L’interview du P/APC de Tichy, parue dans une de nos précédentes éditions, a suscité la réaction d’un habitant de la cité. La voici in extenso
Dans les montagnes de nos pères, il fut un temps où les choses qui touchent à la vie du village, relevaient d’une concertation collective, de “Tadjmaâth”, véritable conseil des Sages qui pratiquaient alors ce qui fait les grandes nations d’aujourd’hui, à savoir la démocratie.
Bien mieux ; la démocratie participative, concept bien moderne, de ce côté-ci de la mer. En ces temps-là, à “Tadjmaâth” on s’inquiétait de l’avis des uns et des autres et des conséquences de son action, avant de décider et d’agir sur le destin collectif. Cela s’appelait et s’appelle encore, chez les êtres de raison, l’intérêt général.
Tichy, ville nationale et touristique adorée et convoitée par des millions d’estivants, qui a enchanté notre enfance et qui nous faisait parler des nuits durant, devant des amis de France, d’Allemagne, du Canada, du Liban et de Syrie… ce grand village, mon cher ami, n’existera plus bientôt, il va définitivement disparaître. Car de ton village, on a fait une “quatre voies express”, une route ou comme le disait un des décideurs, directeur de je ne sais quoi, interrogé sur les règles d’urbanisme qui ont motivé leur geste dévastateur : “l’urbanisme ?…Ah ! Non ! Nous, on fait le goudron ! On fait la route !” Ce qui est grave encore, c’est que la Direction du tourisme de notre wilaya est mise à l’écart.
“Cela ne nous regarde pas directement. C’est un projet sectoriel”. Dire que ce dernier a approuvé le tracé de la route en portant deux réserves (P.V de réunion du 24/03.2004 avec la DTP). Quel est donc ce secteur duquel vous serez exclu Monsieur le maire au point de vous voir impuissant, (indifférent pensent certains), se défigurer votre ville et compromettre son avenir et son développement futur, tant sur le plan urbanistique, économique et social, que touristique et écologique ?
Ainsi, depuis des mois, bulldozers et marteaux piqueurs creusent, défoncent, arrachent des arbres centenaires, éventrent des canalisations, détruisent des clôtures qu’on venait juste de construire, dévastent le réseau du téléphone, du gaz, de l’eau potable pour un projet… sectoriel ! La RN 9, doit passer de 2 à 4 voies et le village est en train de vivre un véritable “viol” sur le plan urbanistique, le désastre c’est qu’on ne voit rien venir, des travaux interminables, une lenteur hors pair, des tracés qui changent du jour au lendemain.
Monsieur le maire et son équipe admirent leur ville éventrée depuis la salle de l’Assemblée Populaire Communale.
Il faut avoir du courage et une force de caractère phénoménal pour assister impuissant à la mort de sa ville si longtemps choyée et défendue par ses enfants. Il est vrai, que ces assemblées sont tout, sauf des “Tadjmaâth”.
A. Zaidi