Quelle issue à l’initiative de réconciliation ?

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Le Front des forces socialistes s’achemine vers la tenue de la session extraordinaire de son Conseil national, les 14 et 15 février prochain. C’est du moins ce que suggère le comité ad hoc mis en place pour parvenir à la réconciliation des deux clans qui déchirent le parti. Une réunion à laquelle sont conviés l’ensemble des membres du Conseil national, y compris ceux suspendus ou exclus des instances du parti.

«Conformément aux prérogatives de la commission administrative du Conseil National qui lui ont été dévolues par le communiqué du 11 août 2019, le Comité ad hoc a validé la liste des membres du Conseil National qui seront conviés à la prochaine session, sur la base des membres de la session tenue le 25 janvier 2019, y compris les membres du Conseil National concernés par la décision de suspension des sanctions prises depuis le dernier congrès extraordinaire», a indiqué le Comité ad hoc dans une déclaration transmise à l’ensemble des instances du FFS.

La convocation à cette réunion sera individuelle, précise la déclaration, afin, vraisemblablement, d’éviter un éventuel quiproquo pouvant survenir et faire capoter ainsi la démarche réconciliatrice. «Les membres du conseil national recevront prochainement une correspondance individuelle», est-il expliqué, soulignant que «le Comité ad hoc communiquera la liste complète des membres du Conseil National à la Direction Nationale et aux membres du Conseil National concernés, lors des rencontres de concertation qu’il organisera».

Mais tous les indices au sein de ce parti, avec ses différentes tendances claniques, promettent de rendre la tâche très ardue au Comité ad hoc. Les réactions des militants et sympathisants sont diamétralement opposées les unes aux autres, témoignant du fossé béat séparant les deux ailes disputant la direction du parti. «Il faut le dire, sans détour (…) : le comité ad hoc est l’apogée des manœuvres pour un FFS-appareil sans militants !», lâche un sympathisant sur la page officielle du parti.

Et d’accuser : «De sa composante directrice à certains de ses instruments évoluant « sur le terrain », nous avons l’image parfaite du parti qui a oublié de faire de la politique pour, simplement, servir de faire-valoir : Appareil, parti fermé, copains-coquins, listes électorales, rente… Enfin, du fonctionnariat politique ! Quand ce n’est pas pire». «Nous voulons le FFS des militants et non celui d’une élite de fonctionnaires politiques à travers un appareil figé.

Nous avons amorcé une structuration large et militante pour un congrès militant aussi, donc ouvert à toutes et à tous, à part ceux qui ne veulent pas s’y inscrire par choix ou par ignorance des enjeux», pense un autre sympathisant qui semble affligé par les luttes d’appareils au sein de son parti. Et de souligner qu’il est judicieux d’aller vers «un congrès qui élira, en toute démocratie, une nouvelle direction légitime, militante, pour affronter la situation du pays et donner une suite politique».

La déchirure interne du parti, qui s’est exacerbée à l’orée du mouvement populaire antisystème politique né en février 2019, a sérieusement ébranlé l’esprit militant de ses adeptes. Preuve en est les réactions à la déclaration du Comité ad hoc national. Des réactions qui, souvent, expriment l’étendue des dégâts occasionnés au parti à cause des ces déchirures claniques : «Oui pour le constat que le FFS est pratiquement absent au moment où le peuple est en sursaut salvateur, mais c’est justement l’élément déclencheur de cette bataille !

C’est pour le retour au FFS opposant, pourvoyeur d’idées, de changement et de combat sans discontinuer. C’est suite à cette interpellation et cette dénonciation de l’immobilisme depuis des années que ce parti ne fait plus de politique par une direction versée dans des dérives politiques graves, par des compromissions avérées avec les tenants du système. C’est ceci qui a appelé la bataille !», peste un sympathisant qui dresse aussi un constat des plus acerbes : «Rentrez dans les détails de la crise.

Il y a ceux qui tirent vers le haut, donc le redressement et le retour au FFS de Hocine Aït Ahmed, Allah irahmou, et ceux qui le mènent vers sa normalisation, voire pire !». Du côté des «esprits positifs» à l’égard de cette initiative de réconciliation, il y a ce sympathisant qui dit la saluer pour faire «renaître le parti de ses cendres». Il est à rappeler que la famille de feu Hocine Aït Ahmed a encouragé les membres du comité ad hoc national, à travers une lettre signée par sa veuve et ses trois enfants, à la veille de la commémoration du quatrième anniversaire de la disparition du père fondateur du FFS.

«Nous saluons votre initiative qui vise à trouver une sortie à la crise qui a laminé et rendu invisible et inaudible le FFS, à un moment clef de l’histoire de notre pays (…). Nous saluons votre état d’esprit et vous encourageons vivement à poursuivre votre travail de réunification du parti», ont écrit les héritiers de Hocine Aït Ahmed. Ces derniers soulignent également l’importance d’aller vers un Conseil national rassembleur : «La tenue d’un Conseil national rassembleur est certes très importante car elle a pour perspective la préparation du Congrès national du FFS.

Mais cet objectif ne peut être atteint que si les uns et les autres, tous les militant(e)s et les cadres sans exclusive, cultivent et consolident la culture du dialogue, de la conciliation et de la collégialité au sein du parti». La famille d’Aït Ahmed s’est dite, également, prête à contribuer à cette démarche, bien qu’elle se soit toujours tenue éloignée de l’appareil du parti.

M. A. T.

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