L’apaisement !

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C’est un message d’apaisement que le président de la République a envoyé aux hirakistes à travers la remise en liberté de plusieurs détenus d’opinion, à leur tête le moudjahid Lakhdar Bouregaâ. Abdelmadjid Tebboune, qui a tendu sa main lors de son investiture, à l’effet d’engager un dialogue avec le mouvement populaire né en février 2019, prend les devants en ordonnant la mise en liberté des détenus d’opinion. Son geste, bien qu’il ne soit pas directe, est entamé par la fin des poursuites lancées à l’encontre d’un groupe de détenus pour port de drapeau amazigh qui avaient, néanmoins, purgé leurs peines d’emprisonnement.

Le fait que ces détenus aient été condamnés à des peines déjà purgées en détention préventive est perçu par certains comme une décision politique visant à mettre fin aux épisodes judiciaires, discutables en somme sur le plan de droit. Ainsi, jeudi, c’était la fin de l’emprisonnement provisoire -qui s’est allongé dangereusement- de Lakhdar Bouregaâ, convoqué à comparaître en mars en prévenu libre. Aussi pas moins de 75 détenus d’opinion de plusieurs wilayas, dont Alger (51 détenus), Oran (2), Chlef (6), Oued Souf (4), Tissemsilt (1), Constantine (3), Boumer dès (1), Taref (2), Tlemcen (2) et Tipaza (2), en plus du général à la retraite Hacène Benhadid, ont été relâchés, selon un communiqué du ministère de la Justice.

L’ancien ministre de la Communication, Abdelaziz Rahabi, repris par l’APS, estime que «la libération de Lakhdar Bouregâa et les autres détenus d’opinion constitue un signe positif qui pourrait participer à la mise en place des mesures de confiance et d’apaisement sans lesquelles aucune sortie de crise ne peut-être valablement engagée». Pour Rahabi, «la stabilisation de la situation en Algérie, aussi urgente que nécessaire, appelle le président de la République à prendre des mesures certes courageuses, mais qui relèvent de ses prérogatives constitutionnelles de chef d’État, garant de l’unité de la Nation et de la stabilité du pays».

Pendant que plusieurs entités de la société civile et partis politiques émettent leurs conditions pour se lancer dans des pourparlers devant aboutir à un dialogue pour sortir de la crise politique, des personnalités indépendantes continuent d’exiger l’envoie des signaux sincères et positifs à l’adresse du peuple algérien, notamment en direction des détenus d’opinion dont certains continuent de croupir dans les prisons.

Abdelaziz Rahabi continue, d’ailleurs, de camper sur sa position de la nécessité de donner satisfaction aux revendications du peuple avant de parler dialogue. Et c’est ce qui a été repris par l’agence officielle, APS, dans l’un des propos de l’ancien ministre de la Communication. Ce dernier qui dit soutenir les actions de dialogue déclare à l’APS : «J’appelle de tous mes vœux à la satisfaction des revendications légitimes du peuple algérien, tout comme j’apporte mon soutien aux actions de dialogue et de concertation pour prémunir l’Algérie des risques multiformes de l’impasse politique actuelle».

D’autres mesures d’apaisement devraient être prises par le Président afin de désamorcer une crise déjà trop tendue dont les répercussions s’annoncent complexes et pour l’avenir du pays et pour le gouvernement, nouvellement installé, pour qui toute action sur le terrain serait hasardeuse et difficile d’atteindre si la fronde populaire continue sur cette lancée. Des indices restent d’ailleurs en défaveur de cette démarche réconciliatrice étant trois figures ayant émergé durant le mouvement populaire demeurent toujours emprisonnées, à l’instar de Karim Tabbou, Fodile Boumala et Samir Laribi.

M. A. T.

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