Le Ramadhan, odeurs et relents

Partager

Le Ramadhan, c’est avant tout une odeur, un parfum. Les odeurs qui chatouillent les narines sont avant tout celles de la nourriture, puisque l’accent sera avant tout mis (normal pour un mois de jeûne) sur ce que l’on va manger, au ftour, le moment de la rupture, et au shor, le début du jeûne. Bonne odeur de chorba, la soupe algérienne à la vermicelle ou aux grains de blé concassés, odeur de l’ham lehlou, la viande sucrée aux pruneaux, odeur de qualb-louz, le gâteau de semoule aux amandes, et de zlabia, les tuyaux de pâte dorés, cuits dans du sucre… Il y a aussi l’atmosphère de piété, les mosquées illuminées, les soirées passées entre amis ou en famille, les aides généreuses aux pauvres et aux démunis et qui constituent une tradition forte de l’Islam algérien. Et puis, à côté de ces odeurs succulentes, qui mettent l’eau à la bouche, ou des belles traditions qui mettent du baume au cœur, il y a d’autres odeurs, d’autres habitudes, moins bonnes et moins attrayantes, plutôt des relents : odeur d’escroquerie des marchands qui, profitant du mois sacré, cherchent à dépouiller, jusqu’à la dernière plume, leur prochain. Odeurs des concitoyens irascibles, qui s’emportent, pour un oui, pour un non, parce qu’ils ne peuvent fumer leur cigarette ou mettre dans la bouche leur chique. Odeur des fonctionnaires qui travaillent au ralenti, parce qu’ils veillent tard et ne dorment pas assez et qui agressent littéralement le citoyen au service duquel ils sont, en principe. Deux aspects du Ramadhan donc : celui qu’on aime, parce qu’il vient du fin fond de nos traditions et celui qu’on redoute parce qu’il n’apporte que désagréments….

S. Aït Larba

Partager