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Tétouan, calme et charme

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Plusieurs photographes avec des appareils professionnels, accrochés à la poitrine, sont là. Ils sont aux aguets. Des femmes, qui arrivent avec leurs petits enfants, veulent prendre des photos. Les mômes se mettent alors sur de petites motos. Et…flash! Cette scène se répètera des centaines de fois en cette soirée du vendredi 14 août. Le boulevard Mohamed V est fermé à la circulation automobile. Malgré cela, pour marcher, les piétons éprouvent des difficultés. Parfois, la procession s’arrête carrément. On se croirait dans une marche populaire. Deux trottoirs et toutes la chaussée n’ont pas suffi pour contenir toutes ces familles. Tous les dix mètres, il y a un policier ou un makhzen. La ville est sous haute surveillance. Il parait qu’elle s’apprête à abriter un événement important. Des éléments des services de sécurité ont fermé la route qui mène vers le palais du Roi, le site touristique le plus convoité. La Médina aussi est une cité interdite aujourd’hui. Les citoyens par contre marchent sans arrêt. Des centaines de « trabendistes » étalent leurs marchandises sur la chaussée. Devant les policiers. « Cette activité est tolérée », nous dit un touriste français attablé avec nous à une terasse. Il n ‘ y a pas que les hommes qui vendent des marchandises diverses sur les trottoirs de Tétouan. Les femmes aussi sont des vendeuses à la sauvette.

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Comme Alger, Tétouan la BlancheNous arrivons à Tétouan aux environs de 14h. La ville est moins peuplée. Quand le bus s’approche de Tétouan, nous constatons avec surprise que la totalité des bâtiments et édifices sont peints en couleur blanche. Hormis la caserne militaire, qui est une vieille construction. Sa couleur est verte. Tétouan, à cause de cette spécificité, est surnommée La Colombe blanche. Nous sortons de la gare routière, une chaine de montagnes embrasse notre regard. Elles ressemblent aux montagnes de Kabylie mais elles sont plus petites. Contrairement aux autres villes marocaines, Tétouan n’est pas plate. Elle ressemble à la vieille ville de Bougie, la mer en moins. Pour avoir la latitude d’admirer la mer, il faut aller à Martil, une ville miniscule située à 10 km à l’est de Tétouan. Elle est dotée d’un agréable port de pêche. Sa proximité de la ville de Tétouan ainsi que son cachet font de Martil une station balnéaire fort agréable. C’est à bord d’un vieux bus que nous nous sommes rendus à Martil. Il a fallu plus d’une d’une demie-heure et trois dirhams pour traverser les dix kilomètres. Le véhicule se déplaçait difficilement surtout lorsque la chaussée monte. Martil est aussi calme que Tétouan. A onze heures, la plage est déjà pleine. Elle est d’une propreté impeccable. Elle est aussi très vaste. Les baigneurs n’ont pas la manie de se déplacer tout au long de la plage, évitant ainsi de créer une anarchie. Chacun occupe sa place.Tranquillement. Comme dans toute les plages, des cafétérias et des restaurants ne manquent pas à Martil, les hôtels non plus. Mais les prix sont effarants. Un jus, coûtant 8 dirhams à Tétouan, fait ici 15 dirhams.

Une ville bouillonnante de calme Heureusement que nous avons été avertis au préalable sur cette différence dans les prix pratiqués. Martil n’est pas la seule plage qu’on peut trouver à Tétouan. Le guide en indique d’autres : »En empruntant la route en direction de Sebta, de nombreuses plages de sable doré sont aménagées pour votre plus grand plaisir. Les nombreux hôtels semblent avoir été conçus avec un souci constant d’intégration dans le paysage. Les restaurants et les clubs de vacances sont nombreux. Offrez-vous le plaisir de déguster à deux pas de la plage superbe, un magnifique poisson, fraîchement sorti de la mer par ces pêcheurs qui affrontent la mer sur de frêles esquifs ou taganabout. Vous pourrez sans aucun doute passer quelques agréables jours de détente en bord de mer, à Cabo Negro, à Kabila, ou à Marina-Smir, par exemple ». La ville de Tétouan est la plus calme de toutes celles que nous avons visitées jusque-là. Ici nous sommes loin du brouhaha de Tanger ou de celui de Casa. Plutôt que d’être une petite ville, Tétouan est un gand village. La cité est coquette. Son charme conviendrait parfaitement aux amoureux en quête d’un nid provisoire. Les hôtels sont disponibles et à des prix raisonnables. L’hôtel Cosmopolite, situé en face du musée ethnographique de Tétouan, propose de belles chambres à seulement 70 dirhams.

Dans les amphores, un glorieux passéTétouan a un passé très riche. Ses bâtisses sont un témoin vivant et permanent de cette histoire glorieuse. Les origines de la ville se perdent dans la nuit des temps, les objets extraits des fouilles datent du IIIe siècle avant notre ère et proviennnent de la ville antique de Tamuda. « Les Phéniciens établirent en leur temps un comptoir à l’embouchure de l’oued Martil. C’est en 1307 que le sultan Mérinide Abou Thabet fit construire la ville fortifiée de Tetouan. Le but avoué de ce sultan était d’y construire une base avancée susceptible de récupérer Sebta. Peuplée de soldats, la ville devint rapidement un nid de redoutables corsaires. Face à leurs incessantes attaques, les Espagnols débarquèrent à Tetouan et la détruisirent en représailles. En 1492, la chute de Grenade chasse du sud de l’Espagne des milliers d’émigrés Musulmans qui s’installèrent sur les ruines de la ville: elle renaît alors de ses cendres et connaît un essort fastueux. Sous le régne de Moulay Ismaïl au XVIIIe siècle, Tetouan connaït un nouveau développement économique dû à ses nombreux échanges avec l’Occident ».Un seul point noir dans cette ville: la gare des bus est dans un état lamentable. L’horloge de cette station est bloquée à 7h 40 min. Et les billets se vendent dans un climat d’anarchie totale. Une autre gare, à la hauteur du prestige de la ville de Tétouan, ne serait pas de trop.

A. M.

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