«L’article 7 pour le 7e vendredi»

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Hier, devant la Maison de la culture de Béjaïa, dès les premières heures de la matinée, une foule, composée majoritairement de jeunes, a planté le décor d’une autre journée de mobilisation pour le départ du système.

Drapeaux sur les épaules, on affiche une franche détermination à se faire entendre, quitte à inscrire le mouvement dans le temps. «Nous ne cesserons pas d’occuper la rue jusqu’au départ de toutes les figures du pouvoir en place depuis des décennies», jure Amine, un jeune manifestant, venu de Seddouk prendre part à l’acte 7 du mouvement populaire antisystème. Sur le perron de la maison de la culture, des drapeaux rouges sont accrochés ça et là. Au milieu, le portrait d’Idir Achour.

De tous les combats, l’ombre du défunt plane sur la manifestation dans son acte 7. En hommage à l’homme sincère et au syndicaliste infatigable qu’il était, les manifestants, notamment ceux de l’extrême gauche, ont tenu à dédier ce 7e vendredi de mobilisation à Idir Achour, mort à l’âge de 51 ans dans la nuit de mercredi à jeudi. Il a été enterré, hier, au cimetière du village Ighil Melloulene, dans la commune de Tichy.

En signe d’adieu au défunt, les manifestants ont déployé quelques pancartes et banderoles, en caractères noirs et rouges, où on pouvait lire : «Adieu camarade Achour Idir. Pour la lutte car la lutte paye» ou encore «Nous sommes toujours des révolutionnaires Achour Idir». Devant une foule émue, des camarades du défunt ont pris, avant l’entame de la marche, la parole pour retracer son parcours et saluer sa mémoire. «Achour Idir faisait partie de ceux qui défendaient toutes les libertés.

Même attristés, nous devons continuer le combat de Achour. Durant toutes les marches organisées à Béjaïa depuis le 22 février, Achour a scandé, comme nous tous, système dégage», lance un membre du bureau de wilaya du syndicat CELA. Vers les coups de 13h20, une foule immense prend possession de l’esplanade de la maison de la culture et de la rue de la Liberté.

Aux cris de «Bedoui, Bensalah, Houkouma Irhabia», «Ulac Smah Ulac», «Y en a marre de ce système», « Djich Chaâb Khaoua Khaoua», des milliers de manifestants entament leur marche. Sous les vivats de la foule, un jeune perché sur la benne d’un camion égrène les principales revendications de la rue. Aux cris de «système», «Bedoui», «Bensalah», lancé par celui-ci, les manifestants répondent en chœur «dégage».Au fil des minutes, les rangs des manifestants grossissent. En moins d’une demi-heure, une véritable marée humaine envahit les principales ruelles du chef-lieu de wilaya.

Dans le cortège, beaucoup de jeunes, mais aussi des adolescents, des femmes, des jeunes filles, des vieilles et des vieux. Au moment où les premiers marcheurs commencent à arpenter le boulevard Amirouche, les derniers arrivés sont toujours massés au niveau du carrefour de Daouadji. Une foule immense s’étire sur plusieurs kilomètres, formée par une population qui réclame énergiquement «La chute du régime». «Nous voulons une République libre et démocratique», lit-on sur une pancarte. «Ni réforme, ni conférence : le peuple est la référence», lit-on sur une autre.

Sur plusieurs banderoles, on lit également «Situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles» ; «Il faut balayer le système qui nous menace depuis son existence» ; «L’armée doit protéger le peuple et l’accompagner dans sa marche vers une 2e république» ; «Pour une transition démocratique, Non aux alternances claniques» ; «Les 3 B : Bedoui, Belaïz, Bensalah dégagez» ; «Le 7e vendredi, nous voulons l’application de l’article 07» ou encore «L’article 102, je sacrifie le roi et j’aurai la paix».

Les manifestants, pour leur 7e vendredi de suite, réclament de véritables et profonds changements et non, dénoncent-ils, un «Recyclage du système». Venu depuis Alger prendre part à la marche, le Dr Saïd Sadi a été prié par les manifestants de sortir de leurs rangs et de quitter les lieux. Signalons enfin que deux autres manifestations similaires ont été organisées, durant la même journée d’hier, dans les villes de Kherrata et Akbou.

F. A. B.

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