Héros de l’attaque du pont de Sahel à Seddouk

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Si l’histoire porte sur le passé elle est écrite pour les générations futures. A l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance et de la commémoration du jour du déclenchement de la Révolution, et pour que nul n’oublie cette page glorieuse de notre histoire façonnée par les dignes fils de l’Algérie, il est de notre devoir de ressusciter, pour les besoins mémoriels, l’attaque du pont de Sahel à Seddouk, qui a constitué le socle de la Révolution dans la vallée de la Soummam. Mais peut-on aujourd’hui parler de cette attaque, sans évoquer le nom de son concepteur et meneur que fut Mohand Akli Nait Kabache, ce Moudjahid de première heure qui était animé d’une fibre patriotique dés son jeune âge, en s’engageant comme militant dans le mouvement national. Fin organisateur, il participe aux préparatifs du déclenchement de la Révolution, notamment au coup de starter donné le premier novembre 1954, matérialisé par des coups de feu tirés à travers tout le territoire national, signalant le début de la guerre. Cette figure emblématique de la guerre de libération nationale, connue dans la région de la vallée de la Soummam, est estimée par tous ceux qui l’ont connue et qui s’accordent, aujourd’hui, à ne dire que du bien de lui. Il y a notamment ce témoignage d’un général de l’ANP et ancien Moudjahid qui a confié l’année passée lors d’une intervention sur les colonnes d’un journal, que quand il a quitté le lycée pour rejoindre le maquis, le premier Moudjahid qu’il a rencontré fut Nait Kabache Mohand Akli. Il garde encore les propos pleins de sagesse et de bon sens qu’il lui a tenu et qu’en les rapportant avec émotion : «Mon frère, ta place est au lycée, car à l’Indépendance, nous aurons besoin de vous, les futurs intellectuels, pour diriger le pays». Il a mis en exergue la bravoure et l’abnégation de ce pionnier du mouvement national, réputé pour avoir tenu la dragée haute aux paras français. Voila comment ce moudjahid de la première heure s’est forgé une réputation de combattant inflexible et intraitable aux côtés d’autres Moudjahidine. Au déclenchement de la guerre, de grosses difficultés commençaient à se faire sentir dans les maquis, avec notamment un nombre réduit de Moudjahidine, le manque d’armement et d’habillement… Il fallait absolument perpétrer une opération commando spectaculaire, pour montrer à la population que les Moudjahidine ont engagé une lutte sans merci contre l’ennemi, ce qui renforcerait leur rang par de nouvelles recrues, tout en faisant mal à l’ennemi en l’avertissant que l’Armée de libération nationale est présente sur le terrain et est déterminée à mener le combat jusqu’à l’indépendance. Le soin a donc été laissé au vaillant Moudjahid Si Mohand Akli pour préparer une opération commando dans la région de Seddouk. Il a opté pour l’attaque du pont de sahel, car situé à quelques trois kilomètres de la ville de Seddouk, constituant un passage obligé pour le convoi de la gendarmerie et un endroit propice pour une attaque où les Moudjahidine espéraient tuer un maximum de gendarmes et récupérer leurs armes avant de se replier vers le village Asrafil, sans perdre un seul membre dans leur rang. Une opération, surprise et spectaculaire, qu’il avait préparée minutieusement au début de l’année 1955. Attendant donc la journée du lundi, jour de marché hebdomadaire à Akbou, les Moudjahidine mirent à exécution leur plan d’attaque murement réfléchi. Ils se placèrent sur une colline, face à l’endroit ciblé avec le jeune Hocine Beddar comme sentinelle chargée de signaler l’arrivée du convoi de gendarmerie, et le groupe composé de trois Moudjahidine, dont Fedale Ahmed, s’était embusqué dans une pinède dominant le pont. La bombe, placée sur le pont, sauta à l’arrivée du camion des gendarmes qui finit sa course dans la rivière. C’est à ce moment là que les Moudjahidine entrèrent en action, tirant à bout portant sur les gendarmes qu’ils tuèrent. Après l’attaque, les Moudjahidine se replièrent euphoriquement vers le village Asrafil, isolé en haute montagne à la lisère d’une grande forêt où ils pouvaient se cacher. L’arrivée des militaires français avait été fatale pour le jeune Hocine Beddar, resté à coté de sa maison située juste en face et à quelques 500 mètres du pont, qu’ils ont tué et dont on dit qu’il est le premier martyr de la région. Depuis, pour montrer à l’armée française que la Révolution est toujours là le groupe, dont faisait partie Nait Kabache Mohand Akli n’avait jamais cessé d’harceler l’ennemi, avec de grandes batailles, des accrochages, des embuscades, des opérations de sabotage et des attaques contre des postes militaires, de gendarmerie et de police. L’APC de Seddouk a décidé de construire une stèle à l’endroit même où l’attaque du pont de Sahel a été perpétrée, en hommage à tous les martyrs qui auront écrit de leur sang, la glorieuse épopée de la lutte pour l’indépendance.                      

L. Beddar

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