pays.

Parmi les slogans scandés par les manifestants l’on retient “Ni Etat intégriste… Liberté, liberté, démocratie !”

“Egorgeurs, assassins, et ils se disent nationalistes”, “Assa Azeka l’FFS yella yella” “vive l’Algérie, vive la Kabylie”… etc.

En plus de la presse nationale, l’on compte aussi la présence de journalistes de la presse étrangère, telle la chaîne de TV “El Hora”. La marche a été bien encadrée et bien dirigée par les organisateurs. Aucun incident n’a été signalé. Plusieurs minutes de silence ont été observées le long du parcours. Les marcheurs ont pris la direction de la maison de la culture, puis vers la wilaya, la cité des fonctionnaires, et elle s’est achevée devant l’entrée de l’APW.

Devant l’enceinte de cette institution, une déclaration a été lue par M. Brahimi, responsable du FFS à Tizi Ouzou. Dans ladite déclaration, le parti d’Aït Ahmed explique que cette journée est à la fois celle du deuil et de l’espoir. “Une journée de deuil parce que nous avons perdu un des plus engagés de nos camarades Rabah Aïssat. Un homme qui a su par son intelligence, sa sagesse et son engagement politique, éviter à notre région les aventures et l’irréparable. C’est aussi une journée de l’espoir démocratique” et d’enchaîner “Nos étions des milliers à Ghardaïa pour dénoncer l’injustice et la hogra dont sont victimes les populations du M’zab, nous étions des milliers à Ifri Ouzellaguen, lors de la commémoration de l’anniversaire de la tenue du congrès de la Soummam pour réaffirmer notre attachement au combat de Abane, de Ben M’hidi pour une Algérie démocratique et souveraine, nous sommes également aujourd’hui pour dénoncer la poursuite de la politique de la violence et de la liquidation physique”.

Et plus loin, le FFS s’adresse à ce qu’il appelle “les semeurs de la peur et de la terreur”.

“Permettez-moi de m’adresser de cette tribune aux semeurs de la peur de la terreur. Ni vos balles assassines, ni vos vrais barrages et ni vos faux barrages ne nous feront détourner de notre engagement en faveur de la démocratie”.

Selon le FFS, la politique punitive qui vise la Kabylie a échoué.

“Aujourd’hui, nous venons de signer l’échec de la politique punitive que mène le pouvoir contre un des bastions inébranlables et incassables de la démocratie qu’est la Kabylie. Nous serons fidèles à notre serment de militants de la démocratie, des droits de l’homme, de la vérité et de la justice”.

Et d’adresser un message aux tenants du pouvoir : “votre politique raciste et brutale, vos plans de dislocation politique et sociale, vos relais clientèlistes et mafieux, vos services mercenaires ne peuvent éteindre nos bougies allumées et notre détermination à rester de bout et éveillés”. Le vieux parti réclame plusieurs autres choses, entres autres un débat public sur la crise politique de notre pays et sur la violence qui endeuille des millions de citoyens.

“La vérité et la justice sur les assassinats politiques, les massacres des populations, contre la politique qui ne laisse de sièges aux opposants et aux vrais démocrates que dans les cimetières”.

Et de se poser la question : “A quoi sert de débattre avec un wali et lui faire cadeau de détourner la question de sa dimension politique ?”

Selon le parti d’Aït Ahmed, la Kabylie est l’objet d’une stratégie criminelle des décideurs du pays qui veulent châtier cette région pour sa fidélité aux principes de novembre et du congrès de la Soummam et tentent de démobiliser toutes les forces politiques autonomes du pays par la soumission et la destruction de la Kabylie.

A la fin de la déclaration, le FFS s’adresse aux journalistes et leur demande de “témoigner que nous sommes des milliers à leur dire : ni les groupes islamistes armés ni les groupes islamistes de l’armée ne peuvent réduire au silence notre quête de liberté.”

Par la suite, Ali Laskri, le premier secrétaire national, a pris la parole pour haranguer la foule, avec des arguments hostiles au pouvoir et dénoncer la politique de la teneur qui s’abat sur la Kabylie particulièrement.

Vers 13 h30mn, les organisateurs ont invité les manifestants à se disposer dans le calme, et dans leur esprit, ils ont eu certainement la certitude d’avoir honoré la mémoire de Aïssat Rabah, d’avoir su provoquer le retour du politique, après une longue traversée du désert, mais aussi d’avoir défoncé les portes de la terreur et de l’interdit.

Mourad Hammami

Partager