Le chef de daïra déclaré persona non grata

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De notre envoyé spécial : Mohamed Bessa

Des commerces timidement rouverts, des agents de la municipalité qui procèdent aux nettoiements et la réapparition des agents de l’ordre public aux côtés des forces anti-émeutes.

La matinée d’hier ressemblait à une journée de début de printemps avec ses frêles bourgeons et ses timides gazouillements.

Mais alors que l’accalmie, qui s’est installée depuis avant-hier après-midi, prélude à la fin des hostilités intercommunautaires, l’attitude de l’administration et de la police ne cesse d’être stigmatisée par les notables de la ville de Berriane. Comme d’ailleurs par la majorité des élus locaux (APC et APW). Ils demandent purement et simplement le départ du chef de daïra accusé de faire le jeu des  » Arabes « , un mot dont chacun use ici sans gêne aucune.

Avant-hier soir, ils avaient eu à exposer leurs griefs de vive voix au ministre délégué aux Collectivités locales lors d’une réunion tenue au siège de la wilaya de Ghardaïa.

Conduite par Daoued Bourguiba, professeur à l’université de Laghouat, la délégation mozabite a stigmatisé la passivité et le parti pris anti-mozabite des Unités républicaines de sécurité (URS) et l’  » irresponsabilité  » du chef de daïra. Un chef de daïra qui s’est subitement ravisé après avoir accepté de nous recevoir.

La rencontre avec Ould-Kablia semble être un semi-échec. Si le ministre a indiqué que le meurtrier de Omar Kerrouchi, assassiné samedi, a été placé sous mandat de dépôt et que l’enquête se poursuit pour ce qui est de celui de Bachir Benzït, il semble avoir botté en touche sur beaucoup d’autres questions. « La question du désarmement des citoyens est très épineuse », confiera-t-il à Daoued Bourguiba.

L’ex-chef du gouvernement Abdelaziz Belkhadem avait, quatre jours après les évènements du 19 mars 2008, pourtant promis de retirer toutes les armes à feu.

Ould Kablia promet aussi, selon toujours la même source, d’ouvrir une enquête sur le comportement de la police et de procéder à la mutation du chef de daïra  » si une telle mesure s’avérait utile pour l’apaisement « .

Pourtant, les élus municipaux ont déjà clamé leur refus de toute collaboration avec le chef de daïra. Et il est d’ores et déjà déclaré persona non grata aux funérailles des deux  » martyrs  » (le mot est des notables mozabites) prévues incessamment.

Un moment d’émotion paroxystique qui risque de rallumer les mèches. Daoued Bourguiba et ses pairs comptent d’ailleurs sur le corps de la Gendarmerie nationale pour faire en sorte que les choses se déroulent dans la calme.

Des gendarmes unanimement salués par les Mozabites pour avoir réussi à ramener un semblant de calme là où la Police aurait joué les pompiers pyromanes.

M. B.

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