Mohamed Djemiai a été élu, avant-hier, nouveau secrétaire général du FLN par les membres du Comité central du parti. À l’issue d’une rencontre, qui s’est déroulée loin des regards indiscrets de la presse nationale, le controversé député de Tebessa, dit proche de Saâdani, a devancé ses trois adversaires et remporté 223 voix sur les 418 possibles. Suivi de Djamel Benhamouda 126 et seulement 35 pour Said Bouhadja, l’ex-président de l’APN débarqué.
Mustapha Maazouzi, quant à lui, est arrivé dernier avec 16 voix. Mohamed Djemiai est natif de la wilaya de Tebessa, plusieurs fois député à l’APN depuis 2002, ayant occupé trois fois le poste de vice-président au sein de l’Assemblée. Avant son élection, il avait déclaré, lors d’un entretien accordé à nos confrères de TSA, que «le FLN était géré par des forces anticonstitutionnelles», accusant directement le frère de l’ex-Président Bouteflika d’en être «le pilier».
«…C’est un groupe de conseillers et de ministres qui prenaient des décisions et les endossaient au président de la République. Ces forces ont marginalisé beaucoup de cadres du FLN et se sont ingérés dans la gestion de nos affaires. Et le résultat est qu’aujourd’hui le FLN est devenu la cible de beaucoup, dont ses propres militants», a-t-il affirmé (…) «Said Bouteflika a été le pilier des forces extraconstitutionnelles. Et les militants et cadres du FLN ainsi que les institutions de l’État ont été victimes de ces forces», accuse-t-il.
A croire qu’il ne s’agit pas de la même personne, le même Djemiai était pourtant un fervant défenseur du 5e mandat, une position qu’il assumait ouvertement à travers ses interventions sur des télévisions avant que le mouvement populaire n’éclate. Cela dit, juste après son élection, le successeur d’Ould Abbas a déclaré vouloir «travailler pour rassembler toutes les énergies». Une mission qui s’annonce d’ores et déjà compliquée, puisque son élection, combien même «reconnu être un résultat de l’urne», est déjà sujette à contestation.
En effet, et à peine élu, le nouveau patron du FLN, est vite rattrapé par sa proximité avec l’ex-SG Saidani, et fait déjà l’objet de plusieurs polémiques sur les réseaux sociaux et essuie le rejet d’une bonne partie des militants et cadres du FLN qui reprochent à l’homme d’être un «adepte de la Chekara». Des accusations que le concerné réfute. Le FLN, qui fait face à la colère populaire, aura «à redorer son blason et à convaincre les Algériens». C’est un des engagements pris par le nouveau SG. «Il faut travailler à unir les rangs du parti, à ouvrir grandes les portes du FLN à l’ensemble de ses militants et à faire en sorte que notre parti joue pleinement son rôle dans la phase que vit actuellement le pays.
Nous devons aussi faire en sorte d’améliorer l’image du parti auprès de la population, de reconnaître nos insuffisances et d’essayer, un tant soit peu, de les surmonter», a-t-il déclaré. Se mettre «en adéquation avec les revendications populaires» est aussi un des défis que le nouveau SG du FLN promet de relever, tout en affichant son soutien à l’institution militaire dont il a loué l’engagement. Pour rappel, la première réunion du comité central du FLN, convoquée par l’ex-SG Djamel Ould Abbas pour élire son successeur, s’était achevée en queue de poisson et certains membres en étaient même arrivés aux mains. L’opération a dû être reportée d’une semaine, pour aboutir à l’élection de Djemaï à la tête du parti.
Kamela Haddoum.