Ça se dégrade dans les gradins !

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Les nostalgiques des années d’or ou l’équipe kabyle drainaient les foules à chacune de ses apparitions sur le tartan du 1er-Novembre, se souviennent certainement de la fameuse équipe du Jumbo-Jet, des années quatre-vingt qui écrasait tout sur son passage. La saison 1985/86 restera à jamais gravée dans les annales : un doublée, coupe et championnat, agrémentés d’une kyrielle de records qu’aucun club ne peut égaler de sitôt. A cette époque, tous les Kabyles où qu’ils se trouvent ne vibraient que pour les trois lettres : JSK. Les supporters venaient des quatre coins de la Kabylie, non seulement admirer leurs joueurs mais surtout défendre une cause : l’identité berbère. Un idéal partagé par les joueurs et les dirigeants de l’époque. Les Menad, Fergani, Bahbouh, Larbès dans les années 1980 suivis ensuite par les Meddane, Saïb, Amrouche dans les années 1990, ont quitté leurs clubs respectifs pour signer avec la JSK non pas pour de l’argent ou la gloire mais surtout par devoir et seul le maillot Jaune et Vert pouvait les booster dans leur carrière. Djamel Menad qui faisait les beaux jours du CRB n’avait t-il pas  » fui  » son club pour jouer à la JSK ? Moussa Saïb, champion d’Afrique en 1990 avec les Verts à 20 ans et maître à jouer de la lointaine JSM Tiaret, n’a-t-il pas signé une double licence et failli passer une année blanche rien que pour porter l’étendard Jaune et Vert ? Ces exemples de joueurs attachés aux couleurs de la JSK étaient légion. Les supporters vivaient en communion avec leur équipe.

 » Lorsque je rentre sur le terrain et en voyant autant de monde chanter la gloire de la JSK et en kabyle SVP, j’avais toujours la chair de poule.  » Cette confession de Achour T. un quinquagénaire de la belle époque résume, à elle seule, le degré de l’attachement des supporters à leur équipe. Que pense Dda Achour de la JSK et de son environnement actuel ? « Aujourd’hui, je ne me reconnais plus dans cette JSK. Tout a changé. Les joueurs font de l‘équipe un centre de transit, certains supporters trouvent le culot de débiter des chansonnette importée d’autres régions et aux connotations islamistes. C’est quoi ce Allah Akbar que j’entend fuser dans les gradins du stade du 1er-Novembre pour louer les mérites de tel ou tel joueur ? Désolé je ne suis plus branché « . Cette confession amère revient telle une rengaine dans la bouche de nombreux supporters. Le divorce d’avec leur équipe est consommé. Non pas qu’ils n’aiment pas la JSK mais ils détestent son environnement. Pour s’en rendre compte, il suffit de faire un tour au stade le jour d’un match. Les gradins ne font jamais le plein sauf en cas de match à grand enjeu. Les raisons sont connues. D’abord, il y a le niveau de l’équipe devenu quelconque. Si la JSK de la belle époque suscitait la crainte de tous ses adversaires, qui se déplacent à Tizi afin de limiter les dégâts, aujourd’hui le supporters kabyles se tiennent le ventre et prient tous les saints pour que leur équipe gagne au moins par un à zéro quel que soit l’adversaire.

Il est donc impossible de convaincre un puriste de la balle ronde de faire un déplacement de plusieurs kilomètres pour assister à une partie de pousse-ballon car tout le monde le reconnaît ; les supporters de la JSK sont des connaisseurs qui ne peuvent jamais se satisfaire d’une équipe gagne-petit. A la JSK, les supporters viennent d’abord pour admirer le spectacle et surtout constater de visu ? leurs joueurs mouiller le maillot. Quel est ce joueur qui peut se targuer aujourd’hui de signer à la JSK par amour des couleurs ?

Le constat est établi. Le stade du 1er-Novembre n’attire plus de supporters. Cela est peut-être valable pour tous les stades du pays, mais celui de Tizi-Ouzou est devenu infréquentable car nombreux sont ces irréductibles et tous ces laisser-pour-compte qui n’ont que le foot pour se défouler à ne plus pouvoir mettre les pieds au stade. Les conditions sont déplorables. Pas de sièges ni de sanitaires encore moins de buvettes. L’insécurité est l’autre point noir qui fait fuir les fans. Les voyous sont aujourd’hui plus nombreux à prendre place dans les gradins que les véritables supporters. Ces derniers se sont résignés, la mort dans l’âme à ne plus aller au stade. Cette situation, tout le monde la connaît mais aucun responsable n’a essayé d’y remédier. Voici une situation qui devrait faire réfléchir la direction de la JSK à créer un véritable comité de supporters, qui aura pour tâche d’organiser, orienter et surtout sécuriser les milliers de supporters qui n’ont que la JSK pour étancher leur soif de liberté. Malheureusement, les différentes tentatives de monter ce genre de projet ont vite échoué pour la simple raison qu’au niveau des dirigeants, les supporters sont la cinquième roue de leur charrue. On ne veut pas les voir s’impliquer dans la vie de leur club car tant que les supporters sont loin, mieux vont les  » affaires  » de tous ceux qui rodent autour de l’équipe.

A. C.

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