Trois graphies se disputent une épreuve

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Pour la symbolique : hourra ! Ce n’est tout de même pas rien que des petits “Fouroulou’’ composent officiellement et pour la première fois depuis toujours dans la langue de leurs parents, pour la plupart et la langue de leurs ancêtres, pour les autres. L’acclamation et l’enthousiasme sont donc justifiés. Mais après cette décharge émotionnelle, il convient de s’arrêter sur l’épreuve proprement dite.

Nous retenons d’abord que contrairement aux autres matières, tamazight était la seule à avoir droit à 6 pages contenant le sujet de l’épreuve. D’emblée, les cartes sont brouillées. Le désordre s’installe dans la tête du jeune adolescent. Il finira quand même par comprendre que les trois feuillets traitent en fait d’un même sujet dans trois variantes et trois graphies différentes. La première page (1/6) annonce avec en-tête officiel et en arabe la nature de l’épreuve et sa durée. Encadré, le texte de Amar Mezdad est transcrit en arabe dans la variante chaoui. Là, ouvrons une parenthèse pour souligner que les concepteurs du sujet ne se sont pas limités à transcrire le texte de Mezdad avec la graphie arabe : ils l’ont aussi ‘’traduit’’ en chaoui, sans pour autant que le nom de l’auteur de la traduction ne soit mentionné. Ainsi, « zig deg taddart i nezdegh’’ devient “zik dag qawar mani nattili’’ Première transgression. Le verso (6/2) du premier feuillet contient les questions. Le deuxième feuillet (3/6 et 4/6), traitant toujours du même sujet et sans en-tête concernant de la nature de l’examen (deuxième transgression), est noirci de tifinagh. Amar Mezdad est cette fois-ci ‘’traduit’’ au mouzabit par un fantôme.

Le troisième et dernier feuillet (5/6 et 6/6) est consacré à la variante kabyle et est supporté par la graphie latine. Là aussi pas d’en-tête. Juste le titre du texte, le texte et le nom de l’auteur. Ce dernier est cependant réellement l’auteur de son “Adris’’.

Il n’échappera à personne que le positionnement des trois graphies n’est pas fortuit. Implicitement, l’Education nationale, donc l’Etat, réitère son option pour la graphie arabe essentiellement et pour le tifinagh éventuellement en espérant que, le cas échéant, le tifinagh serait le terrain d’entente.

T. Ould Amar

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