Plaidoyer pour un statut de parc national

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En collaboration avec la direction de l’environnement de la wilaya de Béjaïa, l’association bénévolat «Thiziri» de Ferhoune a organisé la 4e édition du Festival de l’Akfadou les 23, 24 et 25 de ce mois de juillet 2015.

Fidèle à son engagement indéfectible vis-à-vis de l’environnement, les membres de ladite association tentent tant bien que mal d’alerter les pouvoirs publics quant à l’urgence de hisser la majestueuse forêt de l’Akfadou au rang de parc national.

Comme à son habitude, l’enceinte de l’école primaire sise à Thiniri, chef-lieu de la commune d’Akfadou, a abrité une ribambelle d’activités qu’ont concoctées les organisateurs du festival. Le programme de ce dernier s’est étalé sur trois jours avec un riche programme à la clé. Des artistes-peintres, bijoutiers, écrivains, sculpteurs ont pris part à cette manifestation dont une exposition permanente d’objets traditionnels est proposée aux visiteurs du festival. «Faire découvrir tout le talent de nos jeunes créateurs est primordial à nos yeux. Aussi, ces artistes racontent mieux que personne toute la richesse de dame nature», nous dira un membre de l’association «Thiziri».

Le volet culturel n’est pas en reste, car des conférenciers ont enrichi l’événement par leur savoir-faire et leur maîtrise du sujet du patrimoine forestier et culturel à la fois. La dégradation du patrimoine forestier est l’une des préoccupations de la population locale, et à sa tête l’association «Thiziri» qui lutte vaille que vaille pour promouvoir la richesse de cette forêt, de facto laissée à la merci des coups de haches et des scies électriques.

Au demeurant, des pièces de théâtre et autres rencontres poétiques ont subjugué davantage les invités et la population locale, venus en masse. Redoublant d’ingéniosité et de créativité les membres de l’association «Thiziri» ont pris la louable initiative d’organiser le concours du village le plus propre de la commune éponyme. Dans le souci de mieux vulgariser cette initiative, les organisateurs ont alerté des mois avant, l’ensemble des patelins quant à la nécessité de mener des campagnes de nettoyage et d’embellissement, respectivement dans chaque village. Une commission composée de jurys est chargée d’inspecter les villages participants pour en juger les efforts consentis en matière de salubrité.

«Ce sursaut d’orgueil se veut d’inciter et d’inculquer la culture de propreté dans l’esprit de nos villageois. La dégradation de l’environnement a atteint un seuil alarmant, à telle enseigne que tout un chacun se désengage de son écosystème. Il est de notre devoir de raviver cette flamme citoyenne par la mise en place de concours, même symbolique, afin de garder le charme édénique de nos bourgades», conclut un des organisateurs du festival. Et d’ajouter : «à travers ce concours du village le plus propre, nous aspirons accompagner les efforts accomplis par les citoyens dans le cadre des travaux d’utilité publique, Lxedma n tajmâat. Et par ricochet, renouveler derechef cette initiative pour mieux protéger notre environnement».

Les grandes lignes de ce vaste chantier ne sont pas encore mises sur les rails, car beaucoup reste à faire. Le poumon de la Kabylie doit faire l’objet d’une grande estime et d’attention et par les pouvoirs publics et par la population locale. Les coupes illicites de bois et les incendies ravageurs constituent une menace sérieuse pour la forêt de l’Akfadou, longtemps mythifiée et admirée par les villageois. «Il est grand temps de revoir la politique environnementale qui reste le parent pauvre des autorités algériennes», avoue sans ambages un conférencier.

La diversité floristique et faunique de la forêt de l’Akfadou est jugée par les spécialistes comme étant l’une des importantes aires que compte l’Algérie. Sa superficie dépassant les 16 000 hectares, soit 18 % de la chênaie caducifoliée d’Algérie. Les statistiques étayent ces arguments, car plus de 484 espèces et sous-espèces végétales représentent 16,50 % de la flore de l’Algérie du Nord. Ladite forêt se classe juste derrière le Djurdjura qui en représente 39 %. Autant d’atouts qui devraient alerter les pouvoirs publics pour introniser cette forêt en parc national.

Bachir Djaider

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