Les ex-détenus accueillis en héros

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C’est avec la ferveur habituelle des vendredis que la foule a battu hier, une fois de plus, le pavé à travers les villes du pays, cette fois, en célébrant la libération de 76 détenus d’opinion, remis en liberté avanthier jeudi. A Bouira, plusieurs détenus (es) originaires de la wilaya, avaient été en effet libérés la veille et ont pu rejoindre leurs foyers, comme Aïssous Massinissa de Haïzer, Karim Boutata de Bechloul et Nabil Alloun d’Ahnif…

Hier donc, ces derniers ont été célébrés mais ce sont les posters des personnalités politiques et activistes toujours en détention, comme de Kar im Tabbou, Fodhil Boumala, Abdelouahab Fersaoui… qui ont été brandis en force par les manifestants lors de cette 46ème marche pacifique. Une marche qui s’est ébranlée, comme à l’accoutumée, de la place publique de la vieille ville, en agitant une pléiade de drapeaux amazigh et national. Les posters d’Abane Ramdane ont été aussi massivement exhibés comme ceux de Bouregaa, lui aussi parmi les détenus libérés.

Tout en réitérant le caractère pacifique du mouvement populaire, les marcheurs ont renouvelé l’une des principales exigences : «Pour un Etat civil et non militaire» et scandé les slogans habituels, comme «Pour une période de transition pacifique pour construire une deuxième République», «Pas de négociations, on veut la satisfaction de nos revendications»… Certains ex-détenus libérés la veille ont été accueillis en héros par les marcheurs, comme Nabil Alloun et Karim Boutata. Les rangs de la procession humaine n’ont fait que grossir tout le long de l’itinéraire jusqu’à la fin de la marche, qui a vu les manifestants se disperser dans le calme, au niveau de l’esplanade de la maison de la culture Ali Zamoum.

La mobilisation intacte !

A Béjaïa, loin de fléchir, la mobilisation populaire contre le système est restée intacte. En effet, ils étaient des milliers de manifestants à battre le pavé, hier, dans les rues du chef-lieu de wilaya. Entamant sa marche comme d’habitude depuis l’esplanade de la Maison de la culture Taos Amrouche, l’impressionnante procession humaine a réitéré ses exigences, tout en appelant au démantèlement du système en place depuis 1962. Dans le cortège, l’on a constaté que quelques détenus du drapeau amazigh, ayant purgé leur peine, ont pris part à la marche hebdomadaire.

Coïncidant avec la date de son assassinat en pleine rue à Madrid un certain 3 décembre 1967, les marcheurs à Béjaïa ont tenu à rendre hommage à Mohamed Khider, l’un des chefs historiques de la révolution algérienne. Ainsi, des dizaines de portraits du défunt ont été brandis par les manifestants, lesquels ont réclamé «la vérité sur son assassinat». À signaler qu’une manifestation similaire a été organisée le même jour dans les rues d’Akbou. A Tizi Ouzou également, les manifestants de la traditionnelle marche du vendredi ont été au rendez-vous.

Avec des drapeaux algériens et amazighs en nombre, hommes, femmes, jeunes et moins jeunes ont comme de coutume marché du portail principal du campus Hasnaoua de l’université Mouloud Mammeri jusqu’à la place de l’ancienne gare routière. Les détenus libérés dont certains étaient présents à la manifestation ont été accompagnés en héros le long du parcours, tandis que d’autres ont été portés à travers de nombreux portraits brandis tel celui de Lakhdar Bouregaa mais aussi celui de Mohamed Khider, un ancien chef de la révolution dont la journée d’hier coïncidait avec la date de son assassinat en Espagne. Les mêmes slogans hostiles au pouvoir totalitaire ont été scandés le long de la manifestation qui se déroulera comme d’habitude pacifiquement et aucun incident n’a été d’ailleurs enregistré. Les marcheurs se sont séparés dans le calme vers 15h30.

Hafidh B. F. A. B. et Amar A.

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