Le village sort de l’oubli

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Pendant quelques jours, le village de Tachouaft a laissé toute l’image du village fantôme, enclavé et fui par la majorité de ses habitants pour prendre un peu de couleur.

En effet, c’est à l’initiative de l’association socioculturelle locale, et à l’occasion de la célébration du 46e anniversaire de la fête de l’Indépendance et du 50ème anniversaire du décès du chahid Oualam Seddik qu’un grand festival a eu lieu à Tachouaft sous la tutelle du président de la commune. Plus de 80 drapeaux nationaux sont implantés tout au long de la route traversant le village.

Sur les multiples banderoles on peut voir des inscriptions souhaitant la bienvenue aux visiteurs et des versets coraniques et citations valorisant tous les martyrs de la Révolution nationale.

La route poussiéreuse nouvellement nivelée pour l’occasion n’a pas gêné les foules de visiteurs qui arrivèrent au village afin de partager avec tous les habitants des moments forts en émotion.

Durant les trois jours qu’a durée la commutation, plusieurs clubs sportifs et associations ont participé à l’événement.

Le deuxième jour a été marquée par la visite d’une délégation composée du chef de daïra de Seddouk qui a inauguré une antenne de la mairie au village et d’un grand nombre de présidents d’APC, de la famille révolutionnaire et des clubs participant à l’événement.

L’histoire de la guerre révisité

A l’exposition organisée à l’école primaire Ben Meziane Abdallah où se sont déroulées toutes les activités, on remarque environ 130 grands portraits de soldats et officiers de l’ALN qui sont tous des fils de la région tombés au champ d’honneur pendant la guerre de Libération nationale.

Des photographies réelles montrant les martyrs en tenues de combats portant leurs armes et au regard pétillant.

On peut trouver aussi plus de 80 biographies de chahids, des débris d’avions, de bombes, de fusils, les cartouches, des billets d’argents, des copies de journaux et même une carte d’électeur et une carte d’identité et qui datent tous de la période coloniale. Toutefois, ce qui a attiré encore notre attention c’est un carnet de notes signé Ben Atsou Salem : il s’agit du secrétaire général de Oualam Seddik (le chef de la région d’Ath Aidel), tombé au champ d’honneur. Les maquisards ont récupéré sur celui-ci son carnet qui garde encore quelques taches de sang de son propriétaire.

Rédigé de sa propre main en français et avec une écriture bien soignée, sur le carnet ont été notées toutes les provisions en mazouts, semoule, huile et d’autres matières, mentionnant les quantités et les prix.

Ce sont des provisions destinées à l’ALN mais aussi aux citoyens du village épuisés par les embargos et les bombardements. A noter que le village de Tachouaft compte 87 martyrs. 11 d’entre eux ont été tués le premier jour de la rentrée des forces de l’armée française au village le 28 Février 1956. Refusant de se soumettre et continuant d’accueillir les maquisards et de leur fournir les aides nécessaires, il a été l’objet de plusieurs bombardements.

Tachouaft, ce village au 87 martyrs

Comme il a été le théâtre de plusieurs affrontements entre les unités de l’ALN et les forces de l’armée française. Entre autres, les batailles de Touchadine, Ouin Larbi, Zinkouche, Bchir et Ighil Nzqa. Toutefois, la plus importante est la bataille d’Ighil Nzqa où 76 membres de l’ALN sont tombés au champ d’honneur suite à un accrochage avec les forces coloniales qui se sont mobilisées en force en ramenant des renforts de tous les postes militaires de la région et même de Sétif et Bordj Bou Arréridj.

Les festivités ont été clôturées vendredi dernier avec un gala artistique qui a été l’occasion pour récompenser les meilleurs élèves de l’école primaire de Tachouaft, une occasion aussi au directeur de l’école de présenter les performances réalisées notamment à l’épreuve de 6e.

Des prix spéciaux ont été distribués aussi aux personnes qui ont participé à la réussite du festival et d’autres aux lauréats des différentes compétitions organisées dans le même cadre. L’Association socioculturelle de Tachouaft a dressé un bilan très positif sur le déroulement du festival.“Cependant, elle songe déjà aux problèmes dont souffre le village, notamment la dégradation de la route menant au village et l’absence de structures pour accueillir les jeunes qui constituent la grande partie de la population”, nous a dit Ben Meziane Makhlouf, le président de l’association.

M. C. Aït Meziane

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