Démocrate jusqu’à son dernier souffle

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L’homme était de ces rares politiques impliqués dans la gestion des affaires de l’Etat, qui affichait publiquement ses positions démocratiques et anti-intégristes. Il avait beau être ministre, il abondait en déclarations très critiques non seulement contre l’ex-FIS qui entamait sa dangereuse ascension, dès le début des années 90, mais aussi contre le Pouvoir de l’époque dont il déplorait l’ambiguïté et les divergences en son sein, quant au traitement de la donne islamiste.

Dès le premier tour des élections de 91, remportées par l’ex-FIS, Belkaïd, fut l’un des très rares hommes politiques d’Etat à avoir exprimé publiquement son refus de la mort de la République au profit d’un Etat islamique que consacrerait la mascarade du scrutin. Non seulement en paroles mais en actes, ( il a été de la fameuse marche du 10 mai 90), il reprochait au Pouvoir l’état de banalisation dont profitait l’intégrisme qui a fini par se traduire en une insurrection armée et barbare qu’en militant de la cause républicaine et démocratique, il a continué et combattre.

Belkaïd, durant les premières années de la folie meurtrière du terrorisme, ne se contentait pas d’assumer clairement et publiquement son appartenance au camp des républicains mais il portait également le message de sa famille politique jusqu’au sein de la puissante ONM, dont il était un membre influent. Trait de caractère atypique d’un homme politique d’Etat, l’absence remarquée lors de ces déplacements, de gardes du corps, ce qui a dû faciliter la sale besogne de ses assassins.

Le 28 septembre 95, sortant d’une réunion de l’ONM, il est assassiné au Square Port Saïd, à Alger. Une voix illustre du camp des démocrates s’est éteinte, au moment où elle était de plus en plus écoutée, tant l’homme jouissait à tous les égards d’une incontestable crédibilité.

Son objectif autant que son discours ne visaient pas moins que l’unité du peuple et de la société contre l’intégrisme religieux et le souci permanent qu’il ne manquait jamais d’évoquer, de préserver la pérennité de la République. Belkaïd était d’autant plus de ces politiques aux convictions démocratiques authentiques que celles-ci ne semblent pas avoir été altérées par une longue expérience des affaires de l’Etat. En 1986 il a en effet été successivement, ministre du Travail, de l’Education en 1987, de l’Intérieur entre 1987 et 88, puis ministre de l’Information et de la Communication en 1990.

H.O.

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