Un Yennayer festif

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Consacré depuis l’an dernier fête nationale chômée et payée, Yennayer 2969 a été célébré hier et avant-hier avec faste aux quatre coins du pays. La Kabylie était, comme à l’accoutumée, au rendez-vous.

Pour la première fois dans l’histoire de la région, les Ath Yaâla se sont réunis à travers un grandiose festival pour la célébration de Yennayer 2969, et ce durant trois jours au niveau de la salle des fêtes Illian d’El Esnam.

Pour cette occasion, les Ath Yaâla, établis à travers les localités d’El-Adjiba, Bechloul et El Esnam et à travers leurs associations, ont concocté un riche programme entamé dès jeudi, avec des expositions d’objets traditionnels, de plats locaux, des robes kabyles ainsi qu’un petit marché de Yennayer avec des produits du terroir et de l’agriculture.

Le froid glacial n’a pas empêché les visiteurs de venir en masse assister aux festivités avec notamment la présence du professeur Said Mellikeche, présent pour animer une conférence sur «La philosophie amazighe dans la fête de Yennayer et les dimensions philosophiques et symboliques». Le wali de Bouira, de retour d’Ath Mansour où il a assisté aux festivités de Yennayer préparées dans la région, a également tenu à fait une halte au niveau de la salle des fêtes d’El Esnam pour visiter l’exposition et partager un couscous avec les convives.

La dimension philosophique évoquée à Bouira…

Le professeur Said Mellikeche, philosophe et enseignant à l’université de Béjaïa, a animé une conférence sur Yennayer devant une assistance qui s’est montrée très intéressée par le thème.

L’orateur développera le triptyque de Yennayer, à savoir les liens avec le calendrier agraire, Chachnaq et l’identité. Pour appuyer ses dires, il s’étalera sur l’attache des Amazighs à la terre nourricière depuis la nuit des temps et révélera que le coq que l’on égorge pour Yennayer est emprunt d’une tradition millénaire : «Le coq chante tous les matins à l’aube, ce qui signifie que la terre a terminé son cycle de rotation pour laisser apparaitre le jour.

Si les Amazighs ont choisi de sacrifier un coq, cela signifie que le cycle naturel doit être respecté et que le coq doit laisser sa place dans la basse-cour. Il ne faut pas oublier que, selon la tradition, le coq à sacrifier doit avoir été élevé par soi-même…», argumentera-t-il.

De la mythologie en passant par l’histoire des dynasties des Pharaons, le professeur enseignant démontrera que les Amazighs ont toujours entretenu des liens solides avec la terre nourricière et qu’ils respectent des constantes universalistes véhiculant des valeurs et des comportements différents : «La philosophie de l’amazighité, la philosophie amazighe et la philosophie de la langue amazighe sont trois questions que l’on ne doit pas mélanger en faisant la part des choses», conclura-t-il.

… Grandiose parade à Tizi-Ouzou…

La neige et le mauvais temps n’ont pas empêché plus de 10 000 participants de prendre part à une grandiose parade, hier, dans les rues de la ville de Tizi-Ouzou, organisée dans le cadre de la célébration de Yennayer à laquelle l’ensemble des directions locales ont participé.

Le point de départ a eu lieu à partir de l’entrée Est de la ville où des chars joliment parés se sont distingués pour présenter leurs secteurs. On retiendra entre autres celui représentant les rois berbères avec les comédiens du théâtre Kateb Yacine.

Le deuxième char était orné d’une maison kabyle, des objets des arts et cultures populaires, celui de l’artisanat d’objets traditionnels. En plus de la parade mécanique, il y a eu la parade pédestre composée des troupes folkloriques de LAPALEJ, des maisons de jeunes, du mouvement associatif ainsi que de plusieurs wilayas du pays, à savoir Batna, Mostaganem, El Bayedh, Ghardaia, Médéa et Djelfa.

Les participants ont sillonné les ruelles de la ville au bonheur du public nombreux pour marquer une halte au niveau de l’hôtel de ville ou une scène a été installée d’où le wali de Tizi -Ouzou et les membres de l’exécutif ont pu apprécier les spectacles riches et variés reflétant la diversité du riche patrimoine de l’Algérie.

Par ailleurs, le point d’arrivée était au niveau de la place de la bougie ou des groupes musicaux ont animé des spectacles. En marge de cette manifestation, une grande waâda a été servie à la place M’barek Ait Menguellet.

…Carnaval et conférences à Tizi-Rached…

A l’instar des autres localités de la Kabylie, plusieurs villages de la commune de Tizi Rached ont célébré, hier, la fête de Yennayer 2969, à l’Insar de Boushel, Takaaâts et Cheraioua. Dans ce dernier village, les festivités ont été à la hauteur de l’événement avec au menu un programme riche et varié.

Concocté par le comité du village Cheraioua, appelé communément Icheriouène, en collaboration avec l’association «Laimèche Ali», le programme des festivités a été marqué notamment par le déroulement d’un carnaval animé par des troupes juvéniles arborant des tenues traditionnelles évoquant les dimensions culturelles et artistiques de ce pan de l’indenté amazighe.

Organisé dans une ambiance festive, le défilé, qui a attiré une foule nombreuse venue des quatre coins de Tizi Rached, a sillonné les artères de la localité depuis la maison de la culture au chef-lieu de daïra jusqu’à l’école primaire Mohand Said Moukli du village Icheriouène.

Sur place, les convives, qui ont eu le loisir de contempler une grande exposition d’objets traditionnels de toutes sortes et de suivre une conférence évoquant la dimension de Yennayer, ont été invités à partager un couscous au poulet. Les organisateurs ont également prévu un concours de dessins pour les enfants de la localité et une remise de cadeaux et de diplômes aux meilleurs élèves du village Cheraioua. Les festivités ont été clôturées dans l’après-midi par un gala artistique.

… Et parades et partage à Tadmaït

L’association «Tagmat n’el Kheir» a organisé, en collaboration avec l’APC de Tadmaït, les festivités de célébration du nouvel an amazigh 2969, hier, à l’école primaire Amar Bayou du chef-lieu de Tadmaït. En début de matinée, une troupe folklorique (Idebbalen) a sillonné les artères de la ville, accompagnée de jeunes scouts.

Les organisateurs ont par ailleurs tenu à rendre un hommage à feu Mohamed Oudehi dit Moh Oussalah, l’un des membres du mouvement associatif de la localité. Plusieurs invités ont livré des témoignages sur le parcours de cet homme dans le mouvement associatif. L’auteur de deux livres de l’histoire de Tadmait, Youcef Mazari, a ensuite fait un exposé sur l’histoire du nouvel an amazigh.

Des jeunes benjamins ont par la suite fait une démonstration de karaté, dans la cour de l’établissement scolaire. Il y eut également des chants de chorale, tout cela en présence des autorités locales, menés par le P/APC et les élus locaux.

La présidente de l’association Tagmat n’elkhir, Saidia Smili, dira dans une prise deparole : «Pour cette année, on a tenu à rendre un hommage à feu Mohamed Ouadhi dit Moh Ousah, l’un des membres les plus actifs du mouvement associatif de la région». Elle ajoutera : «Nous devons sauvegarder notre histoire, notre identité et nos coutumes, afin qu’elles ne rejoignent pas le cimetière de l’Histoire.

Il convient de maintenir, entretenir et raviver toutes ces composantes». L’assistance fut ensuite conviée à un repas, composé du rituel couscous au poulet, à la cantine de l’école. Notons par ailleurs que les villageois de Tazmalt, dans la périphérie de Tadmaït, ont organisé, toujours à l’occasion de Yennayer, un rituel de Thaouzaat. Des parts de viandes ont été distribués aux démunis de la région.

H. B. / S. I. / A. C. / R. A.

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