Réhabiliter la culture populaire

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C’est avec satisfaction que les amoureux de la poterie berbère ont appris (La Dépêche de Kabylie du 19 janvier) le relancement du projet de création d’une maison de la poterie à Maâtkas. En fait, le projet est ancien et une maison a été édifiée dans ce sens, mais celle-ci a été détournée de sa destination première : elle a été, en effet, affectée à la DGSN qui y a installé un commissariat. C’était en pleine période terroriste et personne, y compris la population locale, n’a contesté ce choix. La sécurité des personnes et des biens passe avant la poterie, elle passe même avant tout. Aujourd’hui, le projet d’une maison de la poterie est relancé, avec, selon les élus de la région, des chances de réussir. Cependant, il n’est pas sûr que la fête de la poterie ait lieu, à cause justement des impératifs de sécurité. Ce serait dommage de rater le rendez-vous, car la poterie est l’une des activités traditionnelles la plus populaire. C’est aussi celle qui a fait l’objet de plus d’études, celle de Maâtkas, en particulier : elle aurait intéressé les plus grands anthropologues et spécialistes des arts populaires, de Gabriel Camps à Jean Baptiste Moreau. Le travail de recensement des formes, des coloris et surtout des symboles reste à faire. Il est d’ailleurs étonnant que les étudiants des différents instituts ne se soient pas intéressés jusqu’à présent à ce riche patrimoine national. Une maison de la poterie pourrait servir non seulement de musée de la poterie mais aussi de bibliothèque, de centre de recherches régional et national pour ce type d’art et d’autres arts annexes, comme l’ébénisterie ou la tapisserie. Ce serait aussi, pour la région très enclavée, un moyen d’attirer les visiteurs, et, pourquoi pas, les touristes.

S. Aït Larba

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