Appréhension d’un été rude !

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La faiblesse de la pluviométrie durant les quarante premiers jours de l’année en cours laisse présager un été très difficile.

D’ici juillet, les prévisions météorologiques ne prévoient que 28 jours de pluie, dont seulement trois en ce mois de février. S’il est un peu trop tôt pour déclencher la sonnette d’alarme contre le risque de sécheresse, d’aucuns craignent que l’année 2020 soit pire que 2017 en terme de précipitations. Depuis le 1er janvier dernier, seulement 394 mm de pluie ont été enregistrés dans la wilaya de Tizi Ouzou, contre 438 mm en janvier 2019. Durant toute l’année 2019, la station de météorologie locale a enregistré 850 mm, dont 220 mm rien qu’en novembre dernier, soit 120 mm de plus que la moyenne pour ce mois d’automne. Des précipitations qui ont permis, néanmoins, aux barrages et retenues d’eau d’emmagasiner des quantités suffisantes pouvant permettre la disponibilité de l’eau dans les robinets mais avec «parcimonie», avertissent les spécialistes. «Nous sommes en train de vivre un mois de février sec, et il n’y a rien qui prédit, pour le moment, que la situation va s’améliorer dans les deux mois à venir», constate l’hydrologue, Malek Abdeslam.

Invité hier sur le plateau de Radio Tizi Ouzou, l’enseignant et chercheur universitaire avertit quant aux jours difficiles qui nous attendent si cette situation climatique se poursuit dans les semaines, voire les mois, à venir. Chiffres à l’appuie, l’invité du journaliste Akli Beldjoudi affirme qu’en janvier 2019, la wilaya de Tizi Ouzou avait enregistré 185 mm de pluie : «C’était 50% de plus que les années d’avant alors que le mois de janvier dernier, nous avons enregistré 50% de moins que la moyenne», a-t-il expliqué. La baisse du niveau du barrage Taksebt, qui alimente faut-il le rappeler une grande partie de la wilaya de Tizi Ouzou ainsi que plusieurs villes des wilayas de Boumerdès et de l’Est d’Alger, «est tout à fait normale, bien qu’elle soit ralentie par d’importantes quantités de pluie observées durant le mois de novembre 2019».

Avec 64% de niveau de remplissage du barrage de Taksebt, d’aucuns parmi les spécialistes préconisent d’ores et déjà une «gestion parcimonieuse de l’eau emmagasinée dans ce barrage, avant que la situation ne devienne ingérable durant l’été». «Devant la difficulté, voire l’impossibilité, de prédire s’il va pleuvoir ou pas dans les jours ou semaines à venir, et avec quelle quantité de pluie, il est plus judicieux de commencer à rationaliser la gestion de l’eau, d’autant plus que l’agriculture consomme plus de 70% des réserves d’eaux disponibles», a recommandé Malek Abdeslam. Et de poursuivre : «Nous devons dès à présent faire attention à notre consommation d’eau en évitant, autant que possible, de la gâcher». L’urgence pour cet hydrologue exige aussi l’adoption des nouvelles techniques d’irrigation pour économiser l’eau et rationaliser son usage dans l’agriculture qui demeure une grande consommatrice de cette matière vitale.

«La sécheresse absolue n’existe pas»

L’universitaire, qui a écarté tout alarmisme, indique néanmoins que les prévisionnistes météorologiques mondiaux ont prédit une année chaude : «L’année 2020 sera de chaude à très chaude», dira-t-il, non sans rappeler qu’il est «nécessaire, voire impératif, de bien gérer la ressource actuellement disponible, quitte à faire des restrictions». Et de souligner encore une fois que «tant que nous ne pouvons rien prédire pour les deux à trois mois à venir, même si ce sont habituellement des mois pluvieux, rien n’est moins sûr». Et de rappeler que les phénomènes climatiques sont imprévisibles et que l’homme n’a aucune emprise sur eux, d’où «la nécessité de faire preuve de prudence et de rationalité».

À en croire des prévisions établies par un établissement météorologique européen, la région Centre du pays, comprise entre Alger et Tizi Ouzou, ne connaîtra que trois jours de pluies durant le mois en cours. Il s’agit de quelques précipitations annoncées pour les 18, 20 et 21 février, alors que durant le mois de mars, neuf jours pluvieux sont attendus, contre sept jours en avril et sept autres jours en mai, contre deux jours seulement en juin. En revanche, ce qu’il n’est pas possible de prévoir, ce sont les quantités qui vont s’abattre durant ces journées pluvieuses, ce qui rend difficile de savoir si les barrages vont se réalimenter en prévision de la saison des chaleurs ou pas. Le même site prévoit, par ailleurs, 32 jours de pluie de septembre à décembre prochains. «En ce qui concerne l’Algérie, notamment le Nord, il est presque illogique de parler de risque de sécheresse absolue, de par sa proximité avec la mer méditerranée», souligne encore l’invité d’Akli Beldjoudi. L’hydrologue s’appuie surtout sur des données météorologiques récoltées depuis 1864, – date des premiers prélèvements météorologiques à Tizi Ouzou -, qui ne signalent aucune année de sécheresse depuis lors.

M. A. T.

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