Quelle existence pour l’académie amazighe ?

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S. Ait Hamouda

L’académie algérienne de la langue amazighe est une annonce le moins qu’on puisse dire superfétatoire, puisqu’elle a été créée sans siège, ni feuille de route, ni personnel qualifié. En principe, une académie, avant la désignation d’un président, doit d’abord être un organe de suivi, de normalisation et de standardisation de la langue. De plus, ce n’est pas une institution politique qu’on crée au petit bonheur la chance, elle nécessite des connaissances, des scientifiques, pas seulement des politiques.

Elle est d’abord et avant tout un instrument permettant à une langue d’avancer, de prospérer et de se développer. Notre académie a été promue par un décret présidentiel, et puis plus rien. On en a fait une coquille vide et on se bombe le torse, pour la gloire d’avoir fourni un instrument qui aura à gérer la langue amazighe pour les temps à venir. Seulement, ceux qui ont participé à l’avènement de cet organe n’ont de connaissance de la langue que des bribes et cherchent à noyer le parler amazigh dans une nasse formelle, pour avoir la conscience du travail bien fait et se tenir confortablement droit dans leurs bottes.

Il se trouve que tamazight n’a pas eu besoin de ces instruments bricolés dans l’urgence, qui s’imposait alors, sans réfléchir aux conséquences de leur acte. Tamazight a besoin, aujourd’hui et demain, d’hommes et de femmes qui l’aiment, qui la maîtrisent et qui savent où la mener. Tamazight n’est pas un dialecte, mais une langue subtile, avec ses extensions à travers toutes l’Afrique du nord. Chaque territoire possède son parler, même en Algérie il y a plusieurs dialectes amazighs, qu’il va falloir gérer, d’une façon ou d’une autre.

Là, l’académie trouvera son utilité, ses indispensables repères et ses fondations. Nous ne cherchons pas à dire que l’académie n’existe pas, mais à tirer la sonnette d’alarme pour dire que cet organe, non seulement, nous ne le voyons pas sur le terrain, mais il est invisible. Cela nous amène à le demander, non pas comme un alibi démagogique, mais comme une réalité palpable.

S. A. H.

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