A quand le réveil des politiques ?

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Cet état de fait, interprété par beaucoup comme une simple halte transitoire, était constaté, pourtant, il y a plus d’une année, lorsque les différents acteurs politiques ont rompu, d’un “commun accord”, avec les animations populaires. Les formations qui se proclament à fort ancrage dans la région ont été incapables de produire une véritable cadence d’activités, ni même d’exécuter le moindre planning politique, aussi léger soit-il. Au moment où le RCD s’est carrément écarté de la scène politique locale, le FFS, lui, a décidé de ne se manifester que pour alimenter des débats ayant trait à des polémiques conjoncturelles, comme ce fut le cas dernièrement à l’occasion du “très probable” renouvellement des instances élues. Est-t-il encore nécessaire de rappeler que l’écrasante majorité des réunions tenues par ces partis ont traité, à titre prioritaire, des volets organiques, organisationnels ainsi que le fonctionnements interne des structures locales. L’on est donc loin, très loin, des temps des week-ends politiques à forte adhésion populaire, ou des mythiques meetings de proximité qui assuraient, à eux seuls, un entrain politique des plus intenses. Cet état d’immobilisme tous azimuts, est aggravé par la position adoptée par les autres partis représentés dans les collectivités locales. Le RND et le FLN, pour ne pas les citer, ont tout simplement opté pour la discrétion et la réserve depuis que leur élus ont réussi l’exploit de glaner quelques sièges communaux. Dépourvus de véritable assise populaire, ces formations n’ont, a aucun moment, osé se produire en public. Même leur animations consacrées à la promotion du projet de l’amnistie générale se sont déroulées dans un cadre exagérément restreint, puisque les invités et les participants étaient, à chaque fois, soigneusement sélectionnés pour faire bonne figure. La seule fois où les élus de ces deux partis se sont départis de leur claustration, c’était pour faire preuve d’une incroyable irrésolution quant à leur départ ou pas des sièges qu’ils occupent depuis octobre 2002. Leur déclarations contradictoires à ce propos ont implacablement fragilisé leurs positions actuelles sur l’échiquier politique kabyle. Constatons, toutefois, que la plus “forte” baisse de régime était et l’est encore aujourd’hui décelée chez le mouvement des archs qui s’affiche comme érinté par quatre années de contestation. La cadence infernale des conclaves auxquels étaient soumis les délégués ne sont plus à l’ordre du jour. Les fameux sit-in, rassemblements et autres meetings populaires sont devenus très espacés, et leur tenue ne dépendent, là encore, que de quelque évènements de conjoncture. Pour mieux illustrer cet état de fait, il suffirait juste de rappeler que dernier conclave de la CADC remonte à plus de deux mois, et que, mieux encore, l’écrasante majorité de ceux tenus cette année ont été exclusivement consacrés au processus du dialogue, et aux états d’avancement des pourparlers. Renonçant à l’une de leur tradition les plus typiques, les archs ne communiquent plus via les déclarations sanctionnant les travaux d’un conclave, mais c’est par le biais de conférences de presse-organisées de préférence à la capitale – que les délégués du mouvement s’expriment désormais. L’on pourrait, bien évidement, remettre cela sur le compte du revirement, très inattendu du reste, du contexte politique dans lequel évoluaient les archs qui se sont engagés dans une toute nouvelle optique. Après l’enclenchement du dernier processus de mise en œuvre de la plate-forme d’El Kseur, le mouvement a réclamé haut et fort son souhait de transformer la mécontentement populaire en une contestation qui s’exerce … dans les institutions.Qu’à cela ne tienne, et on dépit de cette multitude d’indices qui reflètent, ont ne peut mieux, le marasme politique dans lequel la Kabylie semble s’engouffrer, il est toutefois imprudent d’affirmer que la région a enclenché un processus de désintéressement définitif à la chose politique. Si les autorités décident d’y tenir les élections partielles, les vieux démons se réveilleront assurément. La Kabylie aussi.

Ahmed Benabi

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