Gaïd Salah s’en va en guerre contre la corruption

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Le chef d’état-Major, Ahmed Gaïd Salah, a apporté, hier, son soutien à la transition constitutionnelle menée par Bensalah. Parallèlement à ce processus, le chef des armées déterre les lourds dossiers de corruption.

Dans un discours retransmis à la télévision publique, le chef d’Etat-Major s’est exprimé, à partir d’Oran, sur les derniers développements de l’actualité politique nationale, mettant en scène Abdelkader Bensalah en qualité de chef de l’Etat par intérim, chargé de mener la courte transition de 90 jours.

Sans se positionner clairement en faveur de l’ex-président du Sénat, Gaïd Salah, s’inscrivant dans la légalité, a montré son acquiescement à la ligne poursuivie avant-hier, mettant en application l’article 102 de la Constitution.

«Cette phase historique charnière et cruciale requiert, voire impose à l’ensemble des enfants du peuple algérien (…), de prendre en considération que la conduite de la période de transition nécessite un ensemble de mécanismes dont la mise en œuvre doit s’effectuer conformément à la Constitution qui stipule que le président du Conseil de la nation que choisit le Parlement avec ses deux chambres, après le constat de la vacance, assume la charge de chef de l’Etat pour une durée de trois mois, avec des prérogatives limitées, jusqu’à l’élection du nouveau président de la République», a-t-il dit.

Car, pour lui, «il est irraisonnable de gérer la période de transition sans les institutions qui organisent et supervisent cette opération, et ce, au regard des conséquences découlant de cette situation qui pourraient compromettre tout ce qui a été réalisé depuis l’indépendance à ce jour, en termes d’acquis et de réalisations qui demeurent la fierté des générations».

Tout en appelant le peuple algérien à la patience, Gaïd Salah engage, désormais, l’ANP dans le processus de transition à travers le suivi de «cette phase historique charnière et cruciale», qui «requiert, voire impose à l’ensemble des enfants du peuple algérien dévoué, fidèle et civilisé, de fédérer les efforts de tous les nationalistes en suivant la voie de la sagesse, de la pondération et de la clairvoyance, qui tient compte de l’intérêt suprême de la nation».

«Je voudrais confirmer, dans ce contexte, que la période de transition destinée à la préparation de l’élections présidentielle se fera avec l’accompagnement de l’Armée Nationale Populaire, qui veillera au suivi de cette phase, au regard de la confiance réciproque entre le peuple et son armée, dans un climat de sérénité et dans le strict respect des règles de transparence et d’intégrité et des lois de la République».

Dans un discours emprunt, par ailleurs, d’insinuations à la cessation des mouvements de protestations, le vice-ministre de la Défense nationale met en avant les effets négatifs de la protestation sur la vie socio-économique.

«Il appartient à tout un chacun de comprendre et assimiler tous les aspects et les contours de la crise, durant la période à venir, notamment dans son volet socio-économique, qui s’aggravera davantage si les positions obstinées et les revendications irréalisables persistent, ce qui se reflète négativement sur les postes de travail et le pouvoir d’achat du citoyen».

El-Khalifa, Sonatrach et le «Boucher»

Néanmoins, Ahmed Gaïd Salah dit se tenir à ses promesses à soutenir le peuple, mais dans un cadre constitutionnel.

«Je voudrais rappeler de nouveau que je me suis engagé personnellement à soutenir le peuple en cette étape cruciale et de me tenir à ses côtés, en dépit des voix qui s’élèvent aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, exaspérées par la forte cohésion entre le peuple et son Armée», et que celle-ci le fera «dans le cadre des dispositions de la Constitution et des lois de la République», soutient-il.

Pour le chef d’Etat-Major de l’ANP, le risque de déviation du mouvement populaire existe à travers ce qu’il a qualifié de tentatives de déstabilisation de la part de certaines parties étrangères, sans toutefois les nommer.

«Avec le début de cette nouvelle phase et la poursuite des marches, nous avons déploré l’apparition de tentatives de la part de certaines parties étrangères, partant de leurs antécédents historiques avec notre pays, poussant certains individus au devant de la scène actuelle en les imposant comme représentants du peuple en vue de conduire la phase de transition, afin de mettre en exécution leurs desseins visant à déstabiliser le pays et semer la discorde entre les enfants du peuple, à travers des slogans irréalisables visant à mener le pays vers un vide constitutionnel et détruire les institutions de l’Etat, voire provoquer une déclaration de l’état d’exception, ce que nous avons récusé catégoriquement depuis le début des événements».

Partant des slogans du mouvement populaire revendiquant le jugement des prédateurs des richesses nationales, le chef des armées rassure quant à la libération de la justice de toutes les contraintes, lui permettant d’ouvrir les dossiers de corruption et de dilapidation des fonds publics.

Une forme de déclaration de guerre que Gaïd Salah a lancée, hier, à travers la remise sur le tapis des grosses affaires dites El-Khalifa, Sonatrach et «le Boucher» dans lesquelles l’implication de hauts responsables de l’Etat avait été signalée.

«Nous soulignons que la justice, qui a recouvert ses pleines prérogatives, agira en toute liberté, sans contrainte aucune, sans pressions ni ordres, pour entamer des poursuites judiciaires contre toute la bande impliquée dans les affaires de détournement des fonds publics et d’abus de pouvoir pour s’enrichir illégalement. A cet effet, nous rassurons l’opinion publique que la question s’étendra à tous les dossiers précédents, comme l’affaire d’El Khalifa, de Sonatrach et du «Boucher» et autres dossiers relatifs à la corruption qui ont occasionné des pertes considérables au Trésor Public», a-t-il encore promis.

M. A. T.

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