Sensibilisation contre le tabac

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Les méfaits du tabac ont été mis en exergue sur des planches, et les visiteurs se sont vus remettre deux prospectus thématiques pour une lecture a tête reposée. On apprend que le fumeur inhale pas moins de 4000 produits, dont les plus toxiques sont entre autres la nicotine. Cette drogue est la cause de la dépendance et atteint le cerveau en à peine 7 secondes, en provoquant des effets stimulants sur le rythme cardiaque, la tension artérielle. Elle resserre les vaisseaux sanguins, gênant donc la circulation du sang. Il y’a d’autres produits nocifs dans la cigarette, notamment le benzène, substance très toxique, le formaldéhyde; accusé d’être à l’origine des cancers liés au tabac… Le tabagisme passif est également un fléau du fait qu’il touche même les personnes qui ne fument pas mais en subissent toutes les retombées négatives. Les enfants de parents fumeurs sont particulièrement exposés au danger.

On peut aussi évaluer son degré de dépendance en répondant à 8 questions sur la fréquence, la manière de fumer, les périodes… A Larbaâ Nath Irathen, le tabac s’est effectivement répandu très largement parmi la jeunesse et on fume de plus en plus jeune. Les campagnes anti tabac, menées par l’Etat, ou des associations, sont certes méritoires, mais leur effet reste limité sur les franges les plus jeunes de la population. En fait, la majorité de ceux qui décident d’arrêter la cigarette ont déjà à leur actif des dizaines d’années de tabagisme, et c’est en général sur injonction ferme de leur médecin, après constat du délabrement physique ou l’imminence d’une aggravation mortelle de la maladie, que la peur prend le pas sur l’accoutumance. Et le fumeur devient alors le sujet d’une lutte intérieure terrible, couronnée souvent de victoire et de délivrance, mais quelquefois de rechutes désespérées. Les jeunes qui ne ressentant pas encore, du moins pas assez, les effets néfastes de la fumée sur leur santé, continuent dans l’insouciance à s’intoxiquer à petit feu.

Si les campagnes de sensibilisation ont un effet très limité, c’est qu’elles ne prennent pas suffisamment en compte les éléments déclencheurs, qui sont diffus dans la réalité sociale. On citera bien le besoin de se valoriser et d’acquérir cette pseudo virilité d’apparat que procure le mégot aux lèvres. Les archétypes de héros sans peur et sans reproche et au cigare indécollable, n’ont pas fini de faire des ravages dans notre psychisme. Mais l’absence de loisirs est en elle-même la source de bien des maux. A Larbaâ Nath Irathen, les deux cinémas sont fermes depuis belle lurette. Presque aucun village ne possède de stade, même les aires de jeu, substituts hâtifs à de vraies infrastructures sportives, ont disparu. Il n’y a aucune piscine municipale dans toute la daïra. Il n’y a pas d’activité soutenue, organisée, en matière de musique, de théâtre, de peinture… Seuls les cybercafés offrent des moments d’évasion et de rêves virtuels…

Et n’oublions pas que derrière le tabac qui prospère, visible et assumé, sur l’humus des désillusions juvéniles, la drogue rampe en silence.

Amarouche

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