Au nom de l’herboristerie…

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Le charlatanisme semble avoir encore de beaux jours devant lui, au vu de la quiétude dont bénéficient ces «attitrés» qui l’exercent au grand jour.

Y a-t-il vraiment dans notre pays une réglementation en mesure de définir qui est herboriste et qui ne l’est pas ? Ce n’est pas facile de répondre. Car, il faudra le dire, que nos marchés sont devenus un terrain de prédilection à tout venant.

Avec la cherté des médicaments et la surmédiatisation de ces pratiques, les malades recourent aux soins par des plantes médicinales dont les vertus sont vantées par ces apprentis herboristes.

En effet, il suffit d’une virée dans les marchés hebdomadaires de la wilaya pour voir la réalité en face. Du marché de Tala Athmane, en passant par les Ouadhias ou encore Boghni et Draâ El-Mizan pour arriver jusqu’à Tizi-Gheniff, à l’extrême sud de la wilaya, c’est le même tapage à hautes décibels que diffusent ces herboristes venant pratiquement de toutes les wilayas du pays.

Ils activent sans être inquiétés, en proposant des mélanges hétéroclites de plantes en vantant leur vertu, allant jusqu’à faire des démonstrations sur place en invitant les badauds à goûter à leurs «remèdes».

Le comble est qu’ils affirment réussir là où la médecine peine à avancer pour berner ces patients. Car, ils disent à qui veut les entendre, «qu’une poignée de ces plantes réussit à guérir le diabète, la tension artérielle, l’arthrose et d’autres maladies incurables».

Au marché de Tala Athmane, muni d’un mégaphone, l’un d’eux n’hésite pas à crier sur un ton rassurant et affirmatif : «Je ne suis pas de ceux qui volent les gens. C’est un don de Dieu. Approchez et prenez une cuillère de cette solution, vos calculs rénaux vont tomber ici même», tout en enveloppant ces paroles de versets coraniques qui sans doute pour mieux asseoir leur foi chez leurs potentiels clients.

À défaut d’autres solutions, ces derniers se bousculent devant ce «guérisseur», s’il convient de le nommer ainsi. Le même herboriste de «grande notoriété» ne cache pas à communiquer son adresse et même son numéro de téléphone. Une preuve supplémentaire pour les soudoyer. La prolifération de ces herboristes gagne de plus en plus d’espaces, à telle enseigne que certains d’eux ont ouvert des cabinets de consultations et des boutiques qu’ils désignent comme étant «la santé par les plantes, l’alternative».

Certes, les personnes atteintes de ces maladies chroniques suivent des traitements chez leurs médecins, mais il faut dire que ces «charlatans» les séduisent encore plus. Il est attendu que des sorties inopinées des services concernés du contrôle doivent être initiées au moment où notre pays, comme d’autres, fait face à un problème de santé publique à cause de plusieurs facteurs, tels la sédentarité, le manque d’hygiène de vie ou encore la malbouffe.

Car, il y va quand même de vies humaines menacées par de tels remèdes mal préparés et dont les composants ne sont pas vérifiés s’ils sont nocifs. Les soins par plantes médicinales sont utilisés depuis la nuit des temps, souvent prodigués par des vieilles, mais le charlatanisme et la recherche du gain facile priment pour ces « herboristes » même s’ils n’ont aucune connaissance de ces plantes miraculeuses.

Quant aux prix de ces potions «magiques», ils sont excessivement chers quand on entend parler d’une dose de quelques milligrammes d’une poudre hétéroclite vendue jusqu’à mille dinars, voire plus. Par ailleurs, l’autre phénomène dont on parle beaucoup est la «roquia». Dans ce domaine, nombreux sont ceux qui se sont autoproclamés «roquat» (pluriel de raqui).

Devant ces phénomènes qui avancent à pas de loup dans notre société, n’est-il pas encore temps de recadrer ce métier d’herboriste et lutter implacablement contre ces personnes sans scrupules qui profitent de la vulnérabilité de certains malades pour se remplir les poches ?

Amar Ouramdane

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