Les fusillés de Aïn Bessem / Un témoin raconte

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En cette commémoration du cinquante-sixième anniversaire de la proclamation de la guerre de Libération nationale, Aïn Bessem, ville aux mille martyrs, et à l’instar de toutes les villes du pays, se souvient du 1er Novembre 54 avec fierté dignité et aussi avec amertume car s’il y a des pages qui méritent d’être tournées, déchirées, jetées ou même brûlées, les crimes du colonialisme sont une encyclopédie de crimes qui restera toujours ouverte, pour les générations futures afin qu’elles sachent que notre indépendance a été arrachée au prix fort ; plus d’un million et demi de morts. Aïn Bessem, cette ville martyr se souvient de l’abominable crime, commis contre des civils. Pour plus d’informations, nous nous sommes rapprochés de l’un des rescapés du crime, à savoir M. Chettar Slimane, qui nous avait dit : “C’était le 28 juillet 1958, jour du marché que le crime a été commis par la main assassine du colonialisme, avant cette date les moudjahidine avaient attaqué la ville d’Aïn Bessem en ciblant la pharmacie du colon Guilot où ils avaient pris tous les médicaments, ensuite ils sont allés mettre le feu à la station d’essence du colon Pich Berty. En quittant la ville vers les coups de minuit, nos moudjahidine ont tiré des coups de feu dans l’air, une manière d’humilier le 27e dragon composé de plus de 120 soldats français, qui avaient refusé de sortir de leur caserne, sise en ville pour affronter les moudjahidine… trois jours après cette attaque, le 28 juillet, le colonialisme avait arrêté plus de 150 civils. Nous avons été emmenés à la prison du 410. Après des jours d’interrogatoires et de torture, nous avons été transportés au 2e berceau à Sour El Ghozlene, chez le général Maison Rouge, c’étai là ou j’ai rencontré deux valeureux martyrs : chahid Ait Kaid Mahmoud et chahid Mihoubi Brahim que le colonialisme avait exécutés, après plusieurs jours de torture. Les deux martyrs, ligotés, avaient été jetés du haut d’un hélicoptère… Quant à nous, nous sommes retournés par camion militaire à la ville d’Aïn Bessem où toute la population a été emmenée de force devant le mur de “La Remonte”. Là 10 civils, les mains menottées, les pieds enchaînés, ont été lâchement assassinés… au vu de tous les citoyens d’Aïn Bessem.

Kamal Ladjal

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