Peu avant midi, le président de l’audience accorde la parole aux avocats de la défense pour plaider en faveur de leurs mandants. Le premier à avoir pris place au perchoir est l’avocat d’Ahmed Ouyahia, son frère cadet, Laïfa Ouyahia, après le retrait de son premier avocat. Me Ouyahia commence d’abord par évoquer l’affaire du montage automobile : «Le dossier relatif au montage automobile a été présenté par le Comité national de l’investissement devant 11 ministres parmi lesquels figurent des ministres régaliens de la République, à savoir ceux de la Défense, de l’Intérieur et des Finances, puis il a été présenté devant le Parlement, mon mandant est donc innocent des accusations portées contre lui dans cette affaire», plaide-t-il.
Durant sa plaidoirie, Me Laïfa Ouyahia a tenté de battre en brèche l’ensemble des accusations dont est poursuivi son frère, les rejetant en bloc, et répétant son «innocence». Et de rappeler l’itinéraire de son frère en tant que «cadre de la nation au service de l’État algérien» : «Ahmed Ouyahia avait travaillé avec le défunt Président Houari Boumediene que tout le monde connait pour son intégrité», dira-t-il.
Sur le compte bancaire d’une banque à Staouéli, dans lequel fut découverte la somme de 30 milliards de centimes dont Ahmed Ouyahia peine à justifier la provenance, son frère avocat a réfuté son existence : «Ahmed Ouyahia n’est pas à ce point débile pour déposer 30 milliards sur un compte ouvert dans une banque publique, alors qu’il existe des banques étrangères sur la Place». Et d’enchaîner, ensuite, sur les biens de l’épouse de l’ancien Premier ministre et de son fils : «Ils ont le droit de travailler, à ce que je sache, et puis, son fils est détenteur d’un doctorat en informatique et c’est de son droit de créer sa propre entreprise», plaide encore Me Laïfa Ouyahia.
Avant de conclure : «On a emprisonné Ahmed Ouyahia rien que pour l’empêcher de se présenter à l’élection présidentielle». Vint ensuite le tour des avocats de Mohamed Baïri. «Mon mandant s’est transformé de témoin à accusé», accuse l’avocat du propriétaire de la marque Ival. Pour lui, son client est devenu accusé suite à l’inclusion des deux affaires dans le même dossier, «pourtant l’expertise de l’Inspection générale des finances (IGF) n’a pas détecté d’anomalies», dira-t-il, avant de demander les conclusions des rapports d’expertises et d’enquêtes établies contre son mandant.
«M. Baïri a bénéficié d’un terrain en friche traversé par un cours d’eau, c’est lui-même qui l’a viabilisé». Et de poursuivre : «Il a eu cette parcelle sur décision ministérielle, il y a eu un comité de wilaya pour la restitution des terres agricoles, celle de M. Baïri a été exemptée car elle n’est pas viable pour l’agriculture». Me Younes Lakhdari, l’autre avocat de Mohamed Baïri, a rejeté en bloc l’accusation portant sur le «blanchiment d’argent» retenue contre son mandant.
«Mon mandant ne devrait en aucun cas être accusé de blanchiment d’argent car toutes les enquêtes effectuées sur ses comptes bancaires et dans l’ensemble des banques à son sujet ont conclu qu’il n’a jamais bénéficié d’un quelconque crédit bancaire». Me Nadjib Bittam, également constitué pour la défense de Baïri, a plaidé pour que «le tribunal juge en faveur du remboursement des avantages perçus, et pour restituer l’argent perdu par le Trésor public, et non pas juger pour mettre les opérateurs économiques en prison».
À noter que durant les plaidoiries des avocats de la défense, l’ancien Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a été pris d’un malaise d’une dizaine de minutes, ne pouvant soulever sa tête. Le président de l’audience ordonna alors la suspension des plaidoiries et autorisa Sellal à sortir pour prendre ses médicament contre la pression artérielle.
M. A. T.