«C’est à bord de ma voiture que Mouloud Mammeri…»

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L’universitaire Malika Ahmed Zaid est connue dans le monde du combat identitaire mais le rôle qu’elle a joué, notamment durant le Printemps berbère d’Avril 1980, reste méconnu. Elle n’en a pas parlé beaucoup. Pourtant, elle était au centre des événements. Jusque-là, on a cru que les femmes étaient totalement absentes de cette première révolte pacifique en Algérie.

Ce qui est totalement faux. Malika Ahmed-Zaid a apporté un témoignage vivant et poignant lors de son intervention au colloque du MCB qui s’est tenu avant-hier et hier dernier. D’emblée, Malika Ahmed Zaid a souligné que l’écrivain Mouloud Mammeri a été le pilier autour duquel le combat identitaire pour l’amazighité s’était cristallisé. Elle a rappelé toutefois que ce combat pour la langue et culture maternelles avait débuté avec les militants de la première heure qu’étaient M’barek Ait Menguellet, Mohand Amokrane Khelifati, Amar Ould Hamouda et Benai Ouali.

Il y a eu ensuite le combat mené par le regretté militant dévoué Bahbouh Lahcène et tant d’autres, a encore rappelé Malika Ahmed Zaid. Cette dernière a souligné qu’elle a suivi toutes les étapes du combat avant de le rejoindre de plain-pied notamment en prenant attache avec l’Académie berbère de Bessaoud Mohand Arab, le groupe d’études berbères de Paris ainsi que l’Inalco dans la même ville. Ce qui a aiguisé sa fibre militante et sa volonté de se battre pour sa langue a été sa rencontre avec Mouloud Mammeri mais aussi avec les anciens militants du FFS et de la clandestinité qui étaient en négociations avec les dirigeants de ce parti pour intégrer la donne amazighe dans le programme de la formation politique en question.

Malika Ahmed Zaid, en racontant le long parcours du combat identitaire, n’a pas omis de citer Abdellah Mohia ou Mohand Ouyahia pour son apport, notamment dans la traduction dramaturgique vers la langue amazighe, ainsi que deux autres militants auxquels elle a rendu hommage, à savoir Boussad Benbelkacem et Said Boudaoud. Malika Ahmed Zaid a expliqué que ce sont tous ces militants qui ont cristallisé le mouvement d’Avril 1980 et qui lui ont permis d’exister. Et de faire une autre petite révélation : « C’est avec ma voiture que nous avons ramené Mouloud Mammeri le 10 mars, le jour où il devait animer sa conférence interdite ».

Le lendemain, c’est-à-dire le 11 mars, c’est le soulèvement ! a rappelé l’oratrice qui insistera sur l’importance capitale du séminaire des militants du MCB à Yakouren ayant permis la structuration du mouvement d’Avril 1980 ainsi que la mise en place d’une charte qui résume toutes les revendications et les idées défendues par les militants du mouvement. Par la suite, le chemin a été encore long mais les victoires n’ont pas manqué d’être au rendez-vous à chaque nouvelle étape.

A. M.

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