L’insoutenable légèreté de Belkhadem

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Moins de deux semaines après avoir pris les délégués des archs de court en annonçant «l’inutilité» de continuer le dialogue, Abdelaziz Belkhadem vient d’amorcer un autre virage à 180°, en invitant le Mouvement citoyen à reprendre langue en vue d’achever le processus de mise en œuvre de la plate-forme d’El Kseur.

C’est durant la semaine dernière que la chefferie du gouvernement a pris contact avec les représentants de l’aile dialoguiste de Bgayet et de Tizi Ouzou. Une information que nous ont confirmé Bezza Benmansour et Bélaid Abrika.

Pour ce dernier, l’on ne peut parler de reprise, du moment que la déclaration du chef du gouvernement ne leur a pas été communiquée officiellement. «Le Mouvement citoyen n’a été destinataire d’aucune correspondance pour l’informer de la décision de Belkhadem quant à l’arrêt du processus du dialogue», dira Abrika.

Quant à la date de la reprise de contacts entre les deux parties, le porte-parole des dialoguistes dira que celle-ci est sujette à une concertation entre les membres de la délégation du Mouvement citoyen. Une rencontre qui devra définir l’angle des nouveaux pourparlers. Ceux ci pourraient concerner, selon Abrika, sur le degré d’application des engagements déjà consignés dans l’accord global signé le 15 janvier 2005. Un taux d’application qui reste insuffisant, poursuit notre interlocuteur.

Dans l’une de ses déclarations publiques, Belaid Abrika avait estimé à 3% le taux de mise en œuvre des accords conclus entre le Mouvement citoyen et l’Etat algérien.

«Nous sommes inquiets quant à l’application des engagements discutés et signés dans l’accord global de Yennayer 2005», nous a déclaré le chef de file des archs.

Mais ce qui ressort le plus au sujet de la mise en œuvre de la plate-forme d’El Kseur, notamment depuis l’arrivée de Belkhadem à la tête de la chefferie du gouvernement en mai dernier, c’est que ce dernier reste campé sur le wait and see, galvaudé par «ni reniement ni application.» Une position qui a nécessité, à ne pas s’y méprendre, de jeter un ballon sonde en décrétant «l’inutilité» de poursuivre le dialogue et «attendre» la réaction des archs.

La réaction des concernés avait été des plus virulente, en qualifiant la dernière sortie publique de l’actuel chef du gouvernement quant «à la prétendue continuité du processus de mise en œuvre de la plate-forme d’El-Kseur, ne peut être imputée qu’à l’absence de volonté politique d’apporter des solutions objectives et définitives à la crise.» Les archs qui demeurent sceptiques quant à la bonne volonté de Belkhadem, qui risque à tout moment de «trahir» les engagements de l’Etat algérien, pris par Ahmed Ouyahia, alors chef du gouvernement et représentant du président de la République, veulent focaliser leur attention sur la mise en pratique des points consignés dans l’accord global.

«La réelle problématique se pose en effet, au-delà de la question subsidiaire de la fin ou non du dialogue, dans le non-respect des engagements pris au nom de l’Etat concernant, entre autres, le jugement des auteurs et commanditaires des assassinats perpétrés lors des évènements du printemps noir, le départ des brigades de gendarmerie et leur remplacement par d’autres corps de sécurité, la réparation du déni identitaire, la prise en charge effective de tamazight pour la consacrer langue officielle, le bannissement des pratiques d’abus du pouvoir et de «hogra», la promotion de la citoyenneté et l’instauration d’une véritable République démocratique respectueuse des droits de l’homme», précisent les délégués du Mouvement citoyen lors de leur dernier conclave interwilayas tenu à Boumerdès.

Il faut dire que l’actuel chef du gouvernement, qui reste très contesté par ses positions vis à vis du Mouvement citoyen au début de la crise, ne cesse de surprendre plus d’un par ses revirements de position.

En juillet dernier, soit un mois après sa prise de fonction à la tête du gouvernement, Belkhadem a réaffirmé l’engagement de l’Etat à satisfaire les revendication des Archs, lors de sa rencontre avec le comité de miser en œuvre, avant qu’il ne déclare ensuite « pourquoi la poursuite du dialogue.» Ce sont ces positions qui font craindre un «redressement» de cap en défaveur de la crise.

M.A.T.

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