La déshérence (Nnger) dans la poésie de Lounès Matoub

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L’étudiante a été encadrée par Saïd Chemakh, docteur d’Etat en linguistique berbère. La chercheuse a choisi quatre chansons à étudier : “Attan n mmi” (la maladie de mon fils), “Tarewla” (la fuite), “lhif N’nger”. Pour Djazia Megouda, la desherence) et “A baba ruh” conception de la notion de la déshérence chez Matoub Lounès est la disparition de l’origine d’un individu ou d’un groupe social. Pour cette universitaire, Matoub partage la même conception de la notion “Nnger” avec la société kabyle. Enfin, le Rebelle a interprété “Nnger” comme une maladie sans remède qui dépasse le pouvoir et la volonté de l’individu. Elle indique que les études portant sur le thème de la déshérence sont pratiquement rares dans le domaine de la recherche littéraire berbère. C’est ce qui a incité Djazia à réaliser cette étude. Le thème “Nnger” est également très sensible et tabou à telle enseigne que certains évitent carrément d’en parler. Enfin, Djazia Megouda précise que Matoub Lounès le plus grand chanteur de Kabylie, sa thématique est diversifiée. “Elle nous a poussé à faire une tentative d’analyse thématique à cette partie de sa poésie chantée”.

Les quatre chansons choisies ont été écrites dans un espace de douze années (1985, 1989, 1996 et 1997). Pour mener sa recherche, l’universitaire explique qu’elle a tenté de cerner le concept de “Nnger” dans la société kabyle à travers le discours de quelques écrivains et chercheurs dans le domaine à l’image de Pierre Bourdieu, Mouloud Mammeri, Mohand Akli Hadibi, J-M-Dallet, Roger Jérôme, etc. Dans le manuscrit en question, une biographie du poéte Rebelle est donnée en se focalisant sur sa vie privée, notamment ses trois mariages ne lui ayant pas permis d’avoir des enfants. Djazia rappelle qu’à ses débuts dans la chanson, Matoub a été très marqué par Slimane Azem, Cheikh El Hasnaoui, Dahmane El Harrachi et Hadj Mhamed El Anka. ajoutant que la poésie de Lounès Matoub a accordé de l’importance à chaque personne dans son combat avec la vie quotidienne. Elle cite le Rebelle qui déclarait : “Dans mes chansons passés ou actuelles je donne toujours voix aux revendications de l’homme de la rue. J’ose y clamer tout haut ce que revendique tout bas le peuple. C’est une poésie réaliste qui vient de la rue, il est donc normal qu’elle retourne à l’homme de la rue à qui elle est destinée. Je raconte la vie des pauvres gens de l’Algérie profonde”. Djazia explique encore que Matoub a abordé plusieurs thèmes : Les droits de l’homme, la politique, le quotidiene ou de l’individu, l’histoire “Rien qu’en décortiquant la poésie de Matoub, on peut relire l’histoire de l’Algérie depuis la guerre de l’indépendance. Il redit deux figures importantes de l’histoire des berbères à savoir la fondation de l’Etat par Massinissa et la résistance de la Kahina. Les évènements politiques comme la situation économique sont décrits avec précision ; la revendication berbère est un thème, récurrent dans sa poésie.Il glorifie la mère, l’amour impossible et contrarié, la mort ; il dénonce la violence et surtout la guerre, la souffrance des mères ayant perdu leurs enfants…”

Et d’ajouter : “Matoub a une vision triste du monde, mais sans verser dans le pessimisme, celle de l’amour de la vie. Il a abordé aussi le problème de l’impuissance sexuelle ou la stérilité qui engendre Nnger”.

Dans son étude, l’universitaire décortique les vers des chansons de Matoub inhérents à la thématique choisie. Elle redonne à chaque mot et à chaque strophe sa signification.

Treize autres chansons où le thème de la déshérence est effleuré sont aussi étudiées dans ce mémoire à l’exemple de Tirgin, Tarwa Lhif, Sadia, Tatut, Qurent tregwa etc. La soutenance de Djazia Megouda est prévue ce mardi 18 septembre 2007 à 9h à l’université de Tizi Ouzou.

Aomar Mohellebi

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