Multiplication des appels à une trêve

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Les appels à suspendre momentanément les marches hebdomadaires du mouvement populaire se multiplient depuis dimanche. Des personnalités nationales et des partis politiques appellent à une trêve sanitaire.

Après Abdelaziz Rehabi, le FFS, par la voie de son premier secrétaire national, et tant d’autres voix appelant à la sagesse, le Rassemblement Pour la Kabylie, RPK, a appelé hier, à son tour, au sens des responsabilités et à suspendre les manifestations publiques : «Le Rassemblement Pour la Kabylie appelle les citoyens à suivre scrupuleusement les directives de santé publique et les recommandations émises par l’OMS, et en toute responsabilité, il préconise la suspension momentanée des manifestations publiques», a écrit le RPK en tête de son communiqué rendu public, comme pour donner le ton à l’intérêt des citoyens de marquer une trêve sanitaire.

Le Rassemblement, que coordonne Hamou Boumedine, estime qu’«un moratoire peut être mis à profit pour le lancement d’une réflexion collective sur les voies et les moyens permettant d’assurer une mobilisation pacifique pour maintenir la contestation du système autoritaire». Réitérant ses appels à la responsabilité face à la situation sanitaire qui prévaut en Algérie au même titre que dans la quasi-totalité des pays du monde, le RPK note qu’«il est de la responsabilité de chacun d’éviter, pour un temps, les rassemblements et marches hebdomadaires», soulignant que «le combat pour un changement de système politique et l’avènement de la démocratie doit pour autant continuer avec détermination».

Le RPK dit faire «confiance à l’intelligence et à la riche imagination collective, pour trouver, en commun, d’autres formes de luttes qui ne mettent pas en danger les vies humaines». Il appartient à chacun de nous, sans tomber dans le catastrophisme, poursuit le Rassemblement Pour la Kabylie, «de contribuer à ce que les cas déjà déclarés ne se transforment en véritable épidémie. Les comités de village, les communes et toutes les bonnes volontés sont appelés à faire l’inventaire des moyens et les infrastructures qui peuvent être mobilisés en cas de nécessité».

Sans omettre de saluer «tout le personnel médical et paramédical qui est déjà en avant poste dans cette nouvelle bataille». Cet appel fut précédé, la veille, pour rappel par plusieurs autres invitations à surseoir momentanément aux manifestations hebdomadaires, lancées par notamment des figures du mouvement dont Me Mustapha Bouchachi, le Dr Saïd Sadi et l’écrivain Yasmina Khadra, entre autres. Tous évoquent la nécessité de se prémunir contre la pandémie du Coronavirus en mettant en avant le sens des responsabilités et de la sagesse.

Des appels salués par le gouvernement

Lundi, le gouvernement d’Abdelaziz Djerad a salué, à travers son porte-parole, le ministre de la Communication, Ammar Belhimer, «les voix de la raison qui appellent à une pause salutaire et à une trêve préventive» du mouvement populaire, le Hirak. «En vertu des tentatives des forces antinationales de transformer le Hirak en mouvement insurrectionnel non armé visant la paralysie du pays, et au vu de ce qu’il représente aujourd’hui comme risque sanitaire majeur, des voix de la raison se sont élevées dans le pays et dans la diaspora, notamment à travers les réseaux sociaux, pour appeler à une pause salutaire, à une trêve préventive», a indiqué M. Belhimer, dans une interview accordée à l’APS.

Le porte-parole du gouvernement a souligné que «des leaders d’opinion lucides et réalistes appellent même à l’arrêt pur et simple des marches et des rassemblements. Car la pandémie du coronavirus est sérieuse, attestée par la rigoureuse OMS, l’Organisation mondiale de la santé». Ajoutant que «ces mêmes voix de la lucidité citoyenne et de la raison patriotique appellent à cesser les marches dans un contexte national aussi complexe et aussi périlleux, marches pour lesquelles elles ne trouvent plus aucune raison d’être, car le Hirak est déjà victorieux. Et il a gagné sur plusieurs fronts».

Belhimer estime ainsi que le Hirak est «intelligent et généreux», appelant, à son tour, le mouvement populaire à «le rester et même à l’être plus encore lorsqu’il y a péril majeur en la demeure». Pour le ministre de la Communication, il est nécessaire de faire barrage à ceux qui veulent mener le Hirak à l’échec en le maintenant au péril de la santé de plusieurs milliers de citoyens alors que la menace du Covid-19 est une réalité mondiale : «Ceux qui s’obstinent, dans un entêtement suicidaire, à le maintenir coûte que coûte et quoi qu’il en coûtera à la nation tout entière, ne doivent pas concourir à son échec, voire même à sa disparition», a-t-il averti.

«La raison exige la cessation des marches et des rassemblements. Et, une fois la crise grave du Coronavirus résorbée par la mobilisation de tout un peuple, rien n’empêchera alors le Hirak de reprendre son cours si, d’ici-là, des avancées démocratiques et sociales majeures n’auront pas été enregistrées», préconise le porte-parole du gouvernement.

M. A. T.

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