C’est un village qui a été déserté par ses habitants vers le début des années 1990, à cause des incursions effectuées par des terroristes islamistes. Il s’agit du village Illougane, situé à près de 30 km du chef-lieu d’Ighil Ali. Isolés et complètement enclavés, les villageois, qui ont subi les descentes des terroristes islamistes sans loi ni foi, abandonnèrent leurs terres, pour s’établir sous d’autres cieux, à l’image d’Ighil Ali, Akbou, Oran… Actuellement, aucune âme n’y vive. Livré aux quatre vents, ce patelin est pourtant doté d’un panorama et d’une beauté féeriques, étant donné qu’il domine des sites enchanteurs composés de cimes abruptes, de pineraies à perte de vue et précipices vertigineux. Depuis cette belle bourgade, l’on peut dominer tout l’arrière-pays de la vallée de la Soummam en sus du versant méridional du Djurdjura. L’on peut, également, apprécier la beauté édénique de ce village à partir d’autre village, au panorama tout aussi, époustouflant : El Kelaâ. Néanmoins, en dépit de tout, les anciens habitants ne coupent pas le « cordon ombilical » qui les lie au village de leurs ancêtres. Oui, le village qui les a vus naître, prospérer, jouer et gambader partout. La nostalgie, le besoin d’espace et la nécessité de s’enquérir des biens laissés derrière eux (terres, maisons, arbres fruitiers…) poussent quelques habitants à y rappliquer le temps des vacances d’été. Même si elles sont comptées sur les doigts d’une seule main, les anciennes familles, qui retrouvent momentanément le village, ne regrettent pas ce saut vers « Taddart », comme est appelé communément ce village haut perché. Les jours qu’elles y passent resteront sûrement gravés dans leur mémoire, car elles se délectent de tous les fruits de saison que le village offre, comme les figues, les raisins, les amandes, les mûres… Les arbres produisent encore tous ces fruits, même s’ils ne sont pas entretenus. Les sources d’eau, giclant des entrailles des montagnes entourant cette bourgade, sont aussi revisitées par les quelques habitants qui se désaltèrent à leur eau fraîche. Comme des ombres furtives, ces « revenants » hantent les ruelles étroites de ce village qui garde encore ses vieilles maisons traditionnelles. Un musée à ciel ouvert somme toute. Il aurait bien servi d’un petit village touristique, à l’image de celui de Djebla, dans la commune de Béni Ksila, s’il avait été pris en charge, réhabilité et doté d’une structure d’accueil, pour recevoir les touristes nationaux et éventuellement étrangers. Car, Illougane est un village panoramique et ensorcelant à plus d’un titre.
Syphax Y.