Tamda, une cité dortoir

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«Tamda sera un véritable centre urbain, avec des boulevards de 24 mètres de large, dans quelques années», nous disait l’ex-DUC de la wilaya de Tizi-Ouzou,M. Nait Kaci, en 2008, plus exactement le 4 octobre, à l’occasion d’un reportage réalisé sur cette localité.

Cinq années plus tard, qu’est-ce qui a vraiment changé ? Disons le tout de go : Pas grand-chose, si ce n’est ce tas de bâtiments qui poussent comme des champignons. Vue de loin, soit de l’autre coté de l’oued Sébaou qui sépare la localité de la RN12, cette ville qui prend forme n’offre pas un visage charmant. Selon toute vraisemblance, aucun plan architectural, d’urbanisation et d’occupation du sol n’a été respecté pour la réalisation de toutes ces cités. En tous, cinq ou six quartiers ont été réalisés jusque-là et aucune cité ne ressemble à une autre, donnant ainsi un décor d’une ville anarchique. Qu’à cela ne tienne. Au delà de cette image laide et agressive à la vue, comme celle offerte par nouvelles villes du pays, doit-on dire, à l’intérieur de ce centre urbain, peu de commodité sont perceptibles. D’ailleurs, pour y parvenir, il faudra s’armer de beaucoup de patience tant que des bouchons sont inévitables au niveau de l’intersection de Tamda-village. « Il suffit qu’un camion ou un trolley se mêle à la circulation pour que ça bloque », disent unanimement les quelques riverains que nous avons questionnés à ce sujet. C’était d’ailleurs le cas lors de notre virée dans la localité hier matin. Deux camions semi-remorque transportant une grue ont « foutu la pagaille ». La circulation a été bloquée pendant une bonne dizaine de minutes. Selon les habitants, de telles situations sont fréquentes, d’autant que le CW174 reliant la localité à Fréha et la RN12 est très sollicité depuis que les travaux de la trémie ont été engagés du côté de Chaïeb, sur cette même RN12. Et puis, les trolleys et autres bus de ramassage universitaire passent par là à longueur de journée. Il faut rappeler que Tamda est aussi un pôle universitaire opérationnel depuis 2009. Il était 8h30 à notre arrivée sur les lieux. Tamda grouillait déjà de monde. La grande foule qui l’a pris d’assaut, en cette matinée glaciale et pluvieuse, est constituée, en majorité d’étudiants. Ils arrivaient de partout, empruntant différents moyens de transport. En plus des bus universitaires, des fourgons et des cars venant de Tizi-Ouzou et des localités limitrophes, telles Fréha, faisant descendre aussi du monde. Sur le chemin qui monte vers ce qu’on appelle la ville de Tamda, des fourgonnettes sont stationnées à un bout du boulevard. Il s’agit de la station des fourgons vers Oued Aïssi.

Des espaces verts ? On en rêve toujours !

A l’intérieur des cités, la même ambiance régnait. Les cafés affichaient complets.  Les cafés maures, les restaurants, les cybercafés, les magasins d’alimentation générale… il y a de tout. « On a que ça !», dit un riverain qui dit habiter dans cette cité depuis 2008.  Selon lui, rien n’a changé depuis son arrivée. « Il n’y a que le nombre de bâtiments qui a augmenté », ironise-t-il, faisant référence au fait que Tamda, qui a tant fait parlé d’elle par le projet d’urbanisation qui lui a été accordé ne possède aucune infrastructure destinée aux jeunes et aux moins jeunes. « En arrivant ici, je n’ai trouvé qu’un CEM et une école primaire, et c’est toujours les mêmes structures, qu’on peut appeler structures de base, qui existent encore ici », affirme t-il encore. Notre interlocuteur croit savoir, en outre, qu’une polyclinique, un lycée et une bibliothèque sont annoncés pour l’avenir. Les habitants ne doivent donc que prendre leur mal en patience, en attendant ces réalisations. En fait, le décor est frappant. Les allées des différentes cités, si elles existent et si elles sont goudronnées, sont défoncées. Sinon, des ruelles pataugent encore dans la boue. Des marres d’eau sont partout… et point d’espaces verts. « On n’a rien ici !» dira un autre locataire. A vrai dire, Tamda, en attendant peut-être des jours meilleurs, n’est, au jour d’aujourd’hui, qu’une cité dortoir. Cela étant dit, le souci des quelques étudiants apostrophés, est relatif au volet sécuritaire. Ces étudiants rappellent qu’ils ont initié plusieurs actions de protestation, l’année dernière et celle d’avant, pour réclamer la sécurité mais en vain. Cette préoccupation est aussi partagée par les riverains et les résidents de Tamda, dont certains estiment qu’un climat d’insécurité y règne. « Un poste de police serait la moindre des choses pour sécuriser les lieux », estime, en effet, un locataire affirmant que Tamda dort tôt, notamment en cette saison hivernale. « Certes, aucun fait majeur, dans ce volet, n’a été enregistré jusque-là mais toujours est-il que la présence d’un corps de sécurité serait rassurant », indique un autre citoyen qui affirme, lui aussi, que tous les commerces de la cité baissent rideau dès le crépuscule, pour une raison ou une autre. Quoi qu’il en soit, Tamda rêve toujours de lendemains plus attractifs. En tous cas, l’image décrite par les responsables pour ce centre urbain ne s’est pas encore concrétisée.  Faire de Tamda un centre urbain par excellence est toujours conjugué au futur. Au présent, Tamda n’est qu’une cité dortoir, sans plus !

M. O. B.

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