Le président de la République veut une nouvelle stratégie industrielle, qui sera définie lors des Assises nationales que son ministre de l’Industrie devra organiser dans les prochains mois.
Les urgences et priorités pour l’économie nationale ont été fixées, avant-hier, par le chef de l’État lors de son Conseil des ministres consacré essentiellement aux secteurs économique et social. «Le Président de la République a instruit le ministre de l’Industrie et des Mines d’organiser des Assises nationales sur la nouvelle politique industrielle auxquelles prendront part les compétences de la diaspora et les différents acteurs économiques, avec le concours d’institutions internationales, pour l’élaboration d’une politique industrielle nationale répondant aux aspirations de la nouvelle Algérie», est-il indiqué dans le communiqué du Conseil des ministres. Ayant écouté le plan du ministre de l’Industrie et des mines, Tebboune a vite fait de le recadrer, lui ordonnant de rompre avec les pratiques du passé. Il s’est ainsi chargé lui-même de lui dicter la feuille de route, qui contient trois mesures d’urgence, afin de pouvoir passer directement au concret, a-t-il expliqué.
Pour Tebboune, le plan industriel doit comprendre trois mesures. Il s’agit d’abord, a-t-il détaillé, de «l’urgence d’apporter des réponses concrètes aux dossiers sensibles, particulièrement l’importation de véhicules en kits SKD-CKD». C’est pourquoi il a insisté sur «l’assainissement de cette situation et la mise en place de nouvelles règles, outre la question du Complexe sidérurgique d’El Hadjar». Secundo, «à moyen et long termes, l’effort doit être orienté vers la création d’une véritable industrie, constituée essentiellement des industries légère, petite et moyenne, génératrices de richesses et faisant la rupture avec les industries consacrant la dépendance». Partant de ses engagements, Abdelmadjid Tebboune a fait savoir qu’il ne lâche rien contre les lobbies et des groupes d’intérêts dans les politiques publiques, instruisant à cet effet son ministre de l’Industrie d’y «mettre un terme».
Comme il a appelé à en finir avec la promulgation des lois changeantes et imprévisibles qui n’incitent pas les porteurs de projets ou les détenteurs de capitaux à investir en Algérie. À ce titre, le président de la République a plaidé pour «la mise en place d’un système juridique stable pour une durée d’au moins dix années, à même d’assurer une lisibilité aux investisseurs, l’objectif étant d’inciter les hommes d’affaires à investir.» Par ailleurs, le président de la République a évoqué l’importance du développement des industries manufacturières, telle la transformation de l’alfa et les industries agro-alimentaires, est-il noté dans le communiqué sanctionnant la réunion du Conseil des ministres.
«Appuyer immédiatement le privé»
La troisième mesure à exécuter dans l’immédiat est celle relative à l’encouragement des opérateurs économiques privés. À ce titre, Tebboune considère que l’investissement privé devra être «immédiatement» encouragé à travers des mesures incitatives, à définir dans l’urgence. Ayant souligné «l’intérêt d’encourager l’investissement privé et de consacrer des fonds étatiques à l’investissement dans les secteurs stratégiques», note le communiqué, M. Tebboune a recommandé «un appui immédiat à l’investissement privé avec la possibilité d’accorder des incitations importantes aux opérateurs utilisant les matières premières locales». À ce titre également, le président de la République a soulevé la question du foncier industriel, ordonnant au gouvernement de «procéder à un état des lieux et de formuler des propositions, notamment à la lumière de l’exploitation anarchique du foncier en vue de l’utilisation rationnelle de ces zones industrielles, avec possibilité de récupérer celui non exploité».
Aussi, il a appelé à «l’encouragement de la création de coopératives pour l’aménagement ou la création de nouvelles zones industrielles dans le cadre d’une nouvelle vision, avec un cahier de charges clair et précis». C’est en abordant le volet industriel que le chef de l’État a évoqué la nécessité de contrôler davantage les importations à travers, a-t-il précisé, «la lutte contre les importateurs qui pratiquent la surfacturation, à l’origine d’une véritable saignée des ressources en devises, à travers la criminalisation de ces pratiques». Aussi, un «contrôle strict afin d’éviter les situations dramatiques engendrées, par exemple, par les appareils de chauffage» devra se faire, dira encore le président de la République.
M. A. T.