Ces chutes de tension qui agacent !

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Depuis le début de l’été, notamment en ces jours caniculaires, plusieurs localités à travers la wilaya de Tizi-Ouzou se plaignent des chutes de tension et des coupures récurrentes d’électricité.

Les citoyens râlent et n’hésitent pas à interpeller les autorités locales. Ils organisent même des actions de protestation et procèdent à la fermeture des routes.

A rappeler que la wilaya de Tizi-Ouzou avait bénéficié de deux programmes pour endiguer le problème des coupures d’électricité et des chutes de tension pour un montant global de 4,3 milliards de dinars englobant le raccordement de 10 042 foyers. Dans le 1er programme 2010/2014, un montant de 1,68 milliard de dinars a été réservé au raccordement de 4 742 nouveaux foyers. Il a été réalisé à hauteur de 70,36 %.

Dans le second programme, dit «complémentaire», d’un montant de 2,66 milliards de dinars, 5 300 foyers sont désormais alimentés en énergie électrique. Mais plusieurs opérations ont été différées à cause de la chute des prix du pétrole sur le marché mondial.

A signaler que le taux de couverture en électricité était de 98,41%, en 2018. La croissance de la demande en énergie électrique, en été mais aussi en hiver, a nécessité la mise en œuvre d’un programme de réalisation d’infrastructures électriques. L’installation de neuf postes transformateurs de haute et très haute tension étaient prévue à travers neuf communes de la wilaya.

Un programme de lignes de haute tension, de transformateurs de basse et moyenne tension et de lignes de secours a été initié par la Direction de la distribution. Hélas, le problème des chutes de tension et des coupures de courant ressurgit. Des projets ayant coûté des montants colossaux ont certes été réalisés mais les citoyens ne sont pas près de voir le bout du tunnel.

La qualité du service est loin d’être des plus apaisants. Plusieurs maires et citoyens à travers les différentes localités de la wilaya de Tizi-Ouzou dressent, hélas, un constat alarmant et la SDC (société de distribution du centre) est pointée du doigt par les différentes parties.

A Maâtkas, les nerfs des citoyens à rude épreuve !

A Maâtkas et Souk El Tenine, les chutes de tension et les coupures de courant électrique sont récurrentes. Au chef-lieu de Souk El Tenine, par exemple, les citoyens et les commerçants, approchés, déplorent cette situation qui perdure depuis de nombreuses années.

Un vendeur de poulet et de viande congelée dira dans ce sens : «Alors que les services d’hygiène, de contrôle de la qualité et de la fraude nous mettent sous leur microscope, les chutes de tension et les coupures de courant électrique nous causent des pertes sèches. Il m’est arrivé plusieurs fois de jeter ma marchandise à cause de cela. Parfois, je ferme boutique, en attendant que la canicule passe et que l’alimentation en électricité s’améliore. Mes congélateurs, mes réfrigérateurs et mes climatiseurs ne fonctionnent pas normalement à cause de ces chutes. Du coup, mes produits sont vite avariés. On ne peut pas acheter en gros de peur que les produits s’avarient. Sans parler des pannes des congélateurs et des réfrigérateurs qui me coûtent les yeux de la tête», peste ce tenancier d’une boutique au centre ville.

La SDC est interpellée pour parer à la situation. A Maâtkas, la commune voisine, c’est la même chose. Le quotidien des citoyens et des commerçants est régulée au rythme des chutes de tension et des coupures de courant, mais aussi par la rareté de l’eau potable.

Le P/APC de Maâtkas, Lyes Laguel, indique à ce sujet : «Dans notre commune, qui totalise 45 villages pour une population de plus de 37 000 habitants, les chutes de tension et les coupures d’électricité sont récurrentes. La semaine passée, les habitants de Tajdiwt ont fermé le CW128 pour réclamer l’amélioration du réseau d’électricité. Chaque jour que Dieu fait, la population nous met la pression. Nous avons saisi la Direction de l’énergie et la SDC mais, à ce jour, nous ne voyons rien venir. Dans ma commune, depuis les années 1990, presque rien n’a été fait. Le réseau d’électricité est resté le même pendant que la ville et les villages ont grandi. Du coup, les baisses de tension et les disjonctions sont tellement répétitives qu’elles deviennent insupportables. Nous demandons aux directions concernées de nous inscrire des programmes d’extension et de renforcement pour mettre un terme à ce chaos.»

Plus loin, à Mechtras, les habitants de plusieurs quartiers souffrent le martyre.

A Boghni, à Azzefoun, à… le climatiseur ne prend pas et l’ampoule éclaire à peine, telle une bougie

A Mechtras, une commune relevant de la daïra de Boghni, le même problème est soulevé. Dans plusieurs quartiers, des chutes de tension sont observées. Les appareils électroménagers les ne fonctionnent pas correctement. Pis encore, ils tombent à chaque fois en panne. Du coup, les habitants font des va-et-vient à la mairie pour réclamer et interpeller les autorités communales. Mais leur situation ne s’améliore point.

Le P/APC de Mechtras, Omar Cheballah, abordé à ce sujet, se lâche : «Nous recevons des dizaines de citoyens quotidiennement pour le même problème : les chutes de tension. Notre mairie s’est transformée en siège de la SCD. Nous enregistrons des chutes de tension à Ihesnaouen, Thiniri, Ath Bouhamsia et au quartier Debiani du chef-lieu. Les citoyens nous mettent beaucoup de pression. A notre tour, on transmet les réclamations et les pétitions à la SDC. Mais rien n’est fait. On nous répond toujours qu’il n’y a pas de nouveaux programmes. Nous demandons à la SDC de prendre en charge ce problème, en installant de nouveaux transformateurs. Il est temps de passer à un service de qualité du moment que les citoyens paient leurs factures.»

Plus loin encore, à Aït Bouadou, une commune relevant de la daïra des Ouadhias, le même problème est également signalé : «Les chutes de tension rendent la vie dure aux citoyens des villages Aït Amar, Thakharadjit et Ourthane. Ils ne cessent de nous interpeller mais nous n’avons pas d’autre solution que d’interpeller à notre tour la SDC, qui ne fait rien pour le moment. Nous avons aussi des quartiers sans électricité, mais aucun programme ne nous a été alloué, malgré nos interpellations.»

A Tizi N’tléta, spécialement au village Aït Abdelmoumène, les chutes de tension sont quasi quotidiennes, en été comme en hiver. «J’ai acheté un climatiseur depuis plus de 10 ans. Il n’a jamais fonctionné à cause des chutes de tension. Mes autres appareils électroménagers, notamment le réfrigérateur, chauffent parfois au lieu de refroidir quand ils ne tombent pas en panne. Notre réseau d’électricité est obsolète», a regretté un habitant de Tassoukit.

Il en est de même au nord de la wilaya, notamment au niveau de la ville côtière d’Azeffoun. Une situation dont souffrent aussi bien les habitants que les vacanciers, surtout en période estivale.

A Timizart Loghbar comme à Tala Athmane, le constat est le même

Le maire d’Azeffoun, M. Hacen Ouali, joint au téléphone, affirme : «En période caniculaire, notre ville souffre de la baisse et des coupures d’électricité. C’est un véritable calvaire auquel nous sommes confrontés à chaque saison estivale. A présent, nous avons bénéficié d’un projet de renforcement qui a atteint un taux d’avancement de 80 %. On nous a promis que le projet sera finalisé avant le début de la saison estivale mais ce n’est pas le cas. Nous demandons à la SDC de finaliser ce chantier mais à voir les échos, ce n’est pas du tout rassurant. La situation ne prête pas à l’optimisme.»

Tirmitine et Aït Chafaa, notamment, souffrent de la même situation. Même le chef lieu de wilaya n’est à vrai dire pas épargné puisque les chutes vont des ravages et agacent la population. En plein centre ville de Tizi-Ouzou, le quartier de l’OPGI est constamment plongé dans les chutes de tension. Les coupures sont aussi fréquentes et intempestives, particulièrement aux heures administratives de jour.

A Timizart Loghbar, à Tazmalt, comme à Tala Athmane, trois villages relevant de la municipalité de Tizi-Ouzou, le calvaire est le même. Les climatiseurs ne fonctionnent plus. De nuit, les ampoules électriques ressemblent à des bougies…

«Le problème a été signalé mais la SDC ne semble pas se soucier. Il y a de cela quelques jours des jeunes sont allés fixer un ultimatum d’une semaine à la SDC pour intervenir. Dans les trois jours qui ont suivis, un poteau électrique a été installé et un nouveau transformateur a été mis en marche. Ca a réglé le problème pour un quartier, mais le reste du village en souffre toujours. Peut-être qu’il faudra agir de la sorte aussi pour pousser la SDC à réagir», commente avec regret un citoyen de Tala Athmane.

Hocine T.

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